L'expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l'homme en Haïti, le Français Michel Forst, a recommandé mercredi que l'ancien dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier soit poursuivi pour les crimes commis par son régime.
Un juge d'instruction chargé d'enquêter sur l'ancien dictateur, revenu en Haïti en janvier 2011 après 25 ans d'exil en France, a recommandé le mois dernier qu'il soit renvoyé devant un tribunal correctionnel pour détournements de fonds, omettant les crimes contre l'humanité qui lui sont reprochés.
«Les victimes et leurs familles qui ont porté plainte contre Duvalier attendent que les responsables soient traduits en justice, elles attendent que la justice soit rendue et qu'ensuite un travail de mémoire soit entrepris», a déclaré M. Forst lors d'un point de presse à la fin d'une mission d'évaluation des droits de l'homme dans le pays.
L'expert onusien a encouragé les plaignants à aller jusqu'au bout de leur démarche devant la justice haïtienne, mais aussi au-delà si besoin.
«Mon sentiment est qu'il faut aller jusqu'au bout du travail judiciaire. L'ordonnance n'est pas satisfaisante, les familles vont aller maintenant en appel, si l'appel n'est pas satisfaisant il y a la Cour de cassation ou l'instance supérieure qui est la Cour interaméricaine des droits de l'homme» (CIDH), a recommandé M. Forst.
Il a annoncé que l'Organisation des États américains (OEA) avait rappelé dans un texte «l'obligation de traduire Jean-Claude Duvalier en justice pour les crimes contre l'humanité» qu'il aurait commis.
Les défenseurs de M. Duvalier soutiennent que les crimes qui lui sont reprochés tombent sous la prescription vu qu'ils remontent à plus de 20 ans.
De manière plus générale, l'expert onusien a jugé que des progrès avaient été réalisés en Haïti en matière de respect des droits de l'homme, même s'il a de nouveau dénoncé les conditions d'incarcération des détenus. – AfricaLog avec agence