L'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, chef des observateurs de l'UA au Sénégal, a proposé une feuille de route prévoyant que le président sortant Abdoulaye Wade, à la candidature contestée, quitte le pouvoir dans deux ans s'il était réélu dimanche, a indiqué samedi l'opposition.
Le président Obasanjo a introduit un élément nouveau, une feuille de route selon laquelle Abdoulaye Wade ne resterait que deux ans seulement au pouvoir s'il gagne la présidentielle dimanche, a déclaré Abdoul Aziz Diop, un responsable du Mouvement du 23 juin (M23), coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile.
Reste à savoir quelles garanties nous aurons pour qu'il parte effectivement dans deux ans. C'est sur ces garanties que vont porter les négociations à venir avec le président Obasanjo. Ce n'est possible qu'à condition que le président Wade joue le jeu, ce dont nous doutons, a expliqué M. Diop.
La mission d'observation de l'Union africaine n'était pas en mesure de confirmer ces informations, mais Olusegun Obasanjo devait s'exprimer lors d'une conférence de presse samedi soir.
Nous avons toujours dit que nous étions prêts à la discussion pour qu'il y ait des élections libres et transparentes (...). Nous sommes disposés à discuter de toutes les questions, a répondu le porte-parole de la présidence sénégalaise, Serigne Mbacké Ndiaye, interrogé sur la radio sénégalaise Radio futur media (RFM).
Le M23 n'a pas encore donné de réponse officielle à cette feuille de route, dans l'attente de consulter les nombreux partis et associations qui le composent.
Notre souhait demeure que Abdoulaye Wade perde la présidentielle dimanche. La consigne du M23, c'est que les Sénégalais aillent voter massivement en ignorant le bulletin de vote du candidat de trop, tout en veillant à la régularité du scrutin, a souligné Abdoul Aziz Diop.
Cette feuille de route marque la volonté de l'UA et de la Cédéao de décrisper la situation au Sénégal. Il est préférable de débattre aujourd'hui d'une solution africaine à un problème africain plutôt que d'avoir demain une solution non africaine, a estimé le responsable.
Interrogé sur RFM, le porte-parole du M23, Alioune Tine, a indiqué que M. Obasanjo avait aussi proposé une nouvelle Cour constitutionnelle et une commission électorale indépendante, précisant que son mouvement restait ouvert aux négociations à des concessions pour sauvegarder la paix au Sénégal.
Le M23 et plusieurs candidats d'opposition ont rencontré ces trois derniers jours Olusegun Obasanjo, chef de la mission d'observation électorale conjointe de l'Union africaine (UA) et de la Communauté économique et monétaire des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) au Sénégal.
M. Obasanjo a également rencontré le président Wade mercredi. Rien n'a filtré de leur entretien.
L'opposition veut une nouvelle présidentielle sans Wade
L'opposition a proposé samedi, l'organisation d'un nouveau scrutin, sans le président sortant Abdoulaye Wade, dans un délai de six à neuf mois.
Cette proposition du Mouvement du 23 juin (M23) - coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile - constitue selon elle une réponse à la feuille de route proposée par l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo.
La nouvelle candidature de M. Wade est jugée illégale par l'opposition, pour qui il a épuisé ses deux mandats légaux après son élection en 2000 et sa réélection en 2007. Ses partisans soulignent que des réformes de la Constitution en 2001 et 2008 lui donnent le droit de se représenter.
Les violences liées à la candidature d'Abdoulaye Wade ont fait depuis fin janvier au moins six morts et des dizaines de blessés. Le M23 a parlé de 15 morts, 539 blessés. – AfricaLog avec agence