Les Bissau-Guinéens votaient dimanche au premier tour de la présidentielle anticipée opposant neuf candidats pour la succession de Malam Bacaï Sanha décédé en janvier, avec l'espoir de voir leur pays s'ancrer dans la stabilité.
Le scrutin est considéré comme un test important pour ce pays de 1,6 million d'habitants, qui a enregistré des progrès économiques durant la présidence Sanha, mais dont le développement a été entravé par une succession de coups de force militaires et de violences.
Cette instabilité chronique est renforcée par les trafiquants de drogue qui l'utilisent comme point de passage entre l'Amérique du Sud et l'Europe.
De 07H00 à 17H00 (locales et GMT), quelque 593.000 électeurs sont appelés à voter dans 13.660 bureaux à travers le pays. Les militaires et paramilitaires se sont déjà rendus aux urnes jeudi.
Dans le centre de Bissau, peu d'électeurs étaient présents, contrairement à des quartiers de banlieue où l'affluence était plus visible.
Selon des radios privées locales, le vote a commencé généralement à l'heure dans la région de Gabu (extrême est), un des trois grands bassins électoraux avec Bissau et Bafata (est).
"Les électeurs viennent au compte-gouttes, mais dans la journée, ça va aller", a affirmé Malamino Sano, président du bureau de vote numéro 24 de Chao de Papel au centre de Bissau, installé sur la véranda d'une maison particulière.
"Ce vote est très important pour moi et pour mon pays", déclare Victor Bessante, ouvrier de 56 ans, après avoir voté au bureau numéro 30, sans préciser son choix.
Jaime Antonio Lopes, 64 ans, démarche lente et corps tremblant, s'est présenté lui dans un autre bureau du centre. Après vérification de son identité, il lui a été remis une enveloppe et le bulletin unique, une feuille blanche avec les photos et couleurs des candidats.
"Moi, je suis venu voter parce que le pays a besoin de tranquillité. Je suis malade, il faut que le pays soit tranquille pour que je puisse me soigner", dit cet électricien à la retraite.
"Cadogo" favori
Il a fait son choix derrière un isoloir en carton, puis est venu glisser son enveloppe dans une urne transparente. Sa carte d'électeur plastifiée a été perforée et il a trempé un doigt dans l'encre indélébile.
Parmi les neuf candidats, un des favoris est l'ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior, 62 ans, chef du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC, au pouvoir), surnommé "Cadogo".
Sa candidature a provoqué des mécontentements au sein du PAIGC, dont deux responsables se présentent en indépendants.
L'un d'eux, le député Serifo Nhamadjo, est donné bien placé, de même que les ex-présidents Kumba Yala, 59 ans, du Parti de la rénovation sociale (PRS, opposition) et Henrique Rosa, 66 ans, sans étiquette.
Ils se sont tous déclarés sûrs de succéder à Malam Bacaï Sanha, élu en juillet 2009 pour un mandat de cinq ans et décédé de maladie en janvier.
Les appels à un scrutin calme et au respect des résultats se sont multipliés dans la communauté internationale ainsi qu'en Guinée-Bissau même, une ex-colonie portugaise ayant connu depuis son indépendance en 1974 des coups d'Etat, putschs avortés, mutineries et violences dans lesquelles l'armée a joué un rôle majeur.
Samedi, le ministre de l'Intérieur Fernando Gomes a assuré que le gouvernement avait pris toutes les dispositions pour assurer la sécurité pendant et après l'élection, mission confiée à une force spéciale mixte police-armée encadrée par des officiels de l'ONU. – AfricaLog avec agence