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La "Sorbonne" écrasée, le gouvernement Ouattara hors du "Golf"

Apr 19, 2011

Le gouvernement du président ivoirien Alassane Ouattara a tenu mardi son premier conseil hors du Golf hôtel d'Abidjan, et a fait raser un symbole du pouvoir de Laurent Gbagbo, la "Sorbonne" où officiaient ses idéologues.

Cela restera comme l'une des images du changement d'époque: des bulldozers écrasant, sous un beau soleil, les baraques de la "Sorbonne", le plus célèbre des forums pro-Gbagbo.

Situé en plein coeur du quartier du Plateau (administration et affaires), non loin du palais présidentiel, cet espace jusque-là intouchable était la tribune des "patriotes" et autres orateurs du régime défait, mais aussi un marché informel, un temple du piratage (de CD et DVD) et un lieu de prostitution.

"C'était une question de salubrité et de sécurité", a affirmé à l'AFP un responsable de la mairie. "Il fallait rendre le Plateau propre".

Comme après le putsch raté de 2002 contre M. Gbagbo, les "sorbonnards" ont été actifs durant la crise née de la présidentielle de novembre 2010, vilipendant les "rebelles" de M. Ouattara ainsi que l'ex-puissance coloniale française et l'ONU qui le soutenaient.

Dans la matinée, dans le même quartier, le gouvernement Ouattara a marqué une nouvelle étape de la "normalisation" promise, au lendemain d'une très timide reprise du travail des fonctionnaires, en se réunissant pour la première fois hors du "Golf".

Une dizaine de ministres -sur une quinzaine au total- ont participé à ce conseil de gouvernement présidé par le Premier ministre Guillaume Soro.

"C'est un grand symbole. Ca montre que le pays est en marche. Je demande à toute l'administration de se mettre au travail", a déclaré M. Soro à la presse à l'issue du conseil.

"La sécurité s'est notoirement améliorée (...) Les policiers sont de retour à l'Ecole de police, sont mobilisés, prêts à travailler", a-t-il assuré.

Depuis la présidentielle, M. Ouattara et son équipe étaient retranchés au "Golf", dans le quartier de Cocody (nord), soumis à partir de la mi-décembre à un blocus des forces pro-Gbagbo, levé il y a deux semaines.

Le secteur du Plateau a été le théâtre de combats pendant dix jours, jusqu'à l'arrestation le 11 avril de M. Gbagbo, au terme de près de cinq mois d'une crise post-électorale qui a fait quelque 900 morts selon l'ONU.

L'activité y est toujours timide, la circulation très fluide et des commerces restent fermés, malgré l'appel à la mobilisation des agents de l'Etat.

Bien que la sécurité ne soit pas encore totalement rétablie partout, notamment dans le quartier pro-Gbagbo de Yopougon (nord-ouest), où des miliciens sont encore présents et des coups de feu sont entendus le jour et la nuit, le gouvernement a levé lundi le couvre-feu instauré depuis le 31 mars à Abidjan.

Mais l'ex-putschiste Ibrahim Coulibaly, dit "IB", pourrait à terme causer de nouveaux soucis aux autorités.

Revendiquant la paternité du "commando invisible" - des insurgés qui dès janvier avait mis en échec les forces pro-Gbagbo dans le nord d'Abidjan -, il interpelle le pouvoir.

"Donne à César ce qui est à César", a-t-il dit lors d'un entretien avec l'AFP. Pour celui qui se fait désormais appeler "général IB", il n'y pas d'autre choix que "d'être reconnaissant vis-à-vis de ces combattants".

La situation humanitaire demeure préoccupante.

La Commission européenne a annoncé avoir doublé son aide humanitaire à la Côte d'Ivoire, de 30 à 60 millions d'euros, consacrée principalement aux besoins en matière de santé, d'eau, et d'assistance alimentaire.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a commencé à fournir une assistance de 9.000 tonnes de riz aux déplacés, ainsi qu’aux réfugiés ivoiriens au Liberia voisin.

Un million de personnes se sont déplacées à cause des violences, dont près de 150.000 ont trouvé refuge au Liberia, selon les organisations humanitaires internationales. - AFP
 

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