La télévision ivoirienne a annoncé mercredi soir la mort de l'ex-putschiste Ibrahim Coulibaly dans des combats à Abidjan entre sa milice et les nouvelles forces régulières avec lesquelles il avait participé à la prise d'Abidjan plus tôt ce mois-ci pour mettre au pouvoir le président élu Alassane Ouattara.
Les combats entre le "Commando invisible" et les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) se déroulaient dans le quartier populaire d'Abobo. Agé de 47 ans, "IB" est mort après que son porte-parole eut déclaré que ses troupes attendaient d'être désarmées par les Casques bleus de l'ONU.
"Le sergent chef Ibrahim Coulibaly a été tué ce soir pendant des combats avec les FRCI", a fait savoir la télévision d'Etat mercredi.
Mais un commandant du Premier ministre et ministre de la Défense Guillaume Soro a affirmé sous le couvert de l'anonymat qu'il semblait qu'IB se soit suicidé plutôt que de se rendre quand les FRCI se sont emparées de son fief à Abobo. "Nos hommes ont encerclé sa résidence mais il a refusé de se rendre. Quand nos combattants sont entrés, ils ont trouvé son corps, sans vie mais sans blessure par balle", d'après le commandant.
Le porte-parole de Coulibaly, Félix Anoble, avait déclaré plus tôt mercredi qu'ils avaient été attaqués alors qu'ils attendaient l'arrivée des soldats de l'Opération de l'ONU en Côte d'Ivoire (ONUCI) chargés de les désarmer. Joint par l'Associated Press après l'annonce de la mort d'IB, M. Anoble a répondu qu'il ne pouvait "rien confirmer". "Je n'ai pas d'information", a-t-il dit.
Le président Ouattara avait ordonné vendredi à IB et au Commando invisible de déposer les armes car sinon ils seraient désarmés de force. Coulibaly avait répondu que l'organisation du désarmement prendrait du temps. Il avait fait allégeance au nouveau chef de l'Etat dans un entretien à l'AP mais n'avait pas été reçu par lui.
Ibrahim Coulibaly avait dirigé le coup d'Etat de 1999 qui avait permis l'accession au pouvoir du général Robert Gueï, finalement assassiné après les élections de 2000. En 2002, il avait participé à la tentative de coup d'Etat contre le président Laurent Gbagbo et ne faisait pas mystère de ses aspirations présidentielles personnelles. Après l'échec du putsch de 2002, IB avait commencé la rébellion qui avait divisé la Côte d'Ivoire entre le Nord tenu par les insurgés et le Sud par le gouvernement Gbagbo.
MM. Soro et Coulibaly étaient rivaux. En 2004, des combats sanglants les avaient opposés pour la direction du bastion des rebelles dans la ville centrale de Bouaké, mais c'est Guillaume Soro qui l'avait emporté et IB avait été forcé à l'exil.
Alassane Ouattara n'a guère de contrôle sur les ex-troupes rebelles qui lui ont permis de prendre le pouvoir après quatre mois de bras de fer avec le président sortant et qui vont former la nouvelle armée ivoirienne avec les forces ayant servi sous Laurent Gbagbo. Les ex-rebelles regroupés derrière Guillaume Soro sont commandées par cinq chefs différents.
Ibrahim Coulibaly avait refait surface à Abidjan en janvier à la tête du Commando invisible pour lancer la bataille contre les forces de Laurent Gbagbo après que les soldats avaient tiré des obus de mortier et roquettes à Abobo (nord d'Abidjan), qui avait massivement voté Ouattara à la présidentielle.
La Côte d'Ivoire a connu quatre mois de violences après le second tour de l'élection le 28 novembre, Laurent Gbagbo refusant de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, reconnu comme le vainqueur du scrutin par la communauté internationale. On ignore combien de milliers de personnes ont été tuées ou blessées dans cette période. Le gouvernement a annoncé mardi l'ouverture d'enquêtes préliminaires sur Laurent Gbagbo et sa famille. – AP