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Dos au mur, Kadhafi peut négocier ou résister

Aug 17, 2011

Six mois après le début de l'insurrection en Libye, Mouammar Kadhafi semble plus que jamais isolé et face à une alternative simple: défendre coûte que coûte Tripoli ou négocier une sortie honorable.

Les rebelles ont enregistré au cours des dernières 48 heures plusieurs succès stratégiques et psychologiques en prenant le contrôle de Zaouïah, sur l'axe menant à la Tunisie, ainsi que de la localité de Gariane, au sud de la capitale.

Cette progression des insurgés soutenus par l'aviation de l'Otan risque de perturber encore plus les ravitaillements en carburant et en denrées alimentaires dans le fief kadhafiste.

Toutefois, la prudence sur les chances de victoire finale des rebelles reste de rigueur, l'histoire du conflit montrant que les gains territoriaux ont souvent été suivis par des pertes équivalentes.

Si les insurgés parviennent à consolider leurs positions, la fin du régime instauré il y près de 42 ans par le colonel Kadhafi apparaîtrait plus proche que jamais.

"L'effondrement du régime libyen est peut-être proche, ou pas, mais il semble désormais acquis qu'il se produira tôt ou tard", dit Daniel Korski, membre du Conseil européen pour les relations internationales.

"La forme de cet effondrement et la manière dont les rebelles prendront le pouvoir seront aussi importantes que la façon dont a été menée la guerre", ajoute-t-il.

CARTE DU PIRE

Encouragés par leurs récents succès, certains insurgés entendent pousser leur avantage et marcher maintenant sur la capitale. Or, les observateurs notent que cette option n'est pas celle qui a les faveurs de leur commandement.

Le risque est de voir Kadhafi jouer la carte du pire et de jeter tous ses hommes et toutes ses armes dans une bataille désespérée pour la défense de Tripoli. Une guérilla urbaine se traduirait par de nombreuses victimes civiles et une partie de la population pourrait se mobiliser contre les insurgés.

Le bain de sang qui en résulterait déboucherait probablement sur des rancoeurs et des vengeances qui rendraient la capitale, et au-delà le pays, ingouvernables.

"Une bataille pour Tripoli peut se révéler extrêmement sanglante", estime David Hartwell, spécialiste de l'Afrique du Nord et du Proche-Orient dans un cabinet d'analyse stratégique.

"Mon sentiment est que la stratégie est d'isoler la capitale et de commencer à exercer une pression. Ils (les rebelles) semblent essayer de couper les voies d'accès à la capitale et on peut supposer que c'est pour éviter de mener un assaut", dit-il.

TROIS SCÉNARIOS

Encercler Tripoli et couper le ravitaillement de la capitale peut aboutir à trois scénarios.

* À court de carburant et incapables de mobiliser armes et renforts, les forces de sécurité kadhafistes décident que déposer les armes et rejoindre la rébellion est la seule solution.

* Les opposants à Kadhafi au sein même de son appareil sécuritaire tentent de lancer une insurrection à l'intérieur de la capitale elle-même.

Des membres de l'opposition clandestine, dont certains sont armés, ont expliqué à Reuters qu'ils attendaient le bon moment pour fomenter une révolte. Toute la question est de savoir à quel moment la situation sera suffisamment favorable, note un analyste du Royal United Services Institute à Londres.

* Le troisième scénario est que Mouammar Kadhafi accepte de négocier sa sortie. Cela pourrait signifier pour lui et sa famille le chemin de l'exil et la garantie de ne pas être traduit devant la Cour pénale internationale (CPI).

Les gens qui connaissent le dirigeant libyen savent que, derrière son comportement enflammé, il est un fort pragmatique et capable de conclure un accord pour sauver la vie des membres de sa famille.

Toutefois, il ne se résoudra à pareille solution qu'en dernier recours, lorsqu'il aura perdu tout espoir de retourner la situation à son avantage. Dimanche, son porte-parole a démenti les rumeurs concernant des négociations sur son départ.

Le pire scénario serait que la stratégie des rebelles conduise à une position figée sur le terrain, Kadhafi parvenant à se maintenir dans la capitale. Dans ce cas pourrait s'ouvrir une guerre urbaine très coûteuse pour la population.

"Il ne serait pas surprenant que Kadhafi fasse feu de tout bois tant qu'un accord n'est pas sur la table. Il n'a pas de stratégie de sortie", rappelle Anthony Skinner, analyste chez Maplecroft. – avec Reuters

 

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