L'affaire des quotas discriminatoires a ébranlé jeudi un des piliers du football français, l'équipe "black-blanc-beur" championne du monde en 1998, et jeté Laurent Blanc dans l'oeil du cyclone.
Patrick Vieira, ancien coéquipier de l'actuel sélectionneur, est intervenu jeudi pour juger "graves et scandaleux" les propos tenus par Laurent Blanc lors de la réunion qui a déclenché la crise.
L'ancien capitaine de l'équipe de France a ainsi rejoint Lilian Thuram, autre international de 1998, très critique depuis le début de l'affaire. L'ancien gardien de but Bernard Lama s'est lui aussi placé dans le camp des critiques.
Trois autres champions du monde, Christophe Dugarry, Bixente Lizarazu et Emmanuel Petit, se sont portés à la défense de Blanc.
Selon des informations publiées par le Journal du Dimanche sur son site internet (www.jdd.fr), Chantal Jouanno, ministre des Sports, a appelé le sélectionneur, qui est en cure à Merano, dans le nord de l'Italie, et "lui a affirmé son soutien".
L'entretien téléphonique a été confirmé par la ministre des Sports.
"Laurent Blanc semble aborder l'audition sereinement", a-t-elle dit. Le sélectionneur est "meurtri par les propos tenus à son égard", mais n'a pas évoqué une démission, a-t-elle ajouté.
Le sélectionneur de l'équipe de France doit être entendu dans les jours qui viennent par les commission d'enquête mises en place par le ministère et la Fédération française de football (FFF).
De ces deux enquêtes dépendent l'avenir de Laurent Blanc et aussi de l'état-major de la FFF.
Sur ce dernier front, Jean-Pierre Louvel, président de l'Union des clubs professionnels (UCPF), s'est placé en opposition directe au président de la FFF, Fernand Duchaussoy, qui briguera en juin le renouvellement de son mandat.
"Tout peut arriver maintenant. La Fédération n'a pas de patron à sa tête. Je trouve gravissime ce qui est en train de se passer. Il faut épurer tout cela", a-t-il dit à Reuters.
"CHACUN PORTE SA CROIX"
Sur la foi du verbatim de la réunion du 8 novembre publié par le site internet d'information Mediapart, Vieira a reproché à Blanc d'avoir déclaré que 'les Espagnols, ils disent: Nous, on n'a pas de problème. Des Blacks, on n'en a pas'.
"C'est scandaleux. Ce sont des propos graves", a dit l'ancien capitaine de l'équipe de France dans une interview au Monde.
"On peut me dire ce que l'on veut, mais personne n'a été piégé lors de cette réunion. On n'a forcé personne à tenir ces propos, et pourtant ils l'ont dit, c'est un fait: ça, c'est choquant", a-t-il ajouté.
Blanc a présenté ses excuses pour avoir prononcé des propos qui peuvent, "sortis de leur contexte (...) prêter à équivoque" et "heurter certaines sensibilités".
"Mais être soupçonné de racisme ou de xénophobie, moi qui suis contre toute forme de discrimination, je ne le supporte pas", avait-il ajouté.
Cette stratégie de défense n'a pas convaincu Bernard Lama, qui était le gardien remplaçant en 1998.
"Ce qui m'a gêné avec Laurent, c'est qu'il a nié au départ et qu'il se soit excusé après. C'est surtout ça qui me gêne", a-t-il dit sur BFM TV. "Après, chacun porte sa croix, à lui de savoir où il en est."
La réplique des pro-Blanc est venue de Christophe Dugarry qui s'en est pris à Lilian Thuram, premier porte-parole des critiques du sélectionneur.
"Il veut toujours passer pour le juge de la cour suprême (...) J'ai l'impression qu'il veut diviser le football français (...) Je le trouve dur, agressif envers Laurent Blanc", a dit Christophe Dugarry au quotidien L'Equipe..
L'ancien attaquant a même dévoilé un "secret de vestiaire" en révélant que Thuram avait proposé en 1998 que les joueurs "blacks" de l'équipe posent ensemble pour une photo qu'il
qualifiée de "discriminatoire".
Lizarazu a jugé sur RTL qu'il "fa(llai)t remettre en perspective le parcours de 25 ans d'un homme qui n'a jamais eu d'attitude raciste". "Si la question est 'Blanc doit-il démissionner ?', moi je réponds 'non'", a-t-il ajouté.
Petit a affirmé que "cette Fédération française de football ne mérite pas un garçon comme Laurent Blanc à sa tête".
"Je pense qu'il a une forte personnalité mais je crois que cette affaire-là ne laissera ni Laurent Blanc, ni tous les gens qui ont participé sortir indemnes de cette histoire", a-t-il ajouté. - Reuters