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Affaire DSK-Nafissatou: Les attaches guinéennes de DSK

Jun 10, 2011

Après Gama Béréma dans la sous-préfecture de Pinet (Lola), dans le pays profond en Guinée forestière, c’est un autre village guinéen qui fait encore parler de lui pour cause de scandale. Il s’agit de Tchakoulé, l’un des villages de la sous-préfecture de Sagalé, préfecture de Lélouma, dans la région montagneuse du Foutah Djallon.

Deux localités dont les célébrités respectives se caractérisent par des motifs, évidemment bien différents ; voire très opposés. Cependant, toutes deux, dignes d’intérêts pour attirer la curiosité des journalistes et mobiliser l’attention de l’opinion nationale et internationale.

Dans le premier cas, Piné, c’était le 17 décembre 1998. Il s’agissait de la surprenante arrestation dans ce village du principal opposant à l’époque au régime du feu général Lansana Conté et l’un des prétendants sérieux à l’élection présidentielle guinéenne de la même année : le professeur Alpha Condé, président et candidat du RPG, finalement élu Président de la République de Guinée, lors du scrutin du 07 novembre 2010. Une arrestation qualifiée par nombre d’observateurs d’arbitraire.

Aujourd’hui, c’est le hameau de Tchakoulé, qui est sous le feu des projecteurs de l’actualité. Pour une affaire de viol supposé ou réel dans un somptueux hôtel de New York situé à mille lieues de la pauvreté et de la misère du village guinéen, comme tout séparerait le prévenu Dominique Strauss-Kahn, homme riche, très influent dans les milieux de la finance mondiale et dans la sphère politique internationale, favori des sondages de la présidentielle française de mai 2012, de l’accusatrice Nafissatou Diallo, villageoise inconnue, pauvre immigrée sans ambition, autre que le «rêve américain».

Et le lundi 06 juin 2011, la Guinée, le monde et les habitants de Tchakoulé, là où est née la plaignante, Nafissatou Diallo ont suivi, de près, ce qui va se passait dans le bureau du juge Newyorkais, chargé de ce « dossier explosif » et très sensible aux Etats-Unis d’Amérique.
A Tchakoulé, les prières se font pour que la « fourmi » ne soit pas broyée par « l’éléphant ». Mais, si Nafissatou est bien guinéenne et bénéficie du soutien de ses compatriotes, surtout de son village Tchakoulé, il n’en demeure pas moins vrai que le français Dominique Strauss-Kahn a aussi des attaches guinéennes et s’est souvent montré sensible à la cause de la Guinée, dans les fonctions qu’il a occupées à Paris et à New York.

Maire de Sarcelles entre 1995 et 1997, DSK a favorisé la régularisation de la situation de nombreux guinéens immigrés clandestins. Il a même recruté certains d’entre eux comme policiers communaux de Sarcelles. Ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie du gouvernement Lionel Jospin, c’est un guinéen, Stéphane Kéita, que choisira DSK comme directeur de son cabinet.

A en croire de nombreux témoignages, partout où il a rencontré une délégation guinéenne dans un forum international, Dominique Strauss-Kahn s’est montré attentionné et bienveillant. Les anciens ministres guinéens des affaires étrangères, Lamarana Bah ou Mamady Condé ainsi que d’autres officiels de notre pays, ont souvent eu l’occasion de vérifier cet attachement de M. Strauss Kahn pour la Guinée.

En 2007, après la nomination de Lansana Kouyaté dans les fonctions de Premier ministre en Guinée, en tant que directeur général, DSK n’hésitera pas un instant à accorder, sans aucune période d’observation qui est la pratique courante au FMI, le programme formel à la Guinée, comme le firent, en 1996, Michel Camdessus et Alassane Dramane Ouattara, alors respectivement directeur et directeur adjoint du FMI, pour leur ami, Sidya Touré, fraichement nommé Premier ministre de Guinée. Ce programme accordé en 2007 et qui était la relance de celui de 1996 devait enfin permettre à la Guinée d’atteindre, en fin 2008, le point d’achèvement de l’initiative PPTE – Pays Pauvres Très Endettés - avec un effacement ou allégement de sa dette extérieure à hauteur de 2 milliards 500.000 dollars US.

Hélas, nos inconstances politiques étant ce qu’elles sont, surtout «la mauvaise gouvernance réinstaurée depuis le parachutage d’un certain Ahmed Tidiane Souaré à la primature», ont toujours ajourné cette perspective économique et financière qui aurait constitué une véritable bouffée d’oxygène pour la Guinée. Cependant, avec DSK resté au FMI jusqu’au scandale présumé ou réel, la possibilité pour la Guinée d’atteindre le point d’achèvement de l’IPPTE est demeurée. Mais cette ‘’mansuétude’’ de DSK à l’égard de la Guinée n’est ni fortuite ni gratuite.

Tout comme Nafissatou Diallo à travers le village de Tchakoulé, Dominique Strauss Kahn, aurait aussi ses attaches en Guinée, par le biais du quartier populeux de la SIG-Madina (lieu d’habitation de la famille Kéita) ou le village de Balato (leur village d’origine) dans la préfecture de Kouroussa.

En effet, le défunt Kéita Kara De Soufiana (l’un des quatre pendus au pont "8 novembre" en janvier 1971) a eu pour première épouse la sœur de Dominique Strauss-Kahn. Et l’enfant issu de cette union, Stéphane Kéita, est un énarque franco-guinéen, haut fonctionnaire à Bercy (ministère des finances), ancien directeur de cabinet de DSK.

Stéphane Kéita a de nombreux frères et sœurs nés des mariages ultérieurs du commissaire Kara Kéita De Soufiana. Ainsi, par extension, ces demi-frères et sœurs de son neveu Stéphane, considèrent aussi DSK comme leur oncle. N’est-ce pas là, la perception africaine de la famille?

Comme on le voit, cette regrettable affaire peut aussi se résumer comme une confrontation entre deux personnes liées à la Guinée par le sang ou par alliance. Dans un cas comme dans l’autre, le même goût d’amour semble réel sinon, perceptible.

Texte d’origine : A.Condé
Rewrited by : AfricaLog.com

 

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