Le MEDEF de retour en Guinée | Alog News | www.africalog.com
home

Le MEDEF de retour en Guinée

Jun 10, 2011

Le Président Alpha Condé rassure: « L’Etat Guinéen déterminé à sauvegarder les intérêts des investisseurs français…»

A peine qu'elle a foulé le sol guinéen, le mercredi, 8 juin 2011, la délégation du MEDEF (Mouvement des Entreprises de France) a été reçue par le Président de la République au Palais présidentiel "Sèkhoutoureya". Il était 17 heures et la rencontre avait pour cadre, la salle des banquets. L’empressement de cette première rencontre détermine la ferme volonté des deux pays de repartir sur de nouvelles bases de coopération multi-sectorielle.

Il faut souligner que c’est sur invitation du Chef de l’Etat que le MEDEF a effectué ce voyage. C’était lors de sa première visite d’Etat et de travail en tant que Président de la République en en mars dernier en France.

Une cinquantaine d’hommes d’affaires français répond ainsi à cette invitation du Président de la République. Un voyage exploratoire sur les possibilités d’investissement de capitaux français en Guinée au terme de discussions avec autorités et secteur privé guinéens.

Dans son adresse, le Chef de l’Etat a dit : « Nous avons souhaité que vous veniez pour que l’on relance la coopération dans tous les secteurs. Nous savons que pour les investisseurs il y a deux choses importantes, c’est la sécurité et la justice.»

Et le Professeur Alpha d’évoquer les actes posés en vue de mettre en confiance investisseurs guinéens et étrangers : « Nous avons fait un certain effort. Nous avons aussi mis fin aux barrages qui étaient des occasions de rackets. Et je crois que vous pouvez maintenant vous promener à Conakry sans inquiétude. Nous avons fait les états généraux de la justice. Et avons mis le doigt sur les tares de la justice.»

Le Président de la République de poursuivre : «Nous sommes en train de reformer la justice. C’est très pénible. Nous sommes obligés de couper beaucoup de branches. Nous ne pouvons pas faire autrement. C’est toujours douloureux. Mais, la seule façon pour nous de rassurer les investisseurs et de rassurer les guinéens, c’est d’avoir une justice qui est une véritable justice ; c’est-à-dire qui rende la justice selon les règles de la justice et non pas en fonction de critères politiques ou de critères financiers. Parce que le juge peut être influencé aussi bien politiquement que par l’argent. Donc, nous sommes en train de corriger un certain nombre d’erreurs. Mais bien sûr, nous avons un handicap, nous n’avons pas une école de magistrature. Il nous faut former de nouveaux magistrats. C’est pourquoi, nous avons demandé à la France, l’assistance au niveau de la magistrature. Les magistrats, à la fois, qui vont nous aider à reformer la justice mais, qui vont aussi donner des cours pour le début de l’école de la magistrature que nous allons mettre sur pied.»

Cet état des lieux a été complété par les assises autour de la reforme de l’administration et sa modernisation. Dans cette logique, Alpha Condé a fait savoir que «la multiplication des comptes publics de l’Etat avait favorisé la corruption et le détournement des deniers publics. Ce qui a amené l’Etat à décréter l’unicité des caisses pour un contrôle plus rigoureux des recettes et des dépenses publiques.» Il a informé que «la Banque centrale de Guinée a désormais les moyens de sa politique.»

Cette annonce a été soutenue par le parallèle entre son accession au pouvoir et l’état actuel de la BCRG : à son avènement au pouvoir, la Banque Centrale couvrait à peine deux semaines d’importation. A ce jour, elle disposerait de suffisamment de devises pour pouvoir couvrir huit mois d’importation.

Sur un autre chapitre, le Professeur a averti : « nous disons aussi que souvent, il n’y a pas de corrompus sans corrupteurs. Donc, nous vous disons, en toute sincérité, que nous n’accepterons plus des pots-de-vin, que nous n’accepterons plus que les sociétés distribuent des pots-de-vin ; que si jamais, une société a distribué des pots-de-vin, ou nous annulons le contrat, ou nous mettons une forte pénalité. Nous souhaiterions aussi vous dire, que si jamais un fonctionnaire se trompe et vous demande quelque chose, d’en informer les autorités. Parce que nous avons informé tous les fonctionnaires que "quiconque demandera un pot-de-vin à une société, si on en a la preuve, il sera exclu de la fonction publique. Mais, si vous êtes complices aussi, nous serions obligés de réagir également contre vous ; parce que si tout le monde demande de faire la bonne gestion, il faut aussi que le privé participe à nous aider à la bonne gestion. Nous essayons de créer les conditions favorables pour permettre l’investissement privé à la fois national et international.»

Il a regretté du fait que la Guinée ne soit pas encore avancée dans le domaine de l’investissement privé. Cela étant dû, selon le Chef de l’Etat, à l’absence d’une véritable classe moyenne. Il n’y aurait que des commerçants. C’est pourquoi, souhaite le Président de la République, « notre objectif, c’est développer les banques de développement pour financer le développement.»

Il fera toutefois part de sa volonté de développer l’agriculture avec un partenariat avec la France. Le numéro un guinéen de rappeler à ses interlocuteurs que « le meilleur plan de développement agricole de la Guinée, de l’indépendance jusqu’à nos jours, fut justement élaboré par un Français en l’occurrence, le dernier Gouverneur colonial, Roland Pré.» Il a indiqué que : «Nous sommes décidés à faire un pas de géant pour rattraper notre retard».

L’homme du changement de faire la première annonce assortie d’offres à ses hôtes : «nous avions beaucoup de sociétés sous la première République qui ont été bradées, je ne dirais pas privatisées, parce qu’aucune ne marche. Donc, nous avons repris toutes ces sociétés dans le portefeuille de l’Etat et dans les discussions, vous verrez quelles sont ces différentes sociétés. Nous souhaitons un partenariat avec vous pour ces sociétés que nous voulons relancer.»

Le Pr Alpha Condé a, d’autre part, donné des exemples de conséquences de ce qu’il qualifie de «nationalisme étroit» pratiqué jusque-là dans notre pays. En effet, dira-t-il, « les responsables de la Guinée d’alors ont voulu, à un certain moment, gérer les secteurs de l’eau et de l’électricité mais les résultats ont été en deçà des attentes. Le départ d’Hydro-Québec international et EDF international de la Sogel (1996-2002), pour justement cause de nationalisme étroit, a eu un impact négatif sur le secteur de l’électricité tout comme dans celui de l’eau avec le retrait de la SAUR (Société d'Aménagement Urbain et Rural) de la SEEG (Société d’exploitation des eaux de Guinée). L’arrivée avec la délégation du MEDEF, de EDF (Electricité de France) et de la SAUR devrait permettre de relancer cette coopération dans les domaines de l’eau et de l’électricité.»

Pour réaffirmer la nécessité d’une relance de la coopération entre guinéens et français, le Chef de l’Etat a rassuré : « L’Etat Guinéen est déterminé dans une stratégie gagnant-gagnant à sauvegarder les intérêts des investisseurs français et de la Guinée.»

A la suite du Président de la République, chacun des chefs d’entreprises a présenté son entreprise et fait connaitre les ambitions du MEDEF pour la Guinée dans ce partenariat que chaque partie voudrait «gagnant-gagnant.»

C’est dans cet esprit que le Chef de la délégation du MEDEF, M. Patrick Lucas, PDG de Gras Savoye (société de courtage d'assurance et de réassurance) et Président du Comité Afrique, Caraïbes et Pacifique de MEDEF International, a exprimé la gratitude de la délégation du MEDEF pour l’accueil réservé par la partie guinéenne.

Parlant de l’exposé liminaire du Président de la République, M. Lucas a dit avoir été «impressionné de savoir sa connaissance exceptionnel du dossier. Et je me réjouis de cette visite de cette délégation. Vous avez remarqué qu’elle est extrêmement variée, extrêmement diverse et extrêmement enthousiaste. Cette visite fait suite, précisément, à celle que le Président a rendue au MEDEF où il avait montré le défi qu’il se fixait pour son pays dont il voulait absolument assurer le progrès dans les années à venir. Et je pense qu’il y a tellement à faire dans ce pays, tellement de possibilités, tellement de potentiels que vous trouverez les entreprises françaises, à côté du Président, participer à ce progrès.»

La rencontre a pris fin par un cocktail qui a permis aux deux parties d’avoir les premiers entretiens en aparté.

Les travaux ont été officiellement ouverts le vendredi, 9 juin 2011 au Novotel GHI sous la présidence du Premier ministre, Mohamed Saïd Fofana.

AfricaLog suit pour vous.

 

Liens Sponsorisés