L'ex-président égyptien Hosni Moubarak et ses deux fils Alaa et Gamal ont été placés en détention pour 15 jours par la justice qui les accuse d'être responsables de la répression de la révolte populaire du début de l'année et de corruption.
Les événements se sont précipités mardi en fin de journée et mercredi matin, avec les annonces de l'hospitalisation du président déchu, 82 ans, son interrogatoire et les mises en arrestation des trois hommes.
Deux mois après la chute de M. Moubarak, au pouvoir pendant trois décennies, la pression reste forte en Égypte pour que l'ancien président et sa famille proche soient traduits en justice.
«Le procureur général Abdel Maguid Mahmoud a ordonné la mise en détention préventive pour 15 jours de l'ancien président Hosni Moubarak et de ses deux fils dans le cadre de l'enquête» sur l'usage de la violence contre les manifestants pendant le soulèvement de janvier et février, a indiqué un porte-parole du parquet.
M. Moubarak, qui aurait été victime d'un accident cardiaque lors de son interrogatoire mardi, a été transporté à l'hôpital de Charm el-Cheikh, une station balnéaire de la péninsule du Sinaï (est) où il est assigné à résidence depuis sa chute le 11 février dernier. Il aurait été placé en soins intensifs.
Selon des sources de sécurité, il doit être transféré par hélicoptère dans le Centre médical international, qui est situé dans la périphérie est du Caire et dépend des forces armées.
C'est donc dans cet établissement que son audition doit se poursuivre.
Selon la télévision d'État, il aurait refusé de s'alimenter et de boire mardi après avoir appris qu'il serait interrogé. Il a été admis dans une aile de l'hôpital réservée aux personnalités avec ses gardes du corps.
Ses deux fils sont quant à eux arrivés mercredi matin à la prison de Tora, dans le sud du Caire, où plusieurs anciens ministres et cadres du régime déchu sont déjà présents.
Ils se sont vu remettre des habits blancs de prisonniers, des couvertures et des matelas après avoir remis leurs téléphones portables, a indiqué l'agence officielle Mena. En état de choc, ils ont aussi refusé de prendre un petit déjeuner.
Avant la révolte, Gamal Moubarak, l'un des principaux cadres dirigeants du parti au pouvoir, le Parti national démocrate (PND), était considéré comme le successeur désigné de son père. Son frère aîné Alaa, beaucoup moins présent sur la scène politique et médiatique, a fait carrière dans les affaires.
Tous trois sont interrogés dans le cadre de l'enquête sur l'usage de la violence contre les manifestants pendant le soulèvement de janvier et février, qui a fait quelque 800 morts.
Ils doivent aussi être prochainement interrogés sur des accusations concernant «l'utilisation de l'argent public» dans le cadre d'opérations anticorruption en cours visant l'ancien régime.
Dimanche, le président déchu était sorti de son silence pour la première fois en deux mois pour défendre son «intégrité» et récuser les accusations de malversations, se disant victime d'une «campagne de diffamation», dans une allocution sonore diffusé par la chaîne Al-Arabiya.
Son interrogatoire ne préjuge pas d'un procès, mais constitue un premier pas qui pourrait y conduire.
Le procès de M. Moubarak est réclamé avec de plus en plus d'insistance par les mouvements qui ont mené la révolte anti-régime au début de l'année, sur fond de soupçons contre l'armée, qui dirige le pays depuis sa chute, de chercher à ménager l'ancien chef d'État issu de ses rangs.
Une manifestation réclamant sa traduction en justice a rassemblé vendredi plusieurs dizaines de milliers de personnes au Caire sur la place Tahrir, épicentre des rassemblements qui ont fait chuter M. Moubarak. - AFP