Les rebelles libyens ont indiqué mercredi avoir fait, sans succès, une offre à Mouammar Kadhafi de passer la main tout en restant au pays, alors que les deux camps en conflit en Libye demeurent "loin d'un accord politique" selon l'envoyé spécial de l'ONU.
"Nous avons fait une proposition. Le délai est passé. La proposition n'est plus valable", a indiqué le chef du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique des rebelles libyens à Benghazi (est), Moustafa Abdeljalil, précisant qu'une proposition en trois points avait été transmise au dirigeant libyen par l'intermédiaire de l'ONU.
Le CNT avait remis à l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Adbel-Elah Al-Khatib, "une offre très précise, bien intentionnée, prévoyant que Kadhafi pouvait rester en Libye sous trois conditions", a indiqué M. Abdeljalil au cours d'une conférence de presse.
Selon cette offre, Mouammar Kadhafi devait abandonner le pouvoir et renoncer à toutes ses responsabilités, son lieu de résidence aurait été "le choix du peuple libyen" et aurait été placé sous "surveillance étroite", a-t-il ajouté.
La France et la Grande-Bretagne, ainsi qu'un responsable de la rébellion, ont suggéré ces derniers jours que le colonel Kadhafi puisse être autorisé sous conditions à rester en Libye, du moment qu'il quittait le pouvoir.
Mais le Premier ministre libyen est demeuré inflexible à l'issue de sa rencontre avec l'émissaire de l'ONU, répétant qu'un départ du pouvoir du dirigeant Mouammar Kadhafi n'était "pas un sujet de discussion".
En réponse aux pays ayant suggéré que le leader libyen pourrait rester dans son pays s'il abandonnait le pouvoir, le bureau du procureur de la Cour Pénale internationale (CPI) a indiqué que la Libye devait exécuter le mandat d'arrêt délivré par cette Cour contre Mouammar Kadhafi.
Mouammar Kadhafi, son fils Seif Al-Islam et le chef des services du renseignement libyens, Abdallah Al-Senoussi, font l'objet de mandats d'arrêt émis le 27 juin par la CPI, qui a compétence en Libye en vertu d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU du 26 février.
De son côté, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye n'a fait état d'aucun progrès à l'issue de ses discussions en début de semaine avec des représentants du CNT puis avec le Premier ministre libyen Baghdadi Al-Mahmoudi mardi à Tripoli.
"Il apparaît clairement sur la base des discussions à Tripoli et Benghazi (...) que les deux camps restent loin d'un accord sur une solution politique", a-t-il commenté.
Sur le plan diplomatique, les rebelles ont reçu le soutien clair de la Grande-Bretagne qui a reconnu le CNT comme comme seul "gouvernement légitime" de Libye et l'a invité à s'installer à l'ambassade libyenne à Londres après expulsion des diplomates pro-Kadhafi.
Londres a également décidé de mettre fin au gel d'actifs pétroliers libyens d'une valeur de 91 millions de livres (102 millions d'euros). Bloqués dans le cadre d'une résolution de l'ONU, ils seront transférés au CNT.
La Grande-Bretagne participe activement aux opérations contre les forces pro-Kadhafi en Libye engagées depuis la mi-mars.
Sur le terrain, l'Otan maintient une forte pression sur les forces loyalistes avec toujours des dizaines de raids aériens quotidiens au-dessus du pays.
L'Alliance atlantique a mis en garde les forces du colonel contre la tentation de s'abriter dans des sites civils, comme des étables, des bâtiments agricoles, des entrepôts ou des usines, prévenant qu'elles en feraient automatiquement des "cibles militaires légitimes".
Cet avertissement, qui semble dénoter un durcissement de la stratégie de l'Otan, intervient peu après une visite de presse organisée par le régime dans la ville de Zliten, à 150 km à l'est de la capitale, où les partisans du colonel avaient montré plusieurs bâtiments civils détruits selon eux par l'Otan et affirmé que sept personnes avaient péri dans ces frappes.
Une plainte pour "crimes de guerre" déposée début juin en Belgique contre l'Otan par Aïcha Kadhafi, fille du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a été classée sans suite, la justice belge s'estimant incompétente, a annoncé mercredi le parquet fédéral belge.
Par ailleurs, la justice belge devait être saisie mercredi d'une nouvelle plainte contre l'Otan, cette fois devant un tribunal civil, par un Libyen, Khaled Hemidi, qui accuse l'alliance d'avoir le 20 juin tué son épouse et ses trois enfants lors d'un bombardement qui aurait visé son père, proche du régime de Tripoli.
A Benghazi, fief de la rébellion, des expatriés libyens ont annoncé mardi avoir créé un parti politique, le Parti de la Nouvelle Libye, une première depuis des décennies dans ce pays dirigé d'une main de fer par le colonel Kadhafi depuis près de 42 ans. – avec AFP