Les sages du Foutah Djallon qui ont rencontré le Président Alpha Condé auraient demandé de libérer les détenus interpellés lors de la manifestation pacifique organisée par le Collectif des partis politiques pour la finalisation de la Transition, le 27 septembre dernier.
Le Foutah Djallon a également demandé l’instauration d’un dialogue régulier avec l’opposition. Le président a réitéré son engagement à renouer le fil du dialogue rompu avec l’ensemble des acteurs sociopolitiques du pays, mais que les détenus subiront la rigueur de la loi. Et que c’est en cela que la justice du pays sera forte et respectée.
Le Président Alpha Condé en réponse à ses hôtes de marque a déclaré: «J’ai retenu ce que vous avez dit. Moi, je ne suis contre personne. Je suis pour l’unité de la Guinée. Beaucoup de Guinéens sont morts en 1985, beaucoup de Guinéens sont morts en 2007, beaucoup de Guinéens sont morts le 28 septembre. Mais un mort égal un mort ! La Guinée doit s’assumer. Ce ne sont pas les Blancs qui ont fait le Camp Boiro, ce ne sont pas les Blancs qui ont fait 85, ce ne sont pas les Blancs qui ont tué les Guinéens en 2007, ce ne sont pas les Blancs qui ont tué le 28 septembre. C’est nous Guinéens ! Nous devons l’accepter.
Je refuse la manipulation. Celui qui est mort au Camp Boiro, celui qui est mort en 1985, celui qui est mort en 2007, celui qui est mort le 28 septembre, ce sont des Guinéens qui sont morts. On doit rendre justice à tous ces Guinéens.»
Et Alpha Condé a rappelé à ses visiteurs: «Le président Lansana Conté, que Dieu ait son âme, il m’a mis en prison. Mais j’ai pris 150 imams, nous sommes montés à Waawa avec sa famille. On a fait des bénédictions, des sacrifices, pour que son âme repose en paix. Sékou Touré m’a condamné à mort. Mais j’ai pris les Imams, j’ai pris ses enfants, on a été prié à Fayçal pour que son âme repose en paix. Pourquoi j’ai fait cela ? C’est pour dire aux Guinéens que nous devons apprendre à nous pardonner. Personne ne viendra du dehors pour nous développer. Seulement nous les Guinéens. J’ai demandé à nos deux sages de se concerter avec tous les sages dans toutes les préfectures et qu’ensemble vous disiez ce qu’on peut faire pour réconcilier les Guinéens.
Vous les sages vous connaissez la Guinée mieux que moi. Vous pouvez mieux nous indiquer la voie… Moi, je veux la réconciliation des Guinéens. Je ne recherche pas la réconciliation des hommes politiques, mais la réconciliation des Guinéens. Et je me bats pour ça. Et je ferai en sorte que la Guinée qui est une voiture, ait ses quatre roues. Je redresserai les injustices, s’il y’en a. Mais personne ne va m’impressionner.
Ceux qui ont mis le pays à terre, ou quelques cadres qui crient parce qu’ils veulent des postes, ils m’attaquent en pensant que je vais les appeler pour les donner des postes, mais moi, je ne suis pas quelqu’un qu’on impressionne. Ils peuvent crier jusqu’à demain. Je respecte tout le monde.
Mais, personne ne peut m’intimider. Je me suis battu pendant 50 ans. Je n’ai pas eu peur de la prison. Je n’ai pas eu peur de Sékou Touré. Alors, il ne faut pas qu’ils se trompent. Donc vraiment, jugez-moi sur ce que je fais, sur ce que je dis non ce qu’on vous dit. Ma porte est ouverte… Si vous pensez que j’ai posé un acte injuste, vous me le dites et je redresse. Mais si vous n’avez pas raison, je vous dirai : malgré le respect que j’ai pour vous, je ne suis pas d’accord. Alors réellement, je veux l’unité de la Guinée. Je veux que la Guinée se développe. Je veux qu’on respecte la Guinée…»
Si pour certains observateurs, après cette rencontre entre Alpha condé et les sages du Foutah, la marche vers la réconciliation nationale est engagée, bien d’autres sont sceptiques et pensent que la réconciliation entre Guinéens n’est pas dans les prochains jours. Et pour cause ? Le Président Alpha Condé avait promis pendant la campagne présidentielle de 2010, l’organisation d’une conférence vérité et réconciliation nationale, mais aujourd’hui en Chef d’Etat, il met en lieu et place, une Commission de réflexion sur la réconciliation nationale.
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