Le Parti socialiste a réussi une formidable démonstration de force dimanche contre la droite en mobilisant près de 2,5 millions de votants au 1er tour de sa primaire et s'achemine vers un duel serré entre François Hollande et Martine Aubry pour le 2e tour, qui désignera l'adversaire de Nicolas Sarkozy en 2012.
Le député de Corrèze est environ huit points devant la maire de Lille, à l'issue de la première manche. Selon des résultats partiels, François Hollande a obtenu 38,78% des suffrages, devant Martine Aubry (30,63%), Arnaud Montebourg se classant 3e (17,35%), loin devant Ségolène Royal qui dégringole à 6,84%. Manuel Valls obtient 5,69%, Jean-Michel Baylet 0,61%.
Selon Jean-Pierre Mignard, porte-parole de la Haute Autorité (HAP), qui a évalué à près de 2,5 millions, le nombre de votants au 1er tour, les résultats définitifs du scrutin seront connus lundi vers 11h30. «On n'est pas le ministère de l'Intérieur, on n'a pas 70 personnes qui travaillent sur ce sujet, on n'a que 20 postes informatiques», a justifié Catherine Barbaroux, autre membre de la HAP.
Selon l'universitaire Rémi Lefebvre, spécialiste du PS, «les choses sont très ouvertes» pour dimanche prochain, «ça va être extrêmement serré». Frédéric Dabi (Ifop) juge aussi le second tour «très incertain».
Les deux finalistes vont débattre mercredi sur France Télévisions et tiendront chacun meeting jeudi soir, Martine Aubry à Lille et François Hollande à Paris. La maire de Lille sera également invitée du 20H00 de TF1 lundi. Le duel pourrait se durcir, même si M. Hollande a affirmé vouloir «convaincre sans pression, sans arrogance».
Dans le camp Aubry, on fait valoir que «rien n'est joué» malgré le retard de la candidate. Pour Jean-Christophe Cambadélis, «les choses commencent même à bien se présenter pour elle pour le second tour».
Selon lui, le soutien de Manuel Valls à François Hollande, qui s'est déclaré immédiatement pour le député de Corrèze, complique le ralliement des électeurs d'Arnaud Montebourg. Le député PS Christian Paul souligne de son côté que pour les électeurs de Montebourg, qui incarne une gauche radicale, ce serait «contre-nature» de voter Hollande.
Dans le camp Hollande, André Vallini, sénateur de l'Isère, estime qu'au deuxième tour, «ce qui va compter, c'est le souci des gens de gauche de battre Nicolas Sarkozy et François Hollande est beaucoup mieux placé» pour le faire.
Ce dernier a appelé «au rassemblement le plus large possible autour de (sa) candidature. «Je suis le candidat du changement», a-t-il fait valoir.
«Je battrai M. Sarkozy en 2012», a assuré de son côté Martine Aubry réaffirmant que, face à «une droite dure et à une crise qui dure, il fa(llait) une gauche forte pour sortir la France de la crise».
La grande perdante est Ségolène Royal, qui a même essuyé quelques larmes. L'ex-candidate de 2007, qui promettait, il y a peu, d'arriver en tête du premier tour, est tombée sous la barre des 7%.
La présidente de Poitou-Charentes a «pris acte» d'un résultat «très décevant». Elle réunit un conseil politique lundi matin pour discuter d'une consigne de vote au second tour. Même chose pour le député de Saône-et-Loire, qui a fait savoir qu'une décision serait prise «collégialement», et peut-être communiqué lundi soir au 20H00 de France 2, où il est invité.
En tout état de cause, la primaire, scrutin inédit en France, est un succès pour le PS. «Malgré les obstacles, nous avons remporté ce formidable pari démocratique», s'est réjoui le premier secrétaire par intérim Harlem Désir depuis la rue de Solférino.
«De nombreux Français ont voulu faire une démonstration de force citoyenne, de respect et de fraternité», a lancé l'eurodéputé.
Le patron de l'UMP Jean-François Copé a lui choisi de minorer l'importance du scrutin : si deux millions de votants est «un score intéressant», cela signifie que seuls «4 Français sur 100» ont voté. – AfricaLog avec AFP