La question mérite d’être posée à qui de droit, d’autant que dans la tête du Guinéen, et probablement dans celle de ses nouveaux dirigeants, l’ancienne ENTA et ENTAG signifient la même chose, c’est-à-dire qu’une entreprise d’Etat est passée du statut public à celui de privé. Peut-être que cette perception n’est pas totalement fausse. Sauf qu’il importe de préciser que la défunte entreprise nationale des tabacs et allumettes (ENTA) héritée de la première République, couteuse, improductive et insupportable, avait été scindée en deux entités distinctes : l’unité de tabacs et celle des allumettes.
La partie usine de tabac (ENTA) a été, sous la forme d’un bail emphytéotique, cédé à des opérateurs privés guinéens et étrangers. Donc, sur une durée de vie déterminée.
Quant à l’unité de production d’allumettes (ENTAG), établie sur une superficie encore plus vaste, elle avait été vendue au groupement SOPRAG (Société de Production d’Allumettes de Guinée) dont le président du conseil d’administration est Mamadi Diané de la SOFIG. Reprise à un million (1.000.000) de dollars US, les nouveaux acquéreurs animés par l’esprit de modernisation industrielle du pays, investirent de gros moyens financiers et matériels pour réactiver une usine moribonde.
Ainsi, grâce à ce lourd investissement, la production a été relancée, l’emploi a été garanti à plus de 350 ingénieurs, techniciens, ouvriers et manœuvres guinéens. Des taxes et impôts de l’Etat régulièrement payés.
Cependant, malgré ses fermes engagements, l’Etat n’avait fourni aucun effort pour protéger cette industrie locale libérale naissante. Pis, des agents de l’Etat, par des pratiques véreuses, soutinrent la fraude en fermant les yeux face sur les importations de trafiquants irrégulièrement et indûment exonérés de taxes.
Face à la concurrence déloyale soutenue par l’Etat ou ses représentants, l’option industrielle voulue par Sidya Touré et ses partenaires, déjà à l’époque pour son pays, a été fortement paralysée. Soumis qu’ils étaient aux lourdes charges fixes, au manque d’électricité nécessaire pour faire tourner les machines, aux droits, taxes et impôts. Il était ainsi, pratiquement impossible de tenir face à des fraudeurs bénéficiant du soutien et de la protection de l’Etat. Produire l’allumette en Guinée était devenu plus coûteux que l’importation de la même marchandise. Tout était fait et entretenu pour tuer la production locale.
En attendant de revenir sur les péripéties de cette usine qui, depuis la date de son rachat en janvier 1987 est une propriété privée comme l’attestent tous les documents officiels appropriés, il faut dire que l’avènement à la magistrature suprême du professeur Alpha Condé était perçu comme un facteur de correction des anomalies et imperfections administratives ayant porté un préjudice au fonctionnement correct de l’usine, et non à un retour au système d’expropriation rappelant le totalitarisme abhorré d’antan.
Peut-être que les cadres ayant soumis les décrets (respectivement, D/158/PRG/SGG/2011 et D/2011/175/PRG/SGG/2011) qui renationalisent la société ENTAG ont oublié de faire le distinguo entre les établissements de cette unité sous un régime de bail emphytéotique et donc susceptible de revenir dans le patrimoine public, et le domaine où se produisaient les allumettes vendues à la SOPRAG.
Si tel est le cas, il serait urgent de revenir sur l’erreur, et de remettre à l’endroit ce que
"l’improvisation" à dû mettre à l’étroit. Dans le cas contraire, le risque d’un procès, à coup sûr, onéreux et perdu d’avance planerait au-dessus de la tête de l’Etat guinéen. Sans perdre de vue le plus gros danger qui consiste à fermer la porte aux investisseurs sérieux.
Surtout que le récent séjour de la forte délégation du MEDEF international à Conakry augure déjà un espoir qui ne devrait être déçu par le comportement de certains compatriotes qui ne trouvent du plaisir que dans la jalousie, la méchanceté et les règlements de comptes à l’encontre de leurs frères.
Dossier à suivre…
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