Quatre Kenyans ont porté plainte jeudi contre le gouvernement britannique pour torture et mauvais traitements pendant l'époque coloniale, lors de la répression de la révolte Mau Mau dans les années 50 et 60.
Selon leurs avocats, ces hommes âgés de plus de 70 ans ont subi à l'époque "des actes inqualifiables de torture et de mauvais traitements", y compris des violences sexuelles et castration.
Ils réclament des excuses de la Grande-Bretagne ainsi que l'ouverture d'un fond en faveur des victimes de la répression.
Le procès, qui doit durer deux semaines, pourrait faire jurisprudence pour le millier de Kenyans qui a subi la répression et qui est encore vivant.
"Il n'y a aucun doute que la torture était pratiquée couramment au Kenya avant l'indépendance" en 1963, a déclaré jeudi l'avocat Martyn Day.
Le procès est l'aboutissement de huit ans de bataille juridique. Wambugu Wa Nyingi, 83 ans, un des quatre plaignants qui ont fait le voyage avec Jane Muthoni, Paulo Nzili et Ndiku Mutua, a témoigné avoir été détenu neuf ans sans chef d'inculpation, contraint au travail forcé et battu quotidiennement.
"J'ai souffert de coups à la tête et aux jambes, j'ai des cicatrices pour avoir été battu par l'administration coloniale", a-t-il déclaré à l'AFP.
Membre du parti indépendantiste KAU (Kenyan African Union), il nie avoir rejoint l'insurrection Mau Mau, une société secrète dominée par les Kikuyus qui menait des actions violentes contre l'administration coloniale.
"Je veux la justice pour mourir en paix", a dit M. Nyingi. Les plaintes sont soutenues par le gouvernement kenyan.
La Grande-Bretagne a rendu publiques dans le cadre du procès 2.000 boites de documents secrets de ses anciennes colonies, dont une trentaine sur la rebellion Mau Mau.
Le procès pourrait ouvrir la voie à d'autres contentieux contre l'administration coloniale britannique, au Nigeria, à Chypre ou en Palestine.
La répression brutale de la rébellion Mau Mau entre 1952 et 1960 a fait plus de 10.000 morts, et des dizaines de milliers de personnes ont été emprisonnées, dont le grand-père du président américain Barack Obama.
Le gouvernement britannique nie être responsable légalement, après la mise en place d'un guvernement kenyan après l'independance du pays en 1963. - AFP