La France s'est engagée mercredi à intensifier les frappes aériennes en Libye, à la demande des représentants du Conseil national de transition (CNT) libyen venus rencontrer à Paris le président Nicolas Sarkozy. Dans le même temps, le gouvernement français a annoncé l'envoi d'officiers de liaison auprès du CNT, rejoignant ainsi la Grande-Bretagne et l'Italie.
Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, a expliqué être venu demander à la France d'"intensifier le soutien accordé à la révolution libyenne", à sa sortie de l'Elysée.
"Nous allons vous aider", a répondu Nicolas Sarkozy, selon une source élyséenne. Le chef de l'Etat s'est engagé à "intensifier les frappes et répondre à cette demande du CNT", a précisé la même source.
Nicolas Sarkozy a également été invité par le CNT à se rendre en visite à Benghazi, fief de l'opposition libyenne. Il a "pris note" de cette invitation, selon l'Elysée.
Par ailleurs, l'envoi d'aide humanitaire via le port de Misrata, tenu par l'opposition libyenne, est envisagé: le projet n'est "pas formalisé", mais devrait aboutir "dans la semaine", selon cette source.
"Le soutien nous a été promis", s'est félicité M. Abdeljalil, à l'issue de l'entretien.
Le porte-parole du gouvernement français François Baroin a annoncé, lors du compte-rendu du conseil des ministres, l'envoi d'"un tout petit nombre" d'officiers de liaison français auprès du Conseil national de transition. Selon lui, leur nombre sera inférieur à dix.
Selon le quai d'Orsay, l'objectif est "de prodiguer au CNT des conseils d'ordre essentiellement techniques, logistiques et organisationnels pour aider à renforcer la protection des populations civiles et améliorer la distribution de l'aide humanitaire et médicale".
Paris a encore exclu catégoriquement l'envoi de troupes au sol. "Nous n'envisageons pas de déployer des troupes de combat au sol, en aucune façon et sous aucune forme que ce soit", a affirmé François Baroin. La France ne prendra "pas d'initiative pour demander une résolution" à ce sujet au conseil de sécurité de l'ONU, a-t-il précisé.
"Nous travaillons sous cadre de la résolution 1973" des Nations unies, a répété de son côté le ministre de la Défense Gérard Longuet.
Si la seule application de la résolution 1973 ne permet pas le départ du colonel Kadhafi, "on pourrait autoriser la présence de forces venant de pays arabes ou de pays amis sur le territoire libyen", a avancé Ali al-Issaoui, chargé des relations extérieures du CNT. Pour l'heure, "nous n'avons pas fait de demande officielle", a-t-il précisé lors d'une conférence de presse à Paris dans l'après-midi.
"Tous les choix sont ouverts", a cependant martelé le responsable des relations extérieures du CNT. Car selon lui, "les frappes aériennes ne suffiront pas à protéger les civils".
Ali al-Issaoui a fait état d'un bilan humain très lourd: près de 10.000 morts, 30.000 blessés dont 7.000 dans un état grave, plus de 20.000 jeunes disparus depuis le début des manifestations, "enlevés ou emprisonnés", et 15.000 réfugiés à la frontière tunisienne.
La Grande-Bretagne, fer de lance avec la France de l'intervention militaire en Libye, a annoncé mardi l'envoi d'un maximum de 20 conseillers militaires dans le pays. A Rome, le ministre italien de la Défense Ignazio La Russa a rendu public mercredi l'envoi de 10 instructeurs militaires en Libye pour entraîner les insurgés.
A Washington, l'administration Obama a décidé de fournir aux insurgés une aide de 25 millions de dollars (17,2 millions d'euros), selon des responsables américains. Cette aide, ont-ils précisé sous couvert de l'anonymat, est destinée à l'acquisition de véhicules ainsi que d'équipements médicaux et de communications. - AP