Plus de 4 000 militaires et paramilitaires seront mis d’office à la retraite avant la fin du mois de décembre. L’annonce a été faite par le président Alpha Condé à l’occasion du 53e anniversaire de l’armée, le 1er novembre 2011. La réforme du secteur de la défense est une des priorités des autorités guinéennes.
La réforme du secteur de la défense et de la sécurité semble en marche avec cette annonce du président Alpha Condé. L’âge du départ à la retraite n’a pas été précisé mais selon une source au ministère de la Défense, il pourrait varier selon les grades et pourrait aller jusqu’à 65 ans pour les généraux.
Parmi les futurs militaires admis à la retraite pourraient figurer des militaires enrôlés avant même l’indépendance du pays en 1958 et qui sont aujourd’hui âgés de 70 ans ou plus. Le ministre délégué à la Défense est allé plus loin. Joint par RFI, Abdoul Kabélé Camara a précisé que cette mesure concerne tous ceux qui se sont engagés entre 1952 et 1975.
Pour ces futurs militaires retraités, des mesures d’accompagnement sont prévues comme celle notamment d’élever leur grade afin qu’ils puissent bénéficier d’une retraite plus avantageuse.
Le président Alpha Condé a tenu à souligner que «ce n’est pas une chasse aux sorcières» mais il a admis qu’il « faut un changement de mentalité qui est difficile» car «les Guinéens se sont installés dans des habitudes qui ne sont pas propices à une bonne gouvernance». Des dysfonctionnements qui se sont installés au sein des civils mais aussi des militaires et que le président guinéen cherche, avant tout, à corriger.
Un sujet sensible
Les autorités guinéennes reconnaissent qu’elles sont incapables de chiffrer les effectifs de l’armée. Un expert estime que le secteur de la défense compte près de 40 000 personnes. D’autres sources indiquent que l’effectif total des militaires en Guinée Conakry est évalué à 12 300 hommes.
La réforme du secteur de la défense et de la sécurité fait partie des priorités du président Condé, premier président démocratiquement élu en Guinée Conakry. Bien que cette réforme soit délicate, le pouvoir la juge nécessaire. Le pouvoir souhaite ainsi diminuer son budget défense, jugé exagéré, et diminuer le nombre trop élevé de militaires.
Le sujet est sensible sachant que l’armée guinéenne s’est illustrée, depuis plusieurs années, par des coups d’Etat et des répressions sanglantes. Le ministre délégué à la Défense, Abdoul Kabélé Camara reconnaît le côté délicat de la réforme mais il confirme la détermination du gouvernement. « Chaque fois que l’on a évoqué des mises à la retraite, des officiers ont semé la panique mais cette fois la volonté politique est là », a-t-il assuré.
Détermination également en début du mois dernier lorsque le gouvernement guinéen a lancé le recensement biométrique de la population composant l’armée, la gendarmerie et la police. Cette opération devrait pouvoir permettre de détecter les dysfonctionnements auxquels le président a fait allusion. Il devrait notamment permettre d’éliminer des registres les personnes décédées dont la disparition n’a jamais été signalée et prise en compte dans les dépenses militaires, ou encore tous ceux qui n’ont pas mis les pieds dans une caserne depuis des années et dont les soldes sont toujours versées.
Inquiétude palpable
Selon une source militaire contactée par RFI, même si, jusqu’ici, il n’y a eu aucune manifestation de mécontentement, « l’inquiétude est palpable chez certains soldats qui ne savent pas encore quelles mesures d’accompagnement leur seront proposées ».
De son côté, un bon connaisseur du dossier estime que cette réforme est précipitée et ne règle pas les problèmes de fond. Au lieu de se lancer dans des rénovations de casernes et dans la diminution d’effectifs, il considère qu’il aurait d’abord fallu se poser la question de savoir « de quelle armée la Guinée a-t-elle besoin ». – avec RFI