Les électeurs du Niger se prononcent mardi par référendum sur une prolongation du mandat présidentiel à laquelle s'opposent les adversaires politiques du chef de l'Etat, Mamadou Tandja, et que la communauté internationale estime préjudiciable à la stabilité nationale.
Mamadou Tandja, au pouvoir depuis 1999 dans ce pays du Sahel, demande à rester à la tête de l'Etat trois années de plus afin de superviser d'importants investissements étrangers et des projets d'infrastructure impliquant la Chine et la France. Ce qui requiert une révision constitutionnelle. Aux termes de la législation en vigueur, le second et dernier mandat de Tandja expire à la fin de l'année, et la Cour constitutionnelle a fait valoir que le projet du président était contraire aux dispositions de la Loi fondamentale. Mamadou Tandja affirme, lui, que les Nigériens souhaitent qu'il reste au pouvoir pour mener de grands chantiers, notamment un projet minier avec le français Areva qui fera du pays le deuxième producteur d'uranium à l'horizon 2012, un projet de raffinerie avec la Chine et la construction d'un barrage hydroélectrique avec les bailleurs de fonds. Les forces de sécurité ont annoncé qu'elles fermeraient les frontières terrestres entre lundi minuit et mardi minuit à l'occasion du référendum. "Le gouvernement a pris des dispositions pour garantir un déroulement paisible du scrutin et permettre à chaque citoyen d'exercer son droit dans un environnement calme et sûr", a déclaré Tandja dans une allocution télévisée. "Je veillerai à ce que rien n'entrave la volonté souveraine du peuple." TANDJA IGNORE LES PRESSIONS Pour parvenir à ses fins, le chef de l'Etat a dissous le Parlement, seule institution à même de le poursuivre pour haute trahison. Il s'est adjugé les pleins pouvoirs, notamment sur le plan législatif, et a remplacé les membres de la Cour constitutionnelle qui lui étaient hostiles. Des critiques ont été émises à l'étranger, mais le chef de l'Etat a fait comprendre qu'il ne céderait ni aux manifestations dans son pays, ni aux pressions et menaces de sanctions économiques extérieures. Le dirigeant d'opposition Mahamadou Issoufou a exhorté les quelques six millions d'électeurs inscrits à boycotter le scrutin. L'Union européenne a déjà suspendu le versement d'une tranche d'aide budgétaire et a noté que le projet de prolongation du mandat présidentiel risquait d'entraîner des "conséquences graves" pour la coopération entre le Niger et l'UE. "La dissolution de la Cour constitutionnelle et l'exercice de pouvoirs gouvernementaux sans contrôle parlementaire sont des violations graves de valeurs démocratiques essentielles et des principes de l'Etat de droit", a souligné la présidence suédoise de l'UE. Les Nations unies ont lancé un appel au calme pendant les opérations de vote. "Le secrétaire général demande aux habitants du Niger de faire preuve de la plus grande modération et exhorte toutes les parties à s'abstenir de toute forme de violence", dit un communiqué de l'UE. - Reuters