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La condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal sera réexaminée

Apr 26, 2011

La condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal, icône internationale de la lutte contre la peine capitale, va être réexaminée par un jury, un nouvel épisode dans le combat de ce Noir américain qui clame son innocence depuis près de 30 ans.

La cour d'appel fédérale de Pennsylvanie a estimé mardi dans un long arrêt que les instructions données aux jurés lors du procès en 1982 de cet ancien journaliste engagé des Black Panthers pour le meurtre d'un policier blanc, Daniel Faulkner, étaient mal formulées.

«La feuille d'instruction du verdict et les instructions données au jury créaient le risque substantiel que le jury pense qu'il ne pouvait pas approuver une circonstance atténuante si celle-ci n'avait pas été acceptée à l'unanimité», estime la cour. Or la procédure est moins restrictive.

Elle réaffirme donc, trois ans plus tard, la suspension de la peine de mort qu'elle avait déjà prononcée en mars 2008. Et ordonne l'organisation de nouvelles audiences afin de déterminer si Mumia Abu-Jamal doit être condamné à mort ou à la prison à vie sans possibilité de sortie.

«La Pennsylvanie a depuis longtemps arrêté de donner aux jurés ce type d'instructions prêtant à confusion qui ont été utilisées dans le procès de M. Abu-Jamal», s'est réjouie son avocate Judy Ritter dans un communiqué.

«Aujourd'hui, les tribunaux utilisent des formulations sans ambiguité pour expliquer aux jurés qu'ils peuvent étudier les circonstances atténuantes favorables à des peines de prison à vie», a-t-elle ajouté.

«M. Abu-Jamal n'a pas moins le droit que d'autres au respect de ses droits constitutionnels», a-t-elle encore commenté.

Mais pour ses soutiens, cette remise en cause de la peine capitale n'enlève rien au fond du problème: Mumia Abu-Jamal reste officiellement coupable, rappelle la cour d'appel mardi.

Depuis plusieurs années, ses avocats ont tout tenté pour que la justice remette en cause la culpabilité du condamné, victime selon eux d'un procès politique à forts préjugés racistes.

Ils contestent notamment lee fait que 10 des 15 récusations de jurés potentiels prononcées par l'accusation aient concerné des Noirs. Le code de procédure pénale interdit en effet de récuser un juré potentiel en raison de la couleur de sa peau. Le jury final comportait dix Blancs et deux Noirs.

Mais la Cour suprême des États-Unis a refusé de se saisir de cette question, mettant un point final à ce pan de la bataille judiciaire.

Ses soutiens prétendent en outre que le juge qui présidait le procès en 1982 ait à l'époque déclaré: «Je vais les aider à faire frire ce nègre».

De plus, la défense affirme qu'en 1999 un certain Arnold Beverly a avoué à la justice avoir été engagé par la mafia de la ville pour assassiner Daniel Faulkner en 1981, parce que ce policier enquêtait de trop près sur certaines figures du crime organisé.

Mumia Abu-Jamal, dont les photos et les longues tresses rastas ont fait le tour du monde, a été élevé par la ville de Paris au rang de citoyen d'honneur en 2003, et une rue de Saint-Denis, en banlieue parisienne, porte son nom.

Une pétition internationale en ligne lancée en janvier 2010 pour demander au président américain Barack Obama de se prononcer contre la condamnation à mort de Mumia Abu Jamal avait recueilli mardi plus de 33 000 signatures, parmi lesquelles l'ancienne Première dame de France Danielle Mitterrand, l'écrivain allemand Günter Grass, ou le linguiste américain Noam Chomsky. - AFP

 

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