L'ambassadeur du Burkina Faso à Paris, Luc-Adolphe Tiao, a été nommé lundi soir par décret Premier ministre en remplacement de Tertius Zongo, limogé vendredi à la suite de mouvements de contestation dans tout le pays, en particulier de soldats.
Ce journaliste de formation, âgé de 56 ans, ancien directeur du quotidien d'Etat Sidwaya et président du Conseil supérieur de la communication, n'avait jamais occupé de poste ministériel auparavant.
Il va être chargé de former un nouveau gouvernement qui devra tenter de mettre un terme aux divers mouvements de contestation, souvent violents, notamment de soldats et de jeunes, qui touchent le Burkina Faso depuis deux mois.
Le président Blaise Compaoré avait dissout vendredi le gouvernement de M. Zongo au lendemain de nouvelles mutineries de soldats au sein de sa propre garde présidentielle. Il avait également remplacé les principaux chefs de l'armée et instauré un couvre-feu.
Autant de mesures qui n'ont jusqu'alors pas réussi à faire baisser la tension, le pays ayant été depuis touché par de nouvelles mutineries et manifestations violentes.
Nouveaux tirs à Ouagadougou
Des soldats ont une nouvelle fois tiré en l'air lundi dans un camp de Ouagadougou alors que les militaires, en mutinerie depuis jeudi dans quatre villes du pays ont commencé à percevoir leurs soldes du mois de mars et indemnités, a-t-on appris auprès de sources sécuritaires.
Des tirs ont été entendus pendant une heure environ, au camp Kamboinsin, à une quinzaine de km du centre de Ouagadougou, ont indiqué des sources sécuritaires à l'AFP. "Les militaires sont sortis autour du camp. Ils ont tiré pendant quelques temps avant de cesser", a indiqué à l'AFP une de ces sources.
Le camp Kamboinsin, un centre de formation de sous-officiers, avait été déjà touché par la mutinerie vendredi soir.
Selon un officier de la garde présidentielle, "ce sont les mêmes raisons, les mêmes motivations partout où ça a tiré". Les militaires demandent "le paiement d'indemnité de logement, de primes alimentaires et des salaires du mois de mars qui n'ont pas été versés du fait de la fermeture des banques à cause de la mutinerie". Les salaires sont payés à partir du 15 de chaque mois.
Selon cet officier, les soldats "s'imitent". "Leurs camarades ont tiré, eux aussi tirent pour montrer qu'ils sont des militaires. Ils ont appelé des garnisons pour leur dire que s'ils n'ont pas tiré, ils sont des femmes. Ca incite tout le monde à en faire de même".
Le paiement des salaires de mars avait débuté samedi dans la capitale. Il s'est poursuivi lundi dans toutes les garnisons du pays, a-t-il affirmé.
L'indemnité de logement et la prime alimentaire, une des principales revendications des mutins, ont également commencé à être payées dans tous les camps, selon la même source.
C'était également la principale demande de la garde présidentielle, entrés en mutinerie jeudi soir, pour lesquels le paiement avait commencé vendredi.
L'officier de la garde présidentielle a par ailleurs affirmé que deux militaires ont été tués "par accident" depuis le 15 avril.
A Koudougou (ouest), le calme était revenu lundi après-midi après une violente manifestation de jeunes qui ont incendié plusieurs batiments, dont le siège local du parti au pouvoir et une résidence de l'ex-Premier ministre Tertius Zongo, limogé vendredi.
Les élèves et étudiants manifestaient pour réclamer la lumière sur la mort en février de Justin Zongo - un élève tué par la police selon ses proches, mort d'une méningite selon les autorités - dont le décès avait provoqué des manifestations de protestation à travers tout le pays qui avaient fait au moins six morts, dont quatre étudiants à Koudougou et dans ses environs. - AFP