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Les rivaux pro-Gbagbo et pro-Ouattara critiquent l’ONU

Mar 22, 2011

La Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci), forte de 10.000 hommes, se trouvait mardi sous le feu des critiques des deux camps rivaux de la crise post-électorale: le camp d'Alassane Ouattara lui demandant de "passer à l'action" et son rival exigeant son départ du pays.

L'ONU a lancé mardi un appel de fonds urgent pour la Côte d'Ivoire, estimant "inacceptable" d'avoir reçu si peu d'argent alors que la situation ne cesse de se détériorer.

Les violences post-électorales entre les combattants pro-Ouattara et les militaires fidèles au président sortant Laurent Gbagbo qui ont déjà fait près de 440 morts selon l'ONU, seront au centre des discussions d'un sommet des chefs d'Etat, mercredi et jeudi à Abuja, des pays de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays).

"L'Onuci fait, en fonction de son mandat et de ses ressources actuelles et à venir, tout ce qu'elle peut pour protéger les populations. Toutes les ressources de l'Onuci sont consacrées à ce travail", a indiqué mardi à l'AFP le porte-parole de l'Onuci, Hamadoun Touré.

"La situation est inconfortable", a-t-il admis. "Elle montre que chaque camp veut avoir l'Onuci de son côté" mais "notre impartialité militaire est de rigueur", a-t-il affirmé.

Il réagissait aux critiques ces derniers jours -les plus virulentes depuis le début de la crise- du camp d'Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale après le scrutin présidentiel contesté du 28 novembre dont les résultats ont été certifiés par les Nations unies.

Le camp Ouattara exhorte l'Onuci à "passer à l'action", à "user de la force légitime" pour protéger les populations civiles prises dans les violences.

L'Onuci est dans le même temps sous le feu des critiques du camp Gbagbo qui exige son départ immédiat, la désignant comme un "ennemi de la Côte d'Ivoire" qu'il accuse de partialité.

"Ce n'est pas Ouattara" mais l'ONU "qui nous mène la guerre", a encore lancé samedi Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes", partisans de M. Gbagbo.

Chaque jour, la Radio télévision ivoirienne (RTI) tire à boulets rouges sur la mission onusienne l'accusant de tuer des civils, de transporter les "rebelles" ou de se livrer à des trafics d'armes, en détaillant la nationalité des contingents africains qui la composent.

L'Onuci avertit régulièrement "ceux qui inventent des histoires de haine et les propagent" que leurs actes constituent des "crimes de guerre", passibles de la justice internationale.

"L'ONU est vraiment prise entre le marteau et l'enclume (mais) ils ont l'Union africaine et la Cédéao derrière eux", a indiqué à l'AFP David Zounmenoun, spécialiste de la Côte d'Ivoire à l'Institute for Security Studies (ISS) en Afrique du Sud.

"Ils doivent voir comment consolider leur présence. Sinon, nous serons dans la même situation qu'au Rwanda (où un génocide a fait 800.000 morts) en 1994.... Si l'ONU reste sans rien faire, nous aurons davantage de victimes", a-t-il averti.

Mais pour le porte-parole de l'Onuci, "il faut dissocier le maintien de la paix et l'imposition de la paix", la dernière option intervenant seulement "dans une situation de faillite généralisée des institutions et de massacres de populations civiles à une grande échelle par des groupes armés".

"En Côte d'Ivoire, on est dans le maintien de la paix" et seul le Conseil de sécurité de l'ONU peut modifier le mandat actuel, a précisé M. Touré.

La dernière mission d'imposition de la paix de l'ONU remonte au début des années 90 en Somalie. Elle s'est soldée par un échec. - AFP

 

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