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«Médias guinéens face aux défis du changement»

Mar 19, 2011

Du 16 au 18 mars, au Novotel de Conakry, s’est tenu un colloque sur le thème: « Médias guinéens face aux défis du changement.» La rencontre organisée par le CNC (Conseil national de la communication), a été financée par l’ARPT (Autorité de régulation des postes et télécommunications), le PAC, (Port autonome de Conakry), les sociétés de téléphonie mobile : Sotelgui, Intercel.

L’objectif était de produire un Code de bonne conduite pour tous les participants que sont: les cadres de la justice, les agents des forces de défense et de sécurité, les acteurs politiques et de la société civile ainsi que les professionnels des médias, (journalistes et patrons de presse). Il ressort qu’il y a des enjeux tant pour les médias que pour les acteurs de la démocratisation du pays. Notamment des médias qui ont la nécessité, selon la Présidente du CNC, Mme Martine Condé, de renforcer le partenariat, de prendre conscience de l’importance de leur rôle, ainsi que pour adopter un «code de conduite permettant de limiter les dérapages.» Pour un dialogue constructif entre tous les journalistes et les autres acteurs clés de la Guinée, a déclaré la Présidente du CNC dans son mot de bienvenue: «Autant la vocation première de tout organe de presse est de servir son public, autant la mission première des instances de régulation de l’information et de la communication, semble être, d’encadrer et d’accompagner les médias dans leurs actions en faveur du pluralisme politique, de l’éveil des consciences et de l’émergence d’une citoyenneté active et responsable, paramètres sans lesquels la démocratie ne serait qu’un vain mot.» Car le CNC, après une vingtaine d’années de vie, devra faire face aux nombreux défis, du fait de la transfiguration du paysage médiatique guinéen.

Le Premier ministre, Mohamed Saïd Fofana a ouvert le colloque. Il pense que le thème est une invite à la responsabilisation de chacun des acteurs évoluant dans les différents secteurs de l’information et de la communication. Le PM a aussi souligné : «En tant qu’homme de la parole, de la plume et de la caméra, du nagra et du dictaphone, vous devez faire du respect de la déontologie et de l’éthique, un sacerdoce, par respect pour les consommateurs des contenus de vos productions. Des contenus devant se caractériser par l’objectivité, l’impartialité, le recoupement, bref un traitement responsable de l’information.» Il dit ne pas apprendre aux hommes des médias ce qu’ils doivent faire, mais au regard du thème, il estime qu’ils sont interpellés à «se remettre en question, par rapport au changement.»

Les débats ont porté sur cinq sous-thèmes: connaissance de la mission du CNC, rôle de la justice dans le renforcement de la liberté de la presse et de l’Etat de droit, relations entre les Forces de défense et de sécurité et les médias, médias face aux défis du changement et qu’attendent les partis politiques et la société civile des médias?

S’agissant du premier thème, il a été rappelé les missions du CNC dont la protection. Elle permet à l’instance de régulation des médias, entre autres, de défendre le droit du citoyen à l’information, de protéger les médias des services publics contre un contrôle abusif par le gouvernement, contre la manipulation par quiconque de l’opinion publique par les médias, de protéger les journalistes contre les menaces et entraves dans l’exercice de leurs fonctions. Le CNC a, par contre, le pouvoir de sanction et d’élaboration de rapports. Des sanctions pouvant passer par l’avertissement, la mise en demeure ou la suspension à temps.

Quant au deuxième sous-thème, la loi L/002/2010 du CNT portant sur la liberté de la presse, les panélistes ont surtout parlé des «exigences liées à l’exercice de profession de journaliste : publication d’informations étayées de preuves et ne contribuant pas au trouble à l’ordre public, à l’incitation de la haine raciale, ethnique ou religieuse.» Parlant des acquis face à la nouvelle loi sur la liberté de la presse relatifs à la dépénalisation des délits de presse, les participants ont précisé: «Si la dépénalisation partielle des délits de presse constitue un acquis de la nouvelle loi, cette disposition n’immunise pas pour autant les journalistes face aux délits de droit commun, aux atteintes à la personnalité des individus qui pourraient exiger des dommages et intérêts. Bref il n’y a pas de tribunal spécifique à la presse.»
Du troisième sous-thème. Un constat: en dépit de la difficile cohabitation qui a toujours marqué les relations entre les hommes de médias et les forces de défense et de sécurité, ces deux entités ont mutuellement besoin l’une de l’autre.» L’on sait que la grande bavarde que sont les médias, collecte l’information pour la diffuser et les corps habillés en font autant, mais pour réunir «des preuves dans les enquêtes judiciaires ou données confidentielles, entrant dans le cadre de la sécurité nationale. »

Du quatrième sous-thème, il ressort qu’il y a un dénominateur commun aux médias publics et privés. Il s’agit du respect de l’éthique et de la déontologie. La seule nuance entre eux, le mode de gestion.
S’agissant du dernier sous-thème, les participants ont tancé les médias en ces termes : «Si les médias publics ont profité de l’ouverture politique consécutive aux accords de Ouagadougou de janvier 2010, il est à déplorer que depuis l’élection présidentielle qui a consacré la victoire du nouveau Président, la presse publique semble retomber dans l’autocensure qui ne saurait être le fait d’une quelconque pression ou instruction venu des autorités en place.»

Des faiblesses ont été également constatées pour chaque sous-thème, notamment sur la connaissance des missions du CNC. Le colloque mentionne qu’il y a une absence d’équité dans l’exercice du pouvoir de contrôle et de sanction entre les médias publics et privés, un manque de rigueur dans l’exercice du pouvoir de veille à l’endroit des médias, une concentration de l’essentiel des radios et organes de presse dans la seule zone de Conakry au détriment des préfectures de l’intérieur.

Quant au sous-thème relatif au rôle de la justice dans le renforcement de la liberté de la presse et de l’Etat de droit, l’état des lieux démontre qu’au niveau des journalistes, il y a méconnaissance et violation des lois régissant la liberté de la presse, des dérapages au niveau de la collecte, le traitement de l’information. Au niveau des magistrats, il y a méconnaissance de la loi sur la presse, une confusion entre la procédure pénale de droit commun et celle applicable aux journalistes en délit de presse, une méconnaissance de la nouvelle loi qui consacre la dépénalisation partielle des délits de presse. Excusez du peu !

Quelques recommandations. Instauration d’une caution pour l’attribution des cartes professionnelles, création d’une cellule de communication et d’information au niveau de la Justice à l’intention des journalistes. Pour les forces de défense et de sécurité, accepter la levée de l’obligation de réserves sur certaines informations, donner des instructions de sécurité à suivre par les journalistes en reportage pendant les périodes de crise, interdire formellement l’arrestation des journalistes ou de faire des descentes musclées dans les locaux des organes de presse sans l’accord express du CNC ou de la Justice. Pour les médias, se munir des pièces d’identification, définir l’objet de la mission, accroître la vigilance, respecter l’éthique et la déontologie du métier. Pour le CNC, faciliter l’identification des journalistes professionnels des médias publics et privés, leur exiger le port obligatoire des cartes délivrées par l’institution.

S’agissant des recommandations liées au thème principal, il est recommandé aux journalistes l’arrêt des «reportages à sens unique qui sont devenus des tribunes pour la promotion de l’inquisition, la spécialisation des journalistes à travers des formations adaptées, la maîtrise de la procédure de recrutement dans les organes de presse sur la base de critères bien établis avec élaboration de contrats de travail, promotion de la paix.»

Il est également recommandé aux entreprises de presse le recrutement exclusif de journalistes sortis d’écoles de journalisme ou exiger la remise à niveau des journalistes en activité.

AfricaLog.com

 

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