Le président burkinabè Blaise Compaoré, confronté depuis une semaine à des mouvements de colère au sein de son armée, a annoncé mercredi qu'il allait "rencontrer" jeudi "les représentants des différentes composantes des forces armées".
"Dès demain (jeudi), je recevrai les représentants des différentes composantes de nos forces armées. En outre, je réaffirme ma disponibilité à rencontrer toutes les catégories sociales en vue d'échanger sur leurs préoccupations", a-t-il dit dans un discours à la Nation radio-télévisé.
"Ces derniers jours, des éléments des forces armées ont refusé de se soumettre à des décisions de justice, se sont emparés d'armes de guerre et de munitions pour terroriser les populations et se livrer à des actes de pillage", a-t-il ajouté.
"Ces comportements ne sauraient être tolérés dans un Etat de droit", a-t-il précisé.
AfricaLog.com vous livre en intégralité le discours du Président Blaise Compaoré
Depuis quelques semaines, des manifestations de rue ont touché des localités de notre pays et profondément perturbé la quiétude des populations, compromettant dangereusement la sécurité, la paix et la cohésion sociales.
Ces affrontements ont occasionné des pertes en vies humaines, la destruction d’édifices publics et privés et porté un sérieux coup aux efforts consentis pour bâtir les bases matérielles du progrès et assurer la sécurité des citoyens.
A toutes les familles endeuillées, j’adresse mes sincères condoléances et leur exprime ma compassion ainsi que ma profonde solidarité.
Je souhaite un prompt rétablissement aux blessés afin qu’ils puissent continuer d’apporter leur précieuse contribution au développement de notre nation.
Chers Compatriotes ;
Ces derniers jours, des éléments des Forces armées nationales, refusant de se soumettre à des décisions de justice, se sont emparés d’armes de guerre et de munitions pour terroriser les populations et se livrer à des actes de pillage. Ces contestations accompagnées de comportements qui portent atteinte à la dignité de la femme, ne sauraient être tolérées dans un Etat de droit. Elles nous interpellent tous sur la nécessité de mettre un terme à l’usage de la violence afin de préserver les acquis en matière de droits et de libertés au Burkina Faso.
Face à ces événements, le Gouvernement a entrepris des actions et mesures d’apaisement et mis en place un dispositif de soutien et de dédommagement financier des victimes.
Dans le même esprit, le commandement militaire a présenté ses excuses aux populations ainsi qu’à l’ensemble des acteurs du monde de la justice, un des piliers essentiels de l’Etat de droit.
Peuple du Burkina Faso ;
Les Forces armées nationales ont été bâties sur des valeurs de discipline, de courage, de loyauté à la République, de respect de la personne humaine, qui font la fierté de l’ensemble des Burkinabè.
Cet héritage transmis de génération en génération a forgé une âme à ce corps de métier et établi durablement un rapport de confiance entre l’Armée et la nation. Cependant, les comportements observés ces derniers temps chez certains éléments sont en inadéquation avec l’éthique militaire, les principes sacrés de la République et ternissent l’image des Forces de défense.
Chers Compatriotes ;
L’Etat de droit démocratique garantit des libertés aux citoyens, leur reconnait des droits mais exige d’eux des devoirs.
J’ai saisi le sens et la portée de la quête de bien-être, de vérité, de justice et de sécurité qui sous tendent certaines manifestations.
C’est pourquoi, au regard de la légitimité, de la responsabilité et de la confiance que vous m’avez toujours accordées, je veillerai à ce que justice soit rendue et prendrai des mesures vigoureuses pour la protection de l’ensemble des populations et la sécurisation des biens publics et privés.
En outre, je réaffirme ma disponibilité à rencontrer toutes les catégories sociales en vue d’échanger sur leurs préoccupations. Dès demain, je recevrai les différentes composantes de nos Forces armées.
Peuple du Burkina Faso ;
Le Gouvernement, avec l’appui des partenaires techniques et financiers, déploie de nombreux efforts pour assurer l’investissement public et notre devoir est d’en prendre soin au nom des générations futures.
Les nouvelles pratiques de revendication qui consistent à s’attaquer aux symboles de l’Etat, à détruire systématiquement les biens publics et privés, constituent une dénégation de la tradition de lutte qui a traversé les générations passées. Elles sont en contradiction avec les valeurs qui fondent l’unité et la cohésion de notre société.
J’en appelle à un sursaut de la part des forces politiques et sociales empreintes de patriotisme et de civisme, afin que le respect de la République et du patrimoine commun soit davantage enraciné.
C’est dans le but de promouvoir ces valeurs que j’ai invité l’ensemble des acteurs politiques à mûrir la réflexion sur les réformes indispensables à l’approfondissement de la démocratie, au raffermissement de notre système de gouvernance politique et institutionnelle. Les décisions consensuelles issues de ces concertations seront immédiatement appliquées pour conforter nos acquis.
C’est au prix d’un dialogue soutenu et apaisé que nous pourrons réussir les transformations escomptées, le renforcement de la démocratie et l’élévation du niveau de vie des Burkinabè.
Peuple du Burkina Faso ; Chers Compatriotes ;
Chaque fois que notre nation a été confrontée à une crise politique ou sociale majeure, nous avons toujours trouvé des hommes et des femmes de bonne volonté issus de toutes les confessions religieuses, des milieux coutumiers, des organisations de la société civile, du monde des opérateurs économiques et du secteur informel, qui se sont investis pour sa résolution et la consolidation de notre marche vers le progrès.
Cet engagement et cette disponibilité patriotique ont toujours permis au peuple burkinabè de résister victorieusement aux complots organisés pour l’aliénation de sa liberté et la négation de ses aspirations à l’édification d’un Burkina Faso fort, stable et respecté. J’ai foi en la capacité du peuple burkinabè à surmonter les difficultés qui apparaissent sur son parcours, pour affirmer davantage son attachement à la paix, à la démocratie et à la cohésion sociale.
Vive la République,
Vive le Burkina Faso,
Je vous remercie.
Ouagadougou, le 30 mars 2011