Le calme est revenu lundi à Vavoua (centre-ouest ivoirien), où des affrontements entre militaires et habitants ont fait six morts parmi des jeunes ce week-end, et le président Alassane Ouattara a annoncé des mesures pour mettre fin à l'indiscipline dans l'armée.
La situation est calme, tout le monde est sorti pour aller vaquer à ses occupations. Le marché est ouvert, l'école fonctionne normalement, les supermarchés et tous les bureaux fonctionnent, a déclaré Ivré Kouamé, mécanicien.
Des militaires des Forces républicaines (FRCI) venus de Séguéla (ville à une soixantaine de km au nord) sillonnent la ville dans des 4x4, a-t-il ajouté.
Après la mort samedi soir d'un jeune lors d'une rixe impliquant une patrouille des FRCI, une marche de protestation sur la base militaire de Vavoua avait viré dimanche au drame, les soldats tuant cinq jeunes gens, a indiqué dimanche soir l'état-major. Selon lui, des manifestants étaient munis de gourdins et de fusils.
Le chef de la patrouille impliquée dans l'incident de samedi ainsi que ses six éléments ont été mis aux arrêts et transférés à la gendarmerie de Daloa (50 km au sud de Vavoua). Les autres éléments du cantonnement FRCI ont été transférés à Séguéla.
Des troupes de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) ont aussi été déployées à Vavoua depuis dimanche.
Le président Ouattara a reçu lundi le ministre de l'Intérieur et le ministre délégué à la Défense ainsi que les principaux chefs militaires, après ce nouvel incident meurtrier impliquant des FRCI.
Après la réunion, Paul Koffi Koffi (Défense) a attribué l'incident déclencheur à des éléments non immatriculés, des jeunes associés (aux FRCI) qui ont bafoué la discipline militaire en effectuant une patrouille non autorisée.
M. Ouattara a appelé à la tolérance zéro contre l'indiscipline, a-t-il dit devant la presse.
Le président a demandé que soit très rapidement mise en place une police militaire, qui devra traquer tous ces jeunes soldats qui font le rodéo en ville dans des véhicules estampillés FRCI ou à moto, a poursuivi M. Koffi.
Le chef de l'Etat a donné 48 heures pour que ces véhicules ne circulent plus dans nos rues, a souligné le ministre, affirmant que tous les individus arrêtés seront traduits devant les tribunaux militaires.
M. Ouattara a également demandé la création rapide d'un dispositif de désarmement et d'intégration de ces éléments dans l'armée régulière, promis depuis des mois mais toujours dans les limbes.
Les incidents, parfois sanglants, impliquant les FRCI sont fréquents depuis la fin de la crise post-électorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait quelque 3.000 morts et s'est conclue par deux semaines de guerre entre ex-rebelles pro-Ouattara et forces fidèles à l'ex-chef d'Etat Laurent Gbagbo.
La réforme de l'armée, avec la fusion des anciennes forces belligérantes, sera l'une des priorités du prochain gouvernement, attendu après les législatives du 11 décembre remportées à la majorité absolue par la coalition au pouvoir. – AfricaLog avec AFP