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Anna Hazare, le «nouveau Gandhi»

Aug 20, 2011

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées mercredi soir dans le centre de la capitale indienne, New Delhi, pour soutenir la campagne de lutte contre la corruption d'un activiste de 74 ans, qui n'en finit plus d'embarrasser le gouvernement. Des milliers d'autres Indiens ont aussi manifesté ailleurs dans le pays.

Les organisateurs de ce geste d'appui spontané à Anna Hazare estiment que plus de 60 000 personnes se sont réunies autour du monument de la Porte de l'Inde, face au Parlement. La police admet que des dizaines de milliers de personnes sont sur les lieux.

Cette manifestation, qui réunit des Indiens de tous les horizons, a eu lieu quelques heures après que le premier ministre Mahmohan Singh s'en fut ouvertement pris à M. Hazare, dont la croisade est inspirée par les méthodes non violentes du Mahatma Gandhi.

Anna Hazare, qui porte une longue tunique blanche et de petites lunettes comme le leader de la lutte pour l'indépendance de l'Inde, a été arrêté mardi, avant qu'il ne puisse entreprendre une grève de la faim dans un parc public de New Delhi. Il voulait forcer le gouvernement Singh à étoffer une nouvelle loi anticorruption.

Le fondateur du Mouvement indien contre la corruption, qui affirme mener une « deuxième lutte pour la liberté » des Indiens, a été écroué après avoir refusé de préciser le nombre de jours de jeûne planifiés et le nombre de manifestants qui se joindraient à lui.

Aux origines de la crise

La croisade actuelle d'Anna Hazare a commencé en avril. Le septuagénaire a alors entrepris une grève de la faim afin de forcer le gouvernement à adopter une loi permettant de lutter efficacement contre la corruption. Il y a mis un terme après quatre jours, lorsque le gouvernement a promis de déposer un projet de loi créant un ombudsman anticorruption. Le dépôt du projet de loi, début août, a mis le feu aux poudres. M. Hazare et d'autres activistes anticorruption l'ont dénoncé, parce qu'il place le premier ministre et les juges à l'abri de toute enquête. Anna Hazare a alors établi un plan pour une nouvelle grève de la faim.

Un jeûne embarrassant

L'emprisonnement d'Anna Hazare a soulevé un tollé et a poussé des Indiens à descendre en masse dans les rues de plusieurs villes, certains arborant des banderoles sur lesquelles on peut lire « Je suis Anna ».

Des milliers de manifestants ont été brièvement détenus par les forces de l'ordre. Ces détentions ont secoué l'imaginaire des Indiens, en rappelant à leur mémoire les arrestations massives de 1975 que la première ministre Indira Gandhi a ordonnées afin de rester au pouvoir.

Le gouvernement a ordonné la libération d'Anna Hazare, mais ce dernier refuse maintenant de sortir de prison tant qu'on ne lui aura pas garanti le droit de mener un jeûne illimité. Les négociations à ce sujet sont actuellement au point mort.

« Je reconnais qu'Anna Hazare est inspiré par de grands idéaux », a déclaré le premier ministre Singh, mercredi, au Parlement. « Cependant, la voie qu'il a choisie pour imposer un projet de loi au Parlement est totalement infondée et lourde de conséquences pour notre démocratie parlementaire », a-t-il déclaré.

« Nous ne devons pas créer un environnement dans lequel nos progrès économiques sont pris en otage par des dissensions internes », a-t-il affirmé, lors d'une nouvelle séance tumultueuse.

Mardi, les travaux parlementaires ont été ajournés en raison des invectives que s'échangeaient les parlementaires de la coalition au pouvoir, menée par le Parti du Congrès, et les partis d'opposition.

Série de scandales

La classe politique indienne a été éclaboussée par de nombreux scandales de corruption au cours des derniers mois. Le plus retentissant concerne le versement de pots-de-vin lors de l'octroi de licences téléphoniques, une affaire qui aurait coûté 40 milliards de dollars au gouvernement. D'autres scandales liés à la tenue des Jeux du Commonwealth, l'an dernier, ont aussi fait grand bruit.

Le principal parti d'opposition, le Bharatiya Janata Party (BJP), n'est pas épargné par les scandales. Il est également englué dans une affaire de pots-de-vin de 3,6 milliards de dollars reliés à l'octroi de concessions minières dans l'État du Karnataka, dans le sud du pays.

Le mouvement initié par Anna Hazare prend de l'ampleur dans un contexte de ralentissement de la croissance et d'une flambée des prix dans le pays de 1,2 milliard d'habitants. – avec agences, AP, Reuters

 

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