Le président du Bénin, Boni Yayi, a été officiellement déclaré vendredi vainqueur dès le premier tour de la présidentielle de la semaine dernière, un résultat contesté par l'opposition.
Il a obtenu plus de 53% des voix contre 35% à son principal adversaire, Adrien Houngbedji, a dit le chef de la commission électorale Joseph Gnonlonfoun.
Quatorze candidats étaient en lice à l'élection qui s'était finalement tenue dimanche après avoir été reportée deux fois en raison d'un conflit sur les listes électorales.
Les résultats officiels doivent encore être approuvés par la cour constitutionnelle pour être définitifs mais, avant même leur annonce, ils ont été contestés.
Des partisans de l'opposition membres de la commission électorale ont physiquement tenté d'empêcher M. Gnonlonfoun de proclamer les résultats vendredi soir, au risque de provoquer une crise dans une région déjà secouée par les violences post-électorales en Côte d'Ivoire.
Des cris et des bousculades se sont produits avant que la police n'arrive sur les lieux.
"Nous ne reconnaissons pas les résultats qu'il (le président de la commission) veut annoncer. Gnonlonfoun et sa bande veulent simplement mettre le pays à feu et à sang", a déclaré Edouard Aho, membre de la commission pro-opposition.
M. Gnonlonfoun a assuré de son côté qu'"en masse notre peuple s'est exprimé. Il nous a délivré un message de paix, celui du courage, de la foi en l'avenir".
Le camp du président Yayi, dont le mandat s'achève le 6 avril, s'était proclamé vainqueur dès mardi, affirmant un second tour inutile.
M. Houngbedji avait assuré de son côté être arrivé en tête et affirmé que des fraudes s'étaient produites lors du vote.
En visite à Cotonou vendredi, le président nigérian Goodluck Jonathan a déclaré que son pays n'accepterait pas un conflit post-électoral chez son voisin béninois au moment où la Côte d'Ivoire se trouve au bord de la guerre civile avec deux présidents proclamés élus.
"Le Nigeria n'acceptera jamais un conflit post-électoral à ses frontières", a dit le président Jonathan après une rencontre avec le président béninois.
M. Jonathan, qui exerce la présidence de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao), a demandé que tout contentieux soit règlé par les canaux officiels.
Des résultats non officiels partiels publiés lundi dans la presse indiquaient que le Bénin, ancienne colonie française, paraissait s'acheminer vers un deuxième tour entre MM. Yayi et Houngbedji.
Adrien Houngbedji est un avocat de 69 ans qui convoite la présidence depuis vingt ans. Il affronte le président Yayi, qui brigue un second quinquennat à 58 ans après un mandat marqué par des scandales financiers.
Le Bénin testait pour la première fois un processus d'inscription en ligne. L'opposition avait déclaré que plus d'un million d'habitants avaient été tenus à l'écart du scrutin, un chiffre contesté.
Des dysfonctionnements avaient aussi marqué les opérations de vote.
L'organisation régionale Cédéao a dénoncé "l'insuffisance notoire des bulletins de vote dans certains centres ainsi que les différences dans l'interprétation de certaines règles et procédures".
Mais elle a salué "le bon déroulement du processus de dépouillement et de décompte des voix".
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a noté "le déroulement dans le calme et de façon ordonnée" de l?élection, qualifiée de "libre et transparente" par l'Union africaine. - AFP