Dix ans après le 11-Septembre, les Américains, unis dans l'émotion et le recueillement, ont rendu hommage dimanche aux quelque 3000 victimes des attentats qui ont profondément changé leur pays.
À New York, où la sécurité avait été renforcée en raison d'une menace «non corroborée» d'attentat par Al-Qaïda, le président Barack Obama a assisté avec son prédécesseur George W. Bush à une cérémonie où les familles ont égrené, un par un, les noms des victimes.
Et sur le site en reconstruction des tours du World Trade Center, la foule émue s'est figée à six reprises dans un moment de silence : à l'instant précis des attaques contre les tours du World Trade Center et le Pentagone, à l'heure où un avion s'était écrasé en Pennsylvanie, et à l'heure où les tours se sont effondrées, faisant au total 2977 morts, dont 2753 à New York.
La voix parfois brisée par l'émotion, parents, enfants, conjoints, frères, soeurs, ont souvent ajouté à l'énoncé du nom du disparu un bref hommage, un regret ou un mot d'amour.
Serrant sur leur coeur des photos, les familles ont pu ensuite découvrir le mémorial du 11-Septembre, un espace de trois hectares planté de chênes, enfin terminé.
Deux immenses bassins de granit, creusés à l'endroit même des tours, portent sur leur margelle le nom gravé en bronze des victimes du 11-Septembre, mais aussi celui des victimes du premier attentat contre le WTC en 1993 : au total, 2983 noms.
De nombreuses familles sont allées dimanche y caresser les noms gravés, en prendre l'empreinte, et y apporter des roses.
La cérémonie, en présence du maire de New York Michael Bloomberg et de son prédécesseur Rudy Guiliani, s'est déroulée quatre mois après la mort du chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, tué au Pakistan par un commando américain le 2 mai. Une mort qui a aidé certains Américains, désormais plus préoccupés par la crise économique, à lentement tourner la page.
M. Obama, qui s'est dit «particulièrement touché par la cérémonie de New York, et par la «sérénité» du nouveau mémorial, s'est ensuite rendu dimanche avec son épouse Michelle à Shanksville (Pennsylvanie).
Il y a déposé une gerbe à la mémoire des 40 passagers et membres d'équipage du vol 93, qui s'était écrasé en voulant contrer le plan des terroristes visant probablement le Capitole à Washington.
Une cérémonie a également eu lieu au Pentagone, où les attentats ont tué 184 personnes, à Washington. Là, en présence du vice-président Joe Biden, le secrétaire à la Défense Leon Panetta a rendu hommage aux troupes américaines pour leurs sacrifices, grâce auxquels «notre nation est aujourd'hui plus sûre et plus forte».
Les deux guerres en Afghanistan et en Irak, engagées après le 11-Septembre, ont tué plus de 6200 soldats américains.
Une cinquantaine de militaires américains ont encore été blessés, avec d'autres soldats de la coalition, samedi, lorsqu'un kamikaze a fait exploser un camion piégé à l'entrée d'une petite base de l'OTAN dans le centre de l'Afghanistan. Les talibans ont revendiqué cette attaque.
Plusieurs autres cérémonies étaient prévues dimanche à New York, dont l'une à la mémoire des 343 pompiers tués le 11-Septembre, à la cathédrale St Patrick, et l'autre à l'US Open de tennis.
D'autres commémorations émailleront la journée un peu partout dans le pays, qui oubliera pour un jour ses profondes divisions politiques, la crise économique et le chômage à plus de 9%.
De l'Afghanistan à la Nouvelle-Zélande, de Paris à Londres, de nombreux pays ont également marqué le 10e anniversaire des attentats, nombre de dirigeants tenant à souligner que la lutte contre le terrorisme était loin d'être terminée.
En Nouvelle-Zélande, joueurs et spectateurs du match Irlande-Etats-Unis de la Coupe du monde de rugby ont observé une minute de silence, au stade Taranaki de New Plymouth.
Les troupes américaines déployées en Afghanistan ont rendu hommage aux morts du 11-Septembre et aux victimes des combats.
Paris s'est associé à l'anniversaire avec des répliques des tours du World Trade Center sur l'esplanade du Trocadéro, des concerts et une messe à Notre-Dame.
À Londres, près de 2000 personnes ont participé à un office religieux à la cathédrale Saint Paul, pour rendre hommage aux 67 Britanniques tués dans les attentats. Une cinquantaine de militants islamistes ont brûlé l'image d'un drapeau américain devant l'ambassade des États-Unis.
En Allemagne, un service oecuménique a été célébré à l'Église américaine de Berlin par des représentants des communautés juive, musulmane et chrétienne. Le drapeau américain était en berne à Checkpoint Charlie.
Et à Rome, une minute de silence a été observée dans les aéroports.
Le pape Benoît XVI a appelé les responsables politiques à «résister à la tentation de la haine», et le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a affirmé qu'après le «long hiver» dont les attentats du 11-Septembre ont marqué le commencement, les événements du «printemps arabe» marquaient «une nouvelle saison d'espoir».
Même si la peur a diminué, les Américains restent très marqués par le 11-Septembre, et les grandes chaînes de télévision ont toutes retransmis en direct dimanche la cérémonie de New York.
Mais après dix ans de guerre, alors que le pays se débat dans une grave crise économique, certains commencent à penser qu'il temps de commencer à tourner la page.
Le bilan financier de ces dix années est particulièrement lourd pour les États-Unis: en comptant les milliards de dollars engloutis dans la sécurité, dans les guerres, mais aussi l'impact économique des attentats et le coût des pertes humaines, il atteint 3.300 milliards de dollars, a selon le New York Times. – AfricaLog avec AFP