Les audiences des 322 prévenus interpellés lors de la marche du 27 septembre dernier continuent au tribunal de première instance de Dixinn. Ils étaient 23 prévenus qui devaient comparaître ce 19 septembre. L’un d’eux, le plus attendu à la barre, a été présenté devant la juge, Mme M’Mah Soumah et le procureur, El Hadj Mohamed Saïd Haïdara. Il s’agit d’Etienne Soropogui, vice-président des NFD (Nouvelles forces démocratiques), le parti de l’ex-ministre de l’Elevage, Mouctar Diallo.
Le prévenu a nié les charges retenues contre lui et ses codétenus. Ces charges sont : attroupement interdit sur la voie publique, destruction d’édifices publics et privés et des biens mobiliers, coups et blessures volontaires, outrage envers les dépositaires de la force publique, violence, vol et homicide.
Il a été interpellé alors qu’il se rendait au domicile de Cellou Dalein Diallo, en compagnie de Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’UFDG, Mouctar Diallo, président des NFD, de Faya Millimono, responsable à la NGR et porte-parole du Collectif qui a organisé la marche. Le prévenu a rappelé qu’ils se tenaient tous, main dans la main, lorsqu’ils ont reçu des coups de gaz lacrymogènes lancés par les gendarmes qui patrouillaient à bord d’un camion. Ils se sont dispersés aux environs de 10h.
Dans leur débandade, lui, Etienne Soropogui n’a pas trouvé une issue pour se sauver au point qu’il a été interpellé seul. Il indique qu’au cours de son interpellation, il a été roué de coups de crosse, mais a bénéficié d’un traitement digne pendant sa détention jusqu’à ce jour. Il s’est demandé pourquoi il a été le seul arrêté, alors qu’il était dans un groupe de quatre et même qu’aux environs de 11h, les agents de force de l’ordre ont dit aux autres leaders de regagner leur domicile. Il croit que les agents étaient commis à l’arrêter.
L’audience de M. Soropogui de ce 19 octobre a été suspendue une première fois lorsqu’un avocat de la partie civile a questionné: «Vous étiez à la Primature le 26 septembre, lorsque le Premier ministre a confié tous les acteurs politiques pour une concertation en vue de convaincre le Collectif des partis pour la finalisation de la Transition à surseoir à son projet de marche pacifique prévue le 27 septembre ?»
Le prévenu a répondu : «Oui, j’y étais tout comme vous étiez là-bas au nom de l’Alliance arc-en-ciel…»
La goutte d’eau qui fait déborder le vase. La juge a surgi, avec un ton ferme, pour dire au prévenu: «Si vous voulez politiser l’affaire, sachez que nous sommes en face des gens qui ont enfreint à la loi…»
Un avocat de la défense de s’étonner que la Présidente du tribunal affiche son point de vue alors que le principe souhaiterait qu’elle observe une neutralité en vue de vérifier les accusations portées contre les présumés coupables.
«Il vous revient Mme la Présidente, de dire le droit si oui ou non ce dont on accuse ces prévenus est vrai ou faux, mais si vous donnez votre point de vue avant de les entendre, on ne saurait comment expliquer cela… Au lieu de vérifier les accusations portées contre nos clients, vous donnez un pressentiment sur leur sort», a dit un autre avocat de la défense.
De discussions en discussions, le procureur, Mohamed Saïd Haïdara, visiblement gêné par les propos de la juge, a demandé la suspension de l’audience. Il était 13h 35 GMT, alors que le prévenu a commencé à comparaitre à 12h 06. A 15h 10 GMT, l’audience a repris.
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