La mort accidentelle ou pas du chef rebelle Ibrahim Ag Bahanga dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 août, est accueillie avec soulagement par certains Maliens interrogé à Bamako.
«Un musulman ne doit pas se réjouir de la mort de son prochain. Mais, je pense que celle de Bahanga est un bon débarras pour le Mali. Surtout que, selon de nombreuses sources, il s'apprêtait à reprendre les armes car ayant profité de la crise libyenne pour s' armer », estime Mohamed, un natif de Kidal (nord malien). « Bahanga, ajoute cet enseignant, a toujours été un obstacle à la paix et à la sécurité du nord Mali.».
«Avec les armes qu'il a récupérées en Libye, il devenait très fort et une sérieuse menace pour la paix, souligne de son côté Youssouf Maïga, un étudiant originaire de Gao.
«Sa mort est un souci de moins pour les autorités maliennes dans leur volonté développer les régions du nord Mali. Il a toujours été une entrave à la paix et à la sécurité indispensables à tout développement», affirme M. Cissé, un cadre de banque ressortissant de Tombouctou.
De nombreux Maliens continuent s'interrogent sur les circonstances de cette mort. «Est-il mort des suite d'un accident (comme l'affirment ses proches) ou des suite d'un règlement de comptes avec des touareg ayant fui le front libyen ? N'a-t-il pas été victime de la lutte de leadership au sein de son propre groupe? », se demande un officier de l'armée malienne ayant requis l' anonymat.
Il est convaincu en tout cas «que cet éternel torpilleur des efforts de paix et de développement des régions nord du Mali a été assassiné par des éléments de son groupe pour l'empêcher de reprendre les armes et plonger le septentrion malien dans l' incertitude et la tragédie », croit savoir l'officier.
Par ailleurs, certaines sources militaires ou administratives n'excluent pas qu'Ibrahim Ag Bahanga ait pu être liquidé par des narcotrafiquants, ses anciens alliés qu'il aurait trahi. Mais, même mort, Bahanga continue à régler ses comptes avec les autorités maliennes. En effet, dans un article publié aujourd'hui par le quotidien Al Watan d'Algérie, il déclarait que «Aqmi s'est équipée grâce au Mali et à certains pays occidentaux. C'est avec l'autorisation de Bamako que les otages sont enlevés et c'est toujours avec sa bénédiction qu'ils sont dirigés vers le nord du Mali, pour y être cachés et protégés ».
Evoquant la Libye dans le même entretien, il aurait estimé que la disparition de Mouammar Kadhafi était «est une bonne nouvelle pour l'ensemble des Touareg de la région... La rébellion en Libye constitue pour les Touareg une occasion de revenir chez eux et de demander des comptes à l'Etat malien, qui s'est toujours rangé du côté de la Libye contre sa population du Nord. Ils doivent amener Bamako à prendre en compte leurs revendications même si c'est par la force des armes».
Le gouvernement malien n'a pas encore officiellement réagi à cette accusation. Toutefois, un cadre du ministère malien des Affaires étrangères estime que «Bahanga s'apprêtait à reprendre les armes contre l'armée malienne. Il fallait qu'il justifie cet acte de haute trahison aux yeux des siens et de l'opinion internationale. L'interview qu'il aurait accordée à Al Watan procède de cette stratégie de justification d'une action armée ».
Ibrahim Ag Bahanga a toujours voulu évoluer en marge du processus de paix initié dans le Nord du Mali avec les Accords d'Alger signés en juillet 2006 entre Bamako et des groupes touaregs maliens. – AfricaLog avec Xinhua