La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a appelé mardi à Abidjan le président ivoirien Alassane Ouattara au "dialogue" avec ses adversaires après une crise politique meurtrière, tout en le félicitant pour les progrès accomplis.
C'est un "moment historique" pour la Côte d'Ivoire, a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse avec M. Ouattara, qui l'a reçue au palais présidentiel.
Pour la première visite d'un secrétaire d'Etat depuis 1986 dans le pays, première puissance économique d'Afrique de l'Ouest francophone et premier producteur mondial de cacao, elle a décerné un satisfecit au nouveau pouvoir, exprimant son "admiration pour les progrès" réalisés et le "retour progressif et porteur d'espérance à la paix et à la sécurité".
Cette ex-colonie française a été déchirée par une crise postélectorale de décembre 2010 à avril 2011, qui s'est conclue par deux semaines de guerre et a fait quelque 3.000 morts.
Les Etats-Unis ont été, avec la France et l’ONU, les principaux alliés d'Alassane Ouattara durant son bras-de-fer avec l'ex-président Laurent Gbagbo, qui refusait de se retirer après sa défaite au scrutin de novembre 2010.
"C'est une période excitante pour la Côte d'Ivoire comme pour l'Afrique de l'Ouest", a jugé Mme Clinton, en référence aux dernières élections présidentielles au Nigeria, au Niger, en Guinée et au Liberia.
"Sécuriser ces gains pour la démocratie, la prospérité et la sécurité - pour les gens d'ici comme pour vos voisins - demandera beaucoup de travail", a-t-elle cependant averti.
"Il sera particulièrement important d'inclure toutes les voix, y compris celles qui sont discordantes, dans le dialogue politique", a-t-elle souligné.
Des coopérations prévues
Si le fil n'est pas rompu, le dialogue reste très limité entre le nouveau régime - qui proclame son ambition de "réconcilier" les Ivoiriens - et le camp Gbagbo, qui a boycotté les législatives du 11 décembre dernier.
"Nous ne doutons pas, le président (américain Barack) Obama et moi-même, que la Côte d'Ivoire peut être de nouveau le moteur de la croissance économique pour les Ivoiriens mais aussi pour la région", a ajouté la secrétaire d'Etat.
De son côté, M. Ouattara a fait part de sa "ferme volonté de construire un Etat de droit, avec une justice impartiale et respectueuse des droits humains".
Il a souhaité un "renforcement de la coopération" entre les deux pays en matière de sécurité (face aux groupes jihadistes dans le Sahel, à la piraterie maritime et au trafic de drogue, notamment) et dans le domaine économique.
Il a promis que la réforme de la filière ivoirienne du cacao, dans laquelle les Etats-Unis ont de gros intérêts, serait complètement mise en oeuvre d'ici fin janvier.
Très engagées dans une coopération tous azimuts avec la France, les nouvelles autorités ivoiriennes n'entendent pas pour autant négliger les autres partenaires, comme la Chine et les Etats-Unis.
La réforme de l'armée est le défi le plus urgent pour le chef de l'Etat, alors que des exactions sont régulièrement commises par des ex-rebelles pro-Ouattara intégrés dans les forces de défense.
M. Ouattara avait été reçu en juillet 2011 par le président Obama à la Maison Blanche en compagnie des présidents du Niger, de Guinée et du Bénin, en soutien aux processus démocratiques dans ces pays.
Venue lundi du Liberia où elle a assisté à l'investiture de la présidente Ellen Johnson Sirleaf, Mme Clinton a quitté la Côte d'Ivoire en début d'après-midi, pour conclure dans la journée sa mini-tournée au Togo et au Cap-Vert.
Au Togo, qui recevait pour la première fois un secrétaire d'Etat américain, Mme Clinton rencontrera le président Faure Gnassingbé. Le Togo a été élu l'an passé membre non permament du Conseil de sécurité de l'ONU et la secrétaire d'Etat américaine pourrait chercher à obtenir son appui sur les dossiers iranien et syrien.
Au Cap-Vert, elle s'entretiendra avec le Premier ministre José Maria Neves. – AfricaLog avec agence