Avant même la publication définitive des résultats du premier tour du 26 février, le camp du président sénégalais Abdoulaye Wade a admis qu'un second tour aurait lieu en mars contre son ex-Premier ministre Macky Sall et va devoir entamer de difficiles pourparlers pour trouver des soutiens.
"Tractations d'entre-deux-tours", titre mercredi le quotidien le Pop, qui évoque les appels au rassemblement de l'opposition lancés par l'entourage de Macky Sall, devancé de près de 9 points par Wade, mais qui dispose d'une confortable réserve de voix parmi les candidats d'opposition éliminés au premier tour.
Les commissions de recensement des votes des 45 départements du pays ont publié leurs résultats lundi et mardi, mais aucune annonce officielle au plan national n'est prévue avant jeudi ou vendredi.
D'après ces résultats provisoires, Abdoulaye Wade arrive en tête avec 34,97% des voix, contre 26,21% à Macky Sall, qui devance Moustapha Niasse, également ex-Premier ministre de Wade (13,24%), ainsi que le patron du Parti socialiste Ousmane Tanor Dieng (11,49%) et un autre ancien résident de la Primature, Idrissa Seck (7,94%).
La date la plus probable du second tour entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, qu'il avait fait roi avant de s'en séparer sans ménagement en 2008, est le 18 mars.
Mis en ballottage, Abdoulaye Wade, 85 ans dont 12 au pouvoir, se voit obligé de changer de stratégie dans l'urgence, alors que durant toute la campagne et jusqu'à la veille du scrutin il s'était déclaré "sûr" de l'emporter au premier tour, comme en 2007, avec plus de 50% des voix.
Il a d'ailleurs expliqué dès lundi que "dans la perspective d'un second tour", il allait "explorer toutes les possibilités d'entente avec d'autres forces politiques selon des modalités à convenir ensemble".
Macky Sall devait de son côté tenir sa première conférence de presse depuis l'élection.
"Wade dégage"
Abdoulaye Wade ne dispose guère de réserve de voix, hormis celles puisées dans les quelque 40% d'abstentionnistes du premier tour ou venant d'hypothétiques ralliements.
Théoriquement Macky Sall peut, lui, compter sur les reports de voix de la plupart des autres candidats, membres comme lui du Mouvement du 23 juin (M23, coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile).
"Le message qui continue pour le M23, c'est Wade dégage", soulignait d'ailleurs mercredi le coordonnateur du M23, Alioune Thine, dans les colonnes du Quotidien.
Pour le M23, la candidature du président sortant, élu en 2000 et réélu en 2007, est anticonstitutionnelle.
Mathématiquement, Macky Sall pourrait recueillir 60% des suffrages au second tour. Mais certains candidats d'opposition pourraient toutefois être tentés de parier sur une victoire du sortant, préférant "trois ans de Wade à 14 ans de Macky" (deux septennats), comme l'écrit mercredi le site d'informations en ligne leral.net.
Abdoulaye Wade avait laissé entendre durant la campagne qu'il n'avait besoin que de deux à trois années pour "boucler" les chantiers engagés, tandis que la victoire de Macky Sall marque la fin d'une génération, selon cette analyse.
Le premier tour a vu la récompense des candidats qui ont fait campagne à travers le pays, comme Macky Sall dont les militants expliquaient au soir du scrutin qu'il avait "sillonné le terrain", contre ceux qui se sont cantonnés à Dakar dans une logique d'affrontement avec le pouvoir, autour de la place de l'Indépendance, où les manifestations étaient interdites, comme Idrissa Seck.
Si la campagne a été marquée par des violences lors de manifestations contre la candidature d'Abdoulaye Wade, de 6 à 15 morts selon les sources, le premier tour s'est déroulé dans le calme dimanche.
La presse sénégalaise relate toutefois abondamment mercredi un bref affrontement entre des membres de la sécurité de Macky Sall et une poignée de "fauteurs de trouble", identifiés comme des partisans d'Abdoulaye Wade. – AfricaLog avec agence