«Je n’ai jamais eu confiance en Alpha Condé pour des questions tout à fait personnelles, sa manière de faire, ses méthodes, ses orientations ne m’inspiraient pas confiance», a dit Bah Oury, le Vice-président de l’UFDG.
Le 19 Juillet, des assaillants ont attaqué la résidence privée du Président Alpha Condé. Ce même jour, des militaires ont fait des descentes chez Bah Oury, le Vice-président de l’UFDG qui était porté disparu. Exfiltré de Conakry, il a réapparu deux semaines après et a parlé à partir de son lieu d’exil. Au cours d’un entretien avec la radio Médias d’Afrique, au lendemain de sa sortie médiatique sur RFI, Monsieur Bah Oury explique pourquoi il a choisi l’exil et la lutte clandestine:
«Je n’ai pas une explication rationnelle mais j’estime que Alpha Condé a pensé que j’étais dangereux pour son régime et je peux dire que même avant le 19 Juillet, on avait reçu des informations comme quoi, le gouvernement guinéen était en train de vouloir organiser quelque chose et mettre ça sur la tête de Bah Oury et compagnie, et en profiter pour nous arrêter. Donc j’estime que c’est dans ce cadre».
A propos des rumeurs sur la division au sein de l’UFDG et sur son admission qu’il n’a pas de contact avec le Président du parti, Cellou Dalein Diallo, Bah Oury explique: «Dans la situation dans laquelle je me trouve, il est important de ne pas avoir une attitude qui pourrait compromettre la sécurité de certains de mes amis quelque soit le lieu où ils se trouvent à travers le monde. Même ceux qui m’ont aidé à être là où je suis actuellement, je tiens à ce que leur sécurité ne soit pas dans une large mesure perturbée. C’est la raison pour laquelle j’évite au maximum d’avoir un contact avec qui que ce soit, sauf à quelques cas particuliers, afin de ne pas favoriser une attitude qui pourrait compromettre certains de nos amis».
Concernant le revirement de la situation politique en Guinée, et la gestion du pays par le nouveau pouvoir, ses relations avec le Professeur Alpha Condé, le Vice-président de l’UFDG déclare:
«Depuis très longtemps, on a été avec Alpha Condé dans l’opposition. On a eu à faire beaucoup de choses ensemble. Le doyen Bâ Mamadou s’était fortement battu pour le faire libérer à un moment donné. Mais personnellement, je n’ai jamais eu confiance en lui, pour des questions tout à fait personnelles, sa manière de faire, ses méthodes, ses orientations ne m’inspiraient pas confiance. Personnellement je ne suis pas étonné de la manière dont il dirige le pays actuellement. Pour moi, c’est une confirmation de ce que je savais déjà.»
Bah Oury dit qu’il ne souhaite pas vivre en exil pendant longtemps. «La stratégie et l’attitude pour mener la lutte de façon efficace» seront en adéquation avec la situation dans le pays dans les prochaines semaines a-t-il assuré.
Sur la nature de ses relations avec le général Sékouba Konaté, Bah Oury a dit qu’il «n’a pas cessé de dire que ce dernier à jouer un rôle extrêmement négatif dans la manière dont la transition a été dirigée, ce qui a fait que notre candidat [Cellou Dalein Diallo] a perdu le second tour des élections présidentielles. Mais dans le contexte actuel, beaucoup de proches du général Sékouba Konaté sont arrêtés de manière arbitraire et injuste. Je suis solidaire avec tous ceux qui sont injustement torturés, arrêtés. Tous les leaders des bords politiques différents doivent se donner la main et oublier les querelles antérieures pour empêcher qu’une nouvelle dictature s’installe en Guinée.»
Bah Oury a fustigé le gouvernement Guinéen qu’il a comparé à un «régime stalinien qui est prêt à pousser les gens à faire des aveux sur n’importe quoi sous la torture.»
«Je m’étonne des informations qui font état des aveux des assaillants arrêtés. Je m’étonne que le gouvernement puisse avoir les aveux alors que la justice n’a pas encore fait son travail. C’est la preuve que cet événement du 19 Juillet, était prémédité, planifié. C’est ça qu’ils voulaient faire depuis longtemps, ils ont eu l’occasion à travers une mascarade organisée de pouvoir le faire. Mais cela ne trompe personne. Il faut qu’au delà de l’émotion qui peut animer les uns et les autres, savoir qu’il faut s’organiser pour que Alpha Condé ne réussisse pas dans sa mission d’imposer une dictature dans notre pays», a-t-il insisté.
M. Bah Oury a rassuré que son absence et celle du Président de l’UFDG du pays ne devraient pas avoir un impact négatif sur l’évolution et la gestion de son parti. Il faut rappeler que le gouvernement a annoncé que les élections législatives vont se tenir avant la fin de l’année.
Citant des exemples de divisions dans le pays, comme le récent conflit en Guinée forestière, Bah Oury a lancé un appel pressant aux Guinéens: «Il faut changer de stratégie, il faut organiser la résistance à l’extérieur comme à l’intérieur. Il ne s’agit pas d’une lutte politique comme dans le passé, il faut utiliser les nouvelles méthodes.»
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