Nicolas Sarkozy a qualifié de grotesque un possible financement de sa campagne présidentielle de 2007 par Mouammar Kadhafi, évoqué dans un document publié lundi par le site d'information Mediapart.
S'il l'avait financée (la campagne), je n'aurais pas été très reconnaissant, a ironisé sur TF1 le président-candidat, en allusion à l'intervention française en Libye.
A 40 jours du premier tour de la présidentielle, Mediapart, site d'investigation classé à gauche, a publié lundi une note laissant penser que l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi aurait financé à hauteur de 50 millions d'euros la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy.
Selon Mediapart, cette note a été remise aux juges enquêtant sur le volet financier de l'affaire Karachi, un circuit de commissions sur des ventes d'armes au Pakistan dans les années 1990, mêlant un attentat à Karachi à des soupçons de financement politique illicite.
Dans la soirée aucune indication n'était disponible sur le crédit que les enquêteurs chargés du dossier Karachi apportent à ce document.
Celui-ci indique notamment que ce sujet d'un financement de la campagne de 2007 a fait l'objet d'entretiens entre l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine (personnage-clé de l'enquête sur le volet financier de l'affaire Karachi, ndlr) et le fils de Mouammar Kadhafi, Seif al-islam.
En mars 2011, Seif al-Islam avait affirmé dans un entretien à Euronews que la Libye avait financé la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2007.
Interrogé sur cette accusation par la journaliste de TF1 Laurence Ferrari, Nicolas Sarkozy a répond :Je suis désolé pour vous que vous soyez la porte-parole du fils de Kadhafi, franchement, je vous ai connue dans un meilleur rôle.
M. Kadhafi, qui est connu pour dire n'importe quoi, avait même dit qu'il y avait des chèques! Eh bien que son fils les produise! a-t-il enchaîné.
C'est grotesque et je suis désolé que sur une grande chaîne comme TF1, on doive m'interroger sur les déclarations de M. Kadhafi ou de son fils.
Quand on cite Mr Kadhafi, qui est mort, son fils, qui a du sang sur les mains, qui est un régime de dictateurs, d'assassins, dont la crédibilité est zéro (...) franchement, je pense qu'on est assez bas dans le débat politique, a-t-il déploré.
Les juges enquêtent sur un éventuel financement illicite de la campagne présidentielle de l'ex-Premier ministre Edouard Balladur en 1995 via des rétrocommissions sur des contrats d'armement, en particulier la vente de sous-marins au Pakistan, qui est centre de l'affaire Karachi.
M. Takieddine a été mis en examen (inculpé) pour complicité et recel d'abus de biens sociaux dans cette affaire.
Le document publié par Mediapart aurait été rédigé par l'enquêteur privé Jean-Charles Brisard à partir de confessions recueillies le 20 décembre 2006 à Genève auprès de l'ancien médecin de M. Takieddine, qui aurait mis en place les modalités de ce financement, selon le site d'information.
Contacté, M. Brisard n'a pas souhaité réagir à ces informations qui ont été rejetées par M. Takieddine dans un entretien à la chaîne France 24. Il n'y a rien qui puisse aller dans ce sens, a dit l'homme d'affaires.
Le document rédigé dans un style télégraphique fait notamment référence à une visite en Libye de NS+BH 06.10.2005, ce qui correspondrait selon le site à une visite en Libye en octobre 2005 de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur et de Brice Hortefeux, un de ses proches collaborateurs.
La note indique qu'ont été à cette occasion réglées les modalités de financement de la campagne de M. Sarkozy. – AfricaLog avec agence