La droite française s'est déchaînée mercredi contre le candidat socialiste à l'élection présidentielle, François Hollande, accusé d'avoir traité Nicolas Sarkozy de sale mec, bien que ces mots semblent avoir été sortis de leur contexte.
Deux responsables du parti présidentiel UMP, la ministre de l'Apprentissage Nadine Morano et la députée Valérie Rosso-Debord, ont exigé de François Hollande des excuses publiques.
La première a jugé les propos prêtés au candidat socialiste d'intolérables et inqualifiables. C'est carrément carton rouge, on n'insulte pas le président de la République, a affirmé la seconde.
S'ils ont été tenus, ils sont inqualifiables, c'est à François Hollande de s'expliquer et de les retirer, a renchéri la ministre du Budget et porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, en rendant compte des travaux du Conseil des ministres.
Plusieurs autres ministres se sont également insurgés contre des déclarations faites par François Hollande au cours d'un déjeuner informel avec quelques journalistes, dont un de l'AFP.
La discussion off, c'est-à-dire des déclarations non officielles ne devant pas être publiées, a été partiellement reproduite mercredi matin par le journal Le Parisien.
Au cours de cette discussion, selon plusieurs journalistes présents, François Hollande a décrit la stratégie de Nicolas Sarkozy, chef d'Etat impopulaire, mais se présentant comme le seul capable d'affronter la crise.
François Hollande s'est mis, pour ce faire, dans la peau du président venant expliquer aux Français qu'il se représentait à l'élection présidentielle : Je suis le président de l'échec, je suis un sale mec, mais dans cette période difficile, je suis le seul capable, j'ai le courage....
Matthieu Croissandeau, chef du service politique du Parisien, a reconnu sur le site du journal que François Hollande s'était glissé dans la peau de son rival et avait imaginé la future tactique de Nicolas Sarkozy, mais qu'il n'avait pas officiellement traité le chef d'Etat de +sale mec+.
En campagne à Pessac (sud-ouest), François Hollande a dénoncé une manipulation de ses propos.
Ca suffit les polémiques qui sont organisées chaque jour, déformant des propos dont les journalistes confirment eux-mêmes qu'ils n'ont pas été tenus, a-t-il déclaré.
Je considère que les Français méritent mieux que l'utilisation incessante de propos d'ailleurs déformés, a-t-il ajouté.
Moi, je ne suis jamais dans la grossièreté. Je laisse cela à d'autres. Ce que je dis, je le fais savoir publiquement et ce qui est rapporté mérite d'être vérifié. Et d'ailleurs, les journalistes qui étaient présents ont pu faire les clarifications indispensables, a conclu M. Hollande.
Le camp Hollande avait répliqué auparavant aux attaques de la droite. Cette histoire est fausse. François Hollande n'a pas pour habitude de pratiquer l'invective, a réagi Bernard Cazeneuve, un des porte-parole du candidat socialiste.
Nicolas Sarkozy, devancé dans les sondages par le candidat socialiste, doit officialiser courant février sa candidature au scrutin prévu les 22 avril et 6 mai prochains. En pleine crise de la dette dans la zone euro, il cherche à apparaître comme étant le seul dirigeant ayant une expérience suffisante pour affronter une telle période d'incertitudes.
Cette passe d'armes sur les propos de François Hollande témoigne d'une tension croissante entre les camps des deux favoris à un peu plus de cent jours de l'élection.
Elle intervient également au moment où le candidat socialiste, désigné pendant des primaires le 16 octobre dernier, cherche à relancer sa campagne. Il a ainsi rédigé mardi une lettre aux Français, dans laquelle il se dit prêt à relever le défi du redressement du pays. – AfricaLog avec AFP