Dominique Strauss-Kahn a récupéré son passeport, a déclaré jeudi l'un de ses avocats, deux jours après l'abandon des poursuites contre l'ancien directeur général du Fonds monétaire international.
Shawn Naunton a fait cette déclaration après avoir rendu visite à M. Strauss-Kahn dans sa maison de TriBeCa dans le sud de Manhattan.
Par ailleurs, Dominique Strauss-Kahn compte se rendre la semaine prochaine à Washington pour rencontrer ses anciens collaborateurs du FMI, une visite qui devrait retarder d'autant son retour en France prévu après la levée des poursuites contre lui pour crimes sexuels.
L'ancien patron du Fonds monétaire international, désormais libre de ses mouvements, envisage de se rendre à l'institution, peut-être «dès la semaine prochaine», pour une visite «privée», a indiqué jeudi à la presse un porte-parole du FMI David Hawley.
Les procureurs ont demandé et obtenu mardi d'un juge de Manhattan l'abandon de toutes les poursuites contre l'ancien patron du Fonds qui avait plaidé non coupable le 6 juin de sept chefs d'accusation dont tentative de viol, agression sexuelle et séquestration sur une femme de chambre guinéenne de 32 ans.
«Comme tout ancien directeur général du FMI, M. Strauss-Kahn serait le bienvenu au Fonds. Je crois qu'il a l'intention de passer au quartier général (du Fonds, à Washington), à titre personnel», a déclaré M. Hawley.
Cependant, selon un employé du FMI, le Fonds ne serait pas en effervescence à l'annonce de la venue de son ancien patron.
«Mon impression, c'est que les gens s'en moquent. Il n'y a pas une personne qui m'ait parlé» de sa venue, a-t-il dit. «Les gens l'aimaient bien», mais ils n'ont «vraiment pas le temps» de s'occuper de ça.
L'ancien ministre des Finances français, âgé de 62 ans, avait annoncé sa démission du Fonds le 19 mai dernier, cinq jours après son arrestation à New York dans un avion en partance pour Paris.
«C'est avec une infinie tristesse que je me vois obligé aujourd'hui de proposer au conseil d'administration ma démission de mon poste de directeur général du FMI», écrivait-il dans une lettre rédigée depuis la prison de Rikers Island à New York.
«Je veux préserver cette institution que j'ai servie avec honneur et dévouement, et surtout, surtout, je veux consacrer toutes mes forces, tout mon temps et toute mon énergie à démontrer mon innocence», poursuivait-il.
Depuis sa prise de fonctions en novembre 2007 et jusqu'à sa démission, Dominique Strauss-Kahn n'avait pas ménagé sa peine pour restructurer l'institution et ce qu'il pensait être le bien de l'économie mondiale.
Seul bémol dans cette «success story» jusqu'à son arrestation: en 2008, le FMI avait commandé une enquête sur son directeur général à la suite de la révélation d'une relation extra-conjugale avec une ancienne responsable du département Afrique, Piroska Nagy. L'institution avait alors reproché à M. Strauss-Kahn une «grave erreur de jugement».
Depuis mardi où il a dîné dans un restaurant italien, au soir de son non-lieu, DSK n'a fait aucune apparition publique.
«C'est la fin d'une épreuve terrible et injuste. Je suis soulagé pour ma femme, mes enfants, mes amis, tous ceux qui m'ont soutenu (...) J'ai hâte de rentrer dans mon pays mais j'ai encore quelques petites choses à faire avant de pouvoir partir et je m'exprimerai plus longuement quand je serai de retour en France», avait déclaré, visiblement soulagé, M. Strauss-Kahn devant sa luxueuse maison du sud de Manhattan, après l'audience lui rendant sa liberté.
Ainsi, l'ancien ministre français se rendra à Washington avant de rentrer en France, où un sondage CSA/20 minutes/BFMTV/RMC indique cependant que 53% des Français ne souhaitent pas que l'ancien favori de la présidentielle de 2012 participe au débat politique dans les prochains mois.
DSK n'en a pas complètement fini avec la justice américaine: les avocats de Nafissatou Diallo, la femme de chambre guinéenne, ont en effet lancé début août une procédure civile devant un tribunal du Bronx pour obtenir des dommages et intérêts. – avec AFP