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Les pro-Kadhafi résistent

Oct 01, 2011

Les nouvelles autorités libyennes, qui s'efforcent en vain depuis des semaines de prendre les derniers bastions fidèles à l'ex-dirigeant Mouammar Kadhafi, s'inquiétaient samedi pour les civils pris au piège.

Malgré deux semaines d'offensive, les combattants du Conseil national de transition (CNT) butaient toujours à Syrte sur la résistance farouche des forces loyalistes, qui les empêchent de prendre pied dans cette ville côtière située à 360 km à l'est de Tripoli.

À Bani Walid, autre fief pro-Kadhafi à 170 km au sud-est de la capitale, les combattants pro-CNT, positionnés aux abords de cette vaste oasis au relief accidenté, ne parvenaient pas non plus à progresser, malgré près d'un mois de combats qui ont fait 40 morts dans leurs rangs.

Les pro-CNT contrôlent le port et l'aéroport de Syrte, mais n'arrivent toujours pas à consolider durablement leurs positions dans le reste de la ville, où les tireurs embusqués font des ravages quand les combattants s'approchent du centre.

Le commandement misait toutefois sur les conséquences du siège imposé depuis deux semaines à la ville: des combattants pro-Kadhafi ont dit «à la radio qu'ils n'avaient plus d'électricité et qu'ils étaient à court de nourriture et de munitions», a affirmé Hassan Duhan, commandant du conseil militaire, depuis la salle des opérations à Misrata.

«Les hommes de Kadhafi ne mangent que du pain. Ils manquent de nourriture et de munitions», a confirmé le major Mohammed Usba Hanish, un officier pro-Kadhafi qui s'est rendu aux combattants pro-CNT.

Selon un pro-CNT revenant du front, une centaine de véhicules, dont certains lourdement armés, sont entrés samedi dans la ville par le sud pour assiéger le Palais des congrès de Ouagadougou, immense bâtisse où le colonel Kadhafi avait l'habitude d'accueillir des sommets panafricains.

Les pro-CNT pilonnaient aussi Syrte par l'est, selon un journaliste de l'AFP. «Nous visons les bâtiments où se cachent les hommes de Kadhafi», a assuré à l'AFP le colonel Hussein Idris qui supervise les opérations sur ce front.

Mais l'inquiétude était grande pour les milliers de civils pris au piège dans cette ville de 70 000 habitants. Selon un décompte du Croissant-Rouge à Benghazi datant de mercredi, plus de 25 000 personnes ont fui Bani Walid et plus de 18 000 autres se sont échappées de Syrte.

À la sortie ouest de Syrte, en direction de Misrata, le flot ne tarissait pas. Sur la route engorgée de convois de civils, une roquette a touché un véhicule, tuant deux enfants. Ils «ont été réduits en pièces», a déclaré à l'AFP le docteur Ahmed Abou Oud.

«L'OTAN a frappé un grand immeuble il y a deux jours, avec une douzaine de bombes. Il y avait 600 appartements et tout a été rasé», a raconté Ashiq Hussein, un électricien pakistanais installé depuis 30 ans Syrte, alors qu'il fuyait avec 11 membres de sa famille, dont six enfants.

«Ma maison a été touchée hier alors j'ai décidé de partir tôt ce matin avec ma famille. Je ne sais pas si elle a été touchée par une bombe de l'OTAN ou par un tir des pro-CNT», a déclaré Mohammed, un autre habitant, ajoutant qu'il n'y avait plus «de nourriture, de médicaments, d'eau ou d'électricité».

Comme beaucoup d'autres réfugiés les jours précédents, Radwane Abdoulrahim, qui a empilé tout ce qu'il possède dans sa camionnette, explique qu'il a dû emprunter des pistes pour fuir la ville, où les pro-Kadhafi bloquent les routes principales.

Et à Bani Walid, les pro-CNT, dont beaucoup sont originaires de la ville, ont déclaré avoir renoncé à combattre samedi après avoir constaté la présence de boucliers humains.

«Quand nous avons vu les familles, nous avons fait machine arrière (...) Nous sommes positionnés à l'entrée de Bani Walid, nous craignons qu'il y ait des pertes parmi ces familles si nous avançons», a affirmé à l'AFP un commandant du CNT, Mohammed al-Etery, non loin de la ligne de front.

Parallèlement, l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a appelé les nouvelles autorités libyennes à mettre fin aux arrestations arbitraires et aux mauvais traitements infligés aux prisonniers depuis la chute de Mouammar Kadhafi.

Selon HRW, qui a visité 20 centres pénitentiaires à Tripoli et interrogé 53 prisonniers, «des détenus font état de mauvais traitements dans six prisons, indiquant notamment avoir été passés à tabac et avoir reçu des électrochocs».

Des milliers de personnes ont été arrêtées depuis la chute de Tripoli fin août, en particulier des Libyens à la peau noire ou des Africains subsahariens accusés d'avoir combattu aux côtés des forces de l'ancien «Guide», affirme l'organisation.

HRW a aussi appelé le CNT, et ses soutiens internationaux, à mettre sur pied sans délai un système judiciaire capable de traiter la situation de tous ces prisonniers. Aucun de ceux rencontrés par l'organisation n'avait encore été présenté à un juge. – AfricaLog avec AFP
 

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