Le président des États-Unis Barack Obama a reçu jeudi son homologue gabonais Ali Bongo, qualifié par la Maison-Blanche «d'allié important» à l'ONU, malgré des «inquiétudes» sur les questions des droits de l'homme et de la corruption.
M. Obama a accueilli M. Bongo dans le Bureau ovale à partir de 16h45 pour des entretiens consacrés à des «sujets stratégiques, régionaux et bilatéraux d'importance mutuelle», a indiqué la Maison-Blanche, qui a décidé de fermer la réunion à la presse écrite.
L'annonce de cette rencontre, qualifiée par le pouvoir gabonais de «signe fort (...), une reconnaissance importante d'un pouvoir que certains s'évertuent à contester», a créé le malaise chez des militants de la société civile gabonaise et des ONG, qui dénoncent un régime «dictatorial» et corrompu.
Selon Zacharie Myboto, le président de l'Union nationale, principal parti d'opposition, cette rencontre «sera un événement si le président Obama est en mesure de dire à Ali Bongo que le Gabon est un pays qui dans sa Constitution doit respecter les principes d'une démocratie pluraliste».
Le candidat de l'Union nationale Mba Obame affirme être sorti vainqueur de la présidentielle d'août 2009 et s'est autoproclamé chef de l'État en janvier. L'ambassade américaine à Libreville avait alors indiqué reconnaître M. Bongo comme président légitime.
Mercredi, le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, a défendu l'accueil réservé à M. Bongo, qui a succédé à son père Omar Bongo, mort en juin 2009 après 41 ans au pouvoir.
«Le Gabon assume (en juin, ndlr) la présidence tournante du Conseil de sécurité de l'ONU. C'est un poste important. En outre, le Gabon a voté (à l'ONU) d'une manière que nous considérons très utile sur des questions comme la Côte d'Ivoire, la Libye et l'Iran. Il a été un allié important dans nos efforts vis-à-vis de ces pays», a expliqué M. Carney.
Interpellé sur les accusations de corruption, le porte-parole a concédé que «le président des États-Unis rencontre le président (Bongo), comme il le fait avec d'autres chefs d'État qui ont des bilans pas forcément irréprochables».
«Et évidemment, comme c'est le cas dans de nombreux pays, nous avons des inquiétudes au sujet des droits de l'homme», a ajouté le porte-parole, en affirmant toutefois que «le président Bongo a effectué de nombreuses réformes dans son pays».
Riche en pétrole, mais fournisseur mineur des États-Unis (0,4% des importations de brut en 2010), le Gabon figure à la 110e place sur 178 au classement 2010 du degré de perception de corruption établi par Transparency International (TI) et à la 93e place sur 169 au classement du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
En février 2010, un rapport de 330 pages du Congrès américain, portant sur le blanchiment d'argent, avait mis en lumière des opérations financières douteuses qui auraient été menées aux États-Unis en 2006 par Omar Bongo et des membres de sa famille, dont son fils Ali.
TI et une autre ONG, Sherpa, ont déposé en 2008 une plainte en France visant plusieurs chefs d'États africains dont Omar Bongo et portant sur «les conditions dans lesquelles un très important patrimoine immobilier et mobilier a été acquis en France».
M. Bongo est le deuxième dirigeant africain reçu en deux jours à la Maison-Blanche, après le président nigérian Goodluck Jonathan mercredi. La présidence américaine a affirmé jeudi que M. Obama avait demandé à ce dernier de «faire du combat contre la corruption une priorité nationale». – avec AFP