Lettre de l’opposition au Président Alpha Condé. «Nous sommes obligés de faire le constat de l’échec des discussions interpartis organisées au Palais du Peuple», tel est le constat fait par l’opposition du contenu du «rapport du Cadre de Dialogue Politique Inclusif (CDP) tenu du 27 Décembre 2011 au 22 Février 2012 au Palais du Peuple dans la salle des actes».
La remarque est faite dans une lettre que nous annoncions dans l’article précédent et dont copie est parvenue à la rédaction d’AfricaLog.com.
Correspondance dont nous vous proposons le contenu dans son intégralité. Les mises en forme sont de la rédaction:
«Les leaders de l’A.D.P et du Collectif des Partis Politiques pour la Finalisation de la Transition
A Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat
Conakry
Monsieur le Président,
Nous avons reçu par l’intermédiaire de nos représentants le rapport du Cadre de Dialogue Politique Inclusif (CDP) tenu du 27 Décembre 2011 au 22 Février 2012 au Palais du Peuple dans la salle des actes.
Après une étude minutieuse des résultats auxquels ce dialogue a abouti, nous sommes obligés de faire le constat de l’échec des discussions interpartis organisées au Palais du Peuple. Le rapport final du dialogue n’est qu’un constat de profondes divergences sur les questions fondamentales liées à la tenue d’élections qui seraient acceptées de tous.
L’échec du dialogue est en grande partie imputable à la méthodologie utilisée par le Comité de Médiation. Ce Comité s’est limité à identifier, inventorier et formaliser les points de désaccords qui existaient déjà entre la Mouvance présidentielle et l’Opposition.
Ces points de désaccords portent notamment sur:
1- La révision du fichier électoral : (Audit du fichier électoral, cogestion du fichier, etc…)
2- La restructuration de la CENI (Respect de la parité, restructuration ou recomposition, départ du président et des commissaires en délicatesse avec la justice, reprise des actes par la CENI, reprise des démembrements de la CENI, réaménagement des CARLE, question des Conseils Communaux dissouts, mise en place d’un comité de suivi et évaluation etc.)
3- Le chronogramme (date ou période ; audit et choix de l’auditeur ; révision et choix du prestataire, etc.)
Les points de convergences ne pouvaient faire l’objet d’aucune discussion dans la mesure où ils concernaient des dispositions constitutionnelles telles que le respect de l’autorité de l’Etat, le libre exercice des activités politiques, le libre accès des Partis Politiques de l’opposition aux médias publics, la neutralité de l’administration et de la CENI, etc.
Malheureusement nous sommes informés que la CENI, ignorant volontairement les conclusions de ce dialogue politique, continue sa fuite en avant en effectuant des opérations unilatérales qui aggravent le déficit de confiance qu’elle inspire et altèrent davantage sa crédibilité quant à sa capacité à organiser des élections justes et transparentes. Il en est ainsi des activités actuelles de la société Waymark substituée à la Sagem dans le cadre d’un marché de gré à gré, du paramétrage de nouveaux kits pour une opération de recensement général à la place de la révision du fichier comme prévu par le code électoral, de la reconduction des CARLE et des démembrements actuels de la CENI à l’intérieur du pays bien que leur composition révèle, de l’avis même des membres de la mouvance présidentielle, une sous-représentation manifeste de l’opposition, etc.…
Etant donné que l’A.D.P et le Collectif, initiateurs du dialogue, n’ont enregistré de votre part aucune réaction à ce jour, nous venons par la présente nous enquérir de votre sentiment personnel sur les recommandations formulées à l’endroit des autorités publiques et des Partis politiques dans le rapport final du CDPI.
Ce document insistant particulièrement sur la promotion de l’esprit du dialogue, nous vous saurions gré des initiatives diligentes que vous pourriez prendre dans le but de nous permettre de trouver ensemble les voies et moyens susceptibles de surmonter les obstacles très sérieux à l’obtention d’un consensus politique afin de préserver la paix sociale dans notre pays.
Nous restons convaincus qu’en tant que Président de la République et garant de la stabilité du pays, vous serez réceptif à cet appel et œuvrerez efficacement à la mise en place de mécanismes efficients pour rapprocher les positions sur des questions essentielles en vue d’organiser, dans les meilleurs délais, des élections crédibles qui mettraient fin à la transition en cours depuis plus de deux ans.
Dans l’attente d’une réponse positive, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, l’expression de notre très haute et respectueuse considération.
Conakry, le 14 mars 2012
Pour l’ensemble des partis politiques membres de l’A.D.P et du Collectif des Partis politiques pour la finalisation de la transition:
Lansana Kouyaté, PEDN
Aboubacar SYLLA, UFC
Sidya TOURE, UFR
Cellou Dalein DIALLO, UFDG»