Mumia Abu-Jamal, l'un des condamnés à mort les plus célèbres des États-Unis, a appris mercredi qu'il ne serait pas exécuté, une décision en forme d'épilogue à plus de 30 ans d'une âpre bataille judiciaire.
Le procureur de Philadelphie Seth Williams a en effet annoncé qu'il ne redemanderait pas la peine de mort contre l'ancien journaliste et militant des Black Panthers, trente ans après sa condamnation pour le meurtre d'un policier blanc à Philadelphie.
«Abu-Jamal ne sera plus condamné à mort, mais il restera derrière les barreaux pour le restant de ses jours», a précisé le procureur dans un communiqué, ajoutant qu'il n'avait «aucun doute», sur le fait que Mumia Abu-Jamal, 57 ans, avait tué le policier Daniel Faulkner le 9 décembre 1981.
La décision du procureur implique que, selon la loi de l'État de Pennsylvanie, Mumia Abu-Jamal finira sa vie en prison sans possibilité de libération.
«Les procureurs ont fait ce qu'il fallait faire. Après trente ans, il était temps de mettre fin à cette recherche de la peine de mort», s'est réjoui mercredi le NAACP, principale organisation de défense des droits civiques des Noirs américains, qui a assisté le condamné dans sa défense.
En octobre dernier, la Cour suprême avait refusé de se saisir du dossier, après qu'une cour d'appel fédérale eut décidé au printemps que la condamnation de Mumia Abu-Jamal devait être réexaminée, les instructions données aux jurés lors du procès en 1982 étant mal formulées.
C'est dans ce cadre que les procureurs de Philadelphie ont renoncé à redemander la peine de mort, après de nombreux appels de ses défenseurs à tous les niveaux de juridiction.
Mumia Abu-Jamal, dont les tresses rastas ont fait le tour du monde, a écrit plusieurs livres depuis le couloir de la mort.
Depuis plusieurs années, ses avocats ont tout tenté pour obtenir qu'il ne soit pas exécuté.
La NAACP avait dénoncé le manque d'équité des audiences qui avaient conduit à sa condamnation à mort, par un jury exclusivement blanc.
Une pétition internationale lancée en ligne en janvier 2010 pour demander au président américain Barack Obama de se prononcer contre la condamnation à mort avait recueilli des dizaines de milliers de signatures, parmi lesquelles celles de l'ancienne première dame de France Danielle Mitterrand, depuis décédée, de l'écrivain allemand Günter Grass, ou du linguiste américain Noam Chomsky.- AfricaLog avec agence