Le Président de la République, Alpha Condé a rencontré les paysans guinéens le 7 mars, à la case de Bellevue, a constaté AfricaLog.com à Conakry. Sa dernière rencontre avec eux remontait au 16 février 2011 au cours de laquelle, le Président s’est engagé à faire de l’agriculture le pilier de son programme de développement de la Guinée. C’est pourquoi, l’objectif de la rencontre de ce mercredi était de faire le bilan de la campagne agricole 2011 et tirer les leçons.
A l’entame du tête-à-tête, le Président Alpha Condé a remercié les paysans pour avoir accepté de faire le déplacement sans attendre le soutien de l’Etat par rapport à leurs charges. Il rappellera l’objectif de son gouvernement : au bout de trois ans, que la Guinée n’importe plus de céréales, notamment le riz, aliment de base des Guinéens. Parlant de la campagne agricole de 2011, Alpha Condé a accusé des «gens» qui auraient profité de l’occasion pour surfacturer le pris des intrants agricoles.
Selon lui, la «méconnaissance de la situation avait conduit à la mauvaise répartition des engrais, herbicides et autres intrants.»
Au lieu d’acheter de nouveaux tracteurs cette année comme il l’avait fait l’année dernière, le Président préconise la réparation des anciens «Universal» que le défunt Président Sékou Touré avait éparpillés dans toutes les villes du pays.
Des cadres des services techniques du ministère de l’Agriculture et les conseillers du président ont indiqué que cette réparation coûterait moins à l’Etat que l’achat de nouveaux tracteurs. Le Président a invité les Guinéens à consommer les denrées locales. Même qu’ils devraient se passer du riz au profit des ignames, du fonio, la pomme de terre et autres maniocs.
«Si les Sénégalais mangent la pomme de terre, je ne vois pas pourquoi les Guinéens n’en mangeraient pas. Il faut que progressivement nous apprenions à améliorer notre consommation, qu’elle ne soit seulement pas basée sur le riz», a dit le Président de la République.
Le président du CNOPG (Confédération nationale des organisations paysannes de Guinée), Moussa Para Diallo, a exprimé la gratitude de son organisation à Alpha Condé, pour le soutien qu’il apporte au secteur agricole guinéen.
Touchant la campagne agricole 2011, M. Diallo a fait un bilan : 41 629 tonnes de riz, grâce à la mise à disposition de 1 832 tonnes de semences de riz et 1.800 tonnes d’engrais. Selon lui, ces intrants auraient permis de cultiver 26.171 hectares de riz. Il citera aussi les 15 290 litres de produits phytosanitaires et des 70 000 sacs d’emballages que le gouvernement avait donnés aux paysans. Il a partagé la volonté du Président quant à la consommation des produits locaux : maïs, manioc, fonio, pomme de terre. Pour le président de la CNOPG et ses membres ces denrées rentrent dans l’amélioration de la sécurité alimentaire en Guinée. Outre ces appuis du gouvernement au paysannat guinéen, Moussa Para Diallo rappellera que les agriculteurs ont obtenu du gouvernement une trentaine de motopompes, la construction d’une cinquantaine de magasins à travers le pays, l’aménagement de 326 hectares de coton et de plaines, la construction d’une plate-forme de commercialisation. Et de plaider: «Nous sollicitons votre soutien afin que chaque acteur (producteurs, administration, opérateurs privés) assume pleinement sa responsabilité et joue entièrement sa partition pour l’atteinte des objectifs.» Mais l’orateur a noté une faible implication des producteurs et leurs organisations. Selon lui, pour atteindre des résultats escomptés, il faudrait impliquer les producteurs dans la mise en œuvre des actions du gouvernement.
Pour sa part, la CNOPG envisage pour la campagne agricole 2012, l’aménagement de 40.000 hectares pour la culture du riz, du maïs et mais également pour le maraîchage. La Confédération demande 10.000 tonnes d’engrais pour gagner son pari.
Le porte-parole de la Chambre nationale d’Agriculture de Guinée a rappelé les moyens qui ont été mis à la disposition des paysans: 20.000 tonnes d’engrais, 22 000 litres d’insecticides, 185.000 litres d’herbicides et une quantité importante de semences de riz. Il a précisé que les quantités d’engrais gérées par la chambre s’élèvent à 16.298 tonnes pour une valeur de 40.745.000.000 de francs et 185.529 litres d’herbicides pour une valeur 5.565.870 de francs.
Le stock disponible dans les zones de production est de 4.687 tonnes d’engrais et 95.983 litres d’herbicides. Selon lui, le taux de recouvrement serait de 82% dont 36% pour les engrais et 56,26% pour les herbicides. Le montant actuel à la BCRG serait de 21.076.431.500 francs guinéens et 2.510.786.730 francs guinéens dans les banques primaires. Il a ajouté que le prix du riz du pays (paddy) serait de 6 000 francs guinéens le kilogramme contre 8 500 francs guinéens par le passé. La chambre recommande pour la campagne agricole 2012 le déploiement à temps des intrants et équipements agricoles, des fonds nécessaires pour respecter le calendrier agricole.
Les porte-paroles des chambres régionales d’agricultures ont loué les efforts du gouvernement pendant la campagne agricole de l’an dernier. Mais ils ont déploré l’absence, entre autres, de fiche technique pour la semence de riz variété «sahel», la faible mécanisation des travaux agricoles liés aux équipements, l’insuffisance des conseillers agricoles. Aussi, ils fustigent la répartition disproportionnée des intrants, le retard dans la mise à disposition des ressources financières, l’absence des travaux d’aménagement et de désenclavement des zones de production, la méconnaissance des besoins réels en sol en engrais chimiques. Ils déplorent également la non-prise en compte des services techniques préfectoraux et régionaux dans le dispositif de suivi et de coordination de la campagne. C’est pourquoi ils souhaitent que les Conseillers agricoles forment les paysans sur l’utilisation des intrants, à l’Etat de continuer à subventionner la production agricole, d’approvisionner les préfectures en intrants avant le 31 mars.
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