Le président burkinabè Blaise Compaoré, dont le pays a été confronté à des mutineries de soldats, s'est attribué le ministère de la Défense dans le nouveau gouvernement dont la composition a été annoncée jeudi soir, selon des décrets lus à la télévision publique RTB.
Le président du (Burkina) Faso, chef suprême des armées, assume les fonctions de ministre de la Défense et des Anciens combattants, stipule un des décrets.
Ce poste est particulièrement sensible dans le contexte actuel, le régime du président Compaoré, un militaire arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1987, devant faire face depuis plus d'un mois à des mutineries de soldats qui ont touché jusqu'à sa propre garde personnelle.
Ces mutineries ont eu lieu en parallèle à d'autres mouvements de contestation de la plupart des couches de la société burkinabè qui avaient débuté fin février.
Quinze nouveaux ministres entrent dans ce gouvernement composé de 29 ministres (contre 38 auparavant), toutes membres du parti au pouvoir ou de la mouvance présidentielle. C'est l'équipe la plus ressérée de l'histoire du Burkina Faso.
Djibril Bassolé, ancien médiateur conjoint de l'ONU et de l'Union africaine (UA) pour le Darfour (Soudan), est nommé ministre des Affaires étrangères.
L'Economie et les finances reviennent à Lucien Marie-Noël Bembamba, beau-frère de chef de l'Etat, l'Administration territoriale, la décentralisation et la sécurité, à Jérôme Bougouma, un autre proche de Blaise Compaoré.
La nouvelle équipe comprend trois femmes, nommées aux ministères de l'Education nationale, de l'Action sociale et de la Promotion de la femme.
Ce gouvernement a été formé par le nouveau Premier ministre Luc Adolphe Tiao, journaliste de formation et ex-ambassadeur du Burkina à Paris, nommé lundi en remplacement de Tertius Zongo, limogé au lendemain d'une mutinerie au sein de la propre garde présidentielle du chef de l'Etat, le 14 avril.
M. Compaoré avait également remplacé les principaux responsables de l'armée, dont le chef d'état-major.
La nouvelle équipe composée de fidèles du chef de l'Etat, alors que de nombreux observateurs s'attendaient à une ouverture à des membres de la société civile ou de l'opposition, va devoir tenter de juguler une vague de contestation sans précédent dans l'histoire du pays.
Depuis fin février, toutes les couches de la population, jeunes, étudiants, magistrats, soldats, commerçants, ont manifesté avec plus ou moins de violence dans tout le pays contre le régime de Compaoré et la cherté de la vie alors que la majorité des 16 millions de Burkinabè vit avec environ 1,5 euro par jour.
Bilan: au moins six morts, des blessés, des pillages, des dégâts matériels considérables. – AFP