Les rebelles font reculer les pro-Kadhafi
Mar 27, 2011
Les insurgés libyens appuyés par l'aviation de la coalition occidentale ont repris samedi après une nuit de violents combat la ville stratégique d'Ajdabiah, dans l'est du pays, forçant les troupes gouvernementales à se replier sur le port de Brega.
Dans l'Ouest, les avions alliés sont également intervenus contre les forces kadhafistes qui assiègent la ville de Misrata mais les rebelles ont ensuite fait état d'une nouvelle attaque des loyalistes menée de l'est et de l'ouest de la ville, accompagnée de violents tirs d'artillerie et de blindés.
A Ajdabiah, un porte-parole des insurgés a annoncé en fin d'après-midi que les troupes rebelles à la poursuite des gouvernementaux avaient déjà atteint les faubourgs de Brega, à 70 km.
Les rebelles ont fêté leur victoire à Ajdabiah en dansant sur les chars, brandissant le drapeau rouge-noir-vert devant des bâtiments portant les stigmates des combats. Près de l'entrée Est de la ville, une demi-douzaine de chars détruits sont immobilisés et le sol est jonché de caisses de munitions vides.
A la porte Ouest, de furieux affrontements se sont également déroulés et les corps en décomposition d'une dizaine de soldats gouvernementaux gisent sur le sol. Un camion chargé de munitions a été abandonné, signe de la retraite précipitée des forces loyalistes.
"Nous avons totalement libéré Ajdabiah et la route de Brega est maintenant ouverte", s'enthousiasme Faradj Djoeli, un étudiant en informatique de 20 ans aujourd'hui combattant de la révolution. "Merci la Grande-Bretagne, merci la France, merci l'Amérique!", lançait un autre.
La reprise d'Ajdabiah devrait redonner le moral aux insurgés, qui étaient sur la défensive après la contre-attaque des kadhafistes mais peuvent aujourd'hui reprendre leur marche vers l'ouest grâce à l'appui des avions occidentaux.
SNIPERS À MISRATA
Un correspondant de Reuters présent à Ajdabiah a souligné que les raids aériens menés vendredi après-midi par la coalition avaient été décisifs pour l'issue des combats.
Près de Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, des avions de la coalition ont également bombardé samedi des positions des forces loyales à Kadhafi. Misrata est la dernière ville d'importance tenue par les rebelles dans l'ouest de la Libye.
Un dépôt de munitions figure parmi les cibles touchées, et les tirs de l'artillerie et des chars kadhafistes ont baissé d'intensité après ces raids, a dit un porte-parole des rebelles.
En fin d'après-midi, toutefois, les insurgés ont annoncé une nouvelle attaque des kadhafistes, lancée de l'est et de l'ouest de la ville avec l'appui de l'artillerie.
Le bilan des combats pour la semaine écoulée à Misrata serait de 115 morts, selon un habitant de la ville. "Les hommes de Kadhafi contrôlent toujours les portes Est et Ouest de la ville. Des snipers continuent de viser des civils. Ils sont retranchés sur les terrasses de bâtiments dans le centre de la ville", a-t-il ajouté.
Un porte-parole des rebelles à Benghazi a affirmé que les bombardements gouvernementaux avaient fait deux morts et six blessés parmi les civils dans la matinée.
Lors de son allocution radiophonique hebdomadaire, le président américain Barack Obama a assuré que la mission militaire en Libye était claire, ciblée et limitée et qu'elle avait permis de sauver la vie "d'innombrables civils".
Il a affirmé que les défenses anti-aériennes libyennes avaient été anéanties et que les forces de Kadhafi ne progressaient plus.
"Donc, ne vous y trompez pas, parce que nous avons agi rapidement, une catastrophe humanitaire a pu être évitée et d'innombrables citoyens, hommes, femmes et d'enfants innocents, ont pu être sauvés", a dit le chef de la Maison blanche.
Le président américain prononcera lundi à 19h30 (23h30 GMT) une allocution consacrée à la Libye.
"FACE AUX COLONIALISTES ET AUX CROISÉS"
A Tripoli, des explosions ont été entendues tôt samedi matin. Ni le "Guide" ni ses fils n'ont été vus à la télévision depuis le discours de mercredi dernier à la caserne Bab el Azizia.
Mais le dirigeant libyen a accordé des promotions à tous les membres de son armée et de la police "pour leur héroïque et courageux combat face à l'assaut des colonialistes et des croisés".
L'Union africaine a fait savoir qu'elle voulait faciliter les discussions en vue de mettre fin aux combats mais l'Otan n'a pas exclu que les opérations militaires durent encore trois mois, la France parlant quant à elle de semaines.
Le commandant du volet français de l'opération alliée, l'amiral Philippe Coindreau, a déclaré que la zone d'exclusion aérienne en Libye à présent établie, les forces de la coalition se concentraient sur les autres menaces que Kadhafi fait peser sur sa population.
Une semaine après le début de l'opération "Harmattan", le commandant de la Task force 473 - comprenant l'ensemble du groupe aéronaval, porte-avions Charles-de-Gaulle compris - n'hésite pas à parler de "succès total". – Reuters
