«Bano Sow a bénéficié d’un non-lieu. Le juge a estimé que le dossier était vide», dixit Dr Fodé Oussou Fofana de l’UFDG. L’ancien ministre éphémère des Travaux publics en 2006 vient de recouvrer la liberté. Les proches de Bano Sow dont le transfèrement à la maison centrale de Conakry avait été annoncé par le directeur de la communication judiciaire du ministère de la justice, il y avait seulement 72 heures, s’y attendaient le moins. En tout cas, au regard de la célérité dans l’enclenchement de l’action judiciaire et de certaines accusations mises à sa charge. Et chacun y allait de son commentaire.
On s’attendait donc, plus à un jugement de l’homme, surtout que son interpellation avait une liaison avec la tentative d’assassinat du Président Alpha Condé, le 19 juillet 2011, selon les explications de son leader politique, Cellou Dalein Diallo, lors de l’assemblée générale extraordinaire du parti, le vendredi, 27 janvier: «On a fait comprendre à M. Bano que c’est Souleymane général, qui l’aurait dénoncé dans l’affaire de l’attentat contre la résidence de M. Alpha Condé. On a suffisamment d’informations mais à l’UFDG, c’est la transparence. On va vous les donner. Parce qu’on va vous inviter à prendre vos responsabilités et on va tous prendre les nôtres.»
Les responsables de l’UFDG appuyés de leurs pairs de l’opposition vont ainsi multiplier les déclarations pour dénoncer l’arrestation de Bano Sow.
A la surprise de tous, l’administrateur du siège national de l’UFDG a été élargi dans la soirée du mardi, 31 janvier 2012. Le parti va aussitôt faire l’annonce de cette libération:
«La Direction nationale de l’UFDG porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale que Mr. SOW Bano, membre du Bureau Exécutif de l’UFDG, Administrateur du siège du parti, arrêté par la Gendarmerie nationale, a été entendu ce jour 31 Janvier 2012 a la Maison Centrale de Conakry entre 11h et 12h.
Rappelons que Mr. Sow avait été kidnappé le mercredi 25 janvier 2012 par la Gendarmerie et déposé à l’Escadron Mobile N°2 de Hamdallaye.
L’objet de cette audition était de confronter Mr. Sow à M. Bah Souleymane, dit « Général » qui a été désigné par la gendarmerie nationale comme l’accusateur de M. Sow Bano. La confrontation était dirigée par le doyen des juges de Dixinn, M. Diawara Mamadi, accompagné de 2 juges d’instruction, M. Condé Sékouba et M. Lamah Paul.
M. Sow Bano était assisté de 2 de ses avocats en l’occurrence Maître Alpha Ibrahima Barry et Maître Barry Boubacar. Quant à M. Bah Souleymane, il avait à ses côtés, son avocat, Maître Saliou Danfaga.
Lors de cette confrontation, M. Bah Souleymane dit « Général » a affirmé, de façon claire, nette et tranchante, qu’il n’a jamais cité M. Sow Bano dans l’attaque du 19 Juillet 2011 contre la résidence du Chef de l’Etat.
Si le « Général » reconnait avoir eu des relations difficiles à un moment donné avec Bano Sow et lui avoir envoyé à cette occasion, des SMS de menace, il certifie également que ce différend a été réglé et aujourd’hui, ils entretiennent des relations normales.
Il insistera que lors de ses auditions, n’avoir jamais évoqué le nom de M. Sow et qu’il n’est pas son accusateur.
Face à cette fragilité du dossier, des dispositions sont prises par les plus hautes autorités judiciaires du pays pour prononcer le non-lieu et ordonner ainsi la libération sans délais de Bano Sow.
Conakry, le Mardi 31 Janvier 2012
La Direction Nationale de l'UFDG»
Après avoir cherché Bano Sow à la maison centrale dans la soirée, l’un des vice-présidents de l’UFDG Dr Fodé Oussou Fofana a déclaré à la presse: «Effectivement, Bano Sow a bénéficié d’un non-lieu. Le juge a estimé que le dossier était vide»
AfricaLog.com
Post-scriptum d’AfricaLog: Bano Sow était l’un des hauts cadres du ministère des travaux publics. Avec l’entrée de Cellou Dalein comme ministre en charge des TP et transports dans le gouvernement du Premier ministre Sidya Touré en 1996, leur relation a été renforcée.
En décembre 2004, Cellou Dalein devient Premier ministre. Il faisait désormais partie du cercle des "enfants chéris" du régime de Lansana Conté avec une confiance du Président de la République jusqu’à la date du 5 avril 2006, date de son limogeage «pour faute lourde».
Que s’était-il passé?
Dans la soirée du mardi 4 avril 2006 à 19h 45, la radiodiffusion puis à 20 h 30, la télévision donnent lecture d’un décret présidentiel jugé par certains observateurs de «bien taillé sur mesure pour le Premier ministre». En effet, outre les postes stratégiques qu’il avait réservés à des proches, Cellou Dalein était à la fois Ministre de l'Economie, des Finances et du Plan.
Le lendemain, mercredi à 10 heures 45, la radio nationale diffuse un contre-décret rapportant celui de la veille au moment où la fête des congratulations se poursuivait chez les promus. Naturellement, sans être ébruitées, des tractations d’annulations du décret étaient déjà en cours depuis la première publication, 14 heures d’horloge, plus tôt.
Justement dans l’acte "présidentiel" ainsi rapporté, il y avait parmi les promus, un certain Bano Sow, nommé Ministre des travaux publics. Il était jusqu’à ce décret, directeur national des transports terrestres.
Depuis cette date, les deux hommes évoluent toujours ensemble. Cellou Dalein Diallo va se lancer dans la politique. Bano Sow sera à ses côtés. Cellou va réussir à prendre la tête de l’UFDG. Bano sera d’abord chargé de la propagande, avant de devenir ce qu'il est aujourd’hui: membre du bureau exécutif de l’UFDG et administrateur du siège national du parti.