Le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte qui a pris le pouvoir le 22 mars, a appelé les Occidentaux à intervenir militairement dans le nord du Mali, contre les groupes islamistes armés mais la France estime qu'il n'y a pas de «solution militaire» aux revendications des Touareg au Mali et que les pays voisins doivent contribuer à une solution politique, a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.
«Il n'y aura pas de solution militaire pour les Touareg», a déclaré le ministre, invité par l'Association de la presse anglo-américaine à Paris.
«C'est une solution politique qu'il faut», a ajouté M. Juppé, précisant que la Communauté économique des États d'Afrique l'Ouest (CÉDÉAO), ainsi que l'Algérie et la Mauritanie devaient y contribuer.
«Il faut que la junte (qui a pris le pouvoir après un coup d'État le 22 mars, NDLR) s'écarte et que, soit le président de l'Assemblée nationale malienne soit quelqu'un d'autre, prenne le pouvoir constitutionnel et que ce pouvoir soit aidé pour stopper l'avance d'AQMI», a-t-il ajouté.
Pour stopper la progression dans le nord du pays des rebelles touareg, dont certains sont alliés à al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et aider les autorités légitimes de Bamako, le ministre a précisé qu'une force d'intervention de la CÉDÉAO pourrait bénéficier d'un soutien logistique de la France.
Les chefs d'état-major de la CÉDÉAO se sont réunis jeudi matin à Abidjan pour étudier l'éventuel déploiement d'une force militaire régionale déjà en alerte afin de faire face à la crise au Mali.
«Nous soutenons tous les efforts de la CÉDÉAO, y compris les préparatifs d'une action militaire», a déclaré pour sa part le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Bernard Valero, lors d'un point-presse jeudi.
Profitant du putsch de Bamako, les rebelles touareg et des islamistes, parmi lesquels des éléments d'AQMI, ont pris en fin de semaine dernière le contrôle des trois principales villes du nord du Mali, Kidal, Gao et Tombouctou, sans rencontrer de résistance de la part d'une armée malienne sous-équipée et désorganisée, coupant de fait le pays en deux.
M. Juppé a qualifié jeudi de «surréaliste» l'idée d'un envoi de troupes françaises au Mali.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté mercredi une déclaration sur le Mali demandant aux rebelles de «cesser immédiatement» les hostilités dans le nord du Mali et exprimé son soutien aux efforts de la CÉDÉAO pour rétablir le gouvernement légitime à Bamako.
Le président français Nicolas Sarkozy a qualifié jeudi de scandale le renversement d’ATT, soulignant que la France était extrêmement préoccupée par la situation sécuritaire, et a exigé des mutins de revenir à un processus constitutionnel.
Mais il a réaffirmé que la France n'entendait pas intervenir militairement. Ce sont des pays indépendants, la France ne peut envisager quelque intervention que cela soit sans que les puissances de la région n'aient essayé avant d'apaiser les choses et sans que les Nations unies n'aient été saisies, a-t-il estimé.
Il a noté que Paris encourageait la (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest) Cédéao à intervenir pour apaiser les tensions.
Nous sommes aux côtés de nos amis, nous nous tenons très informés de la situation, et c'est très compliqué puisqu'il semblerait qu'Aqmi et les touareg s'opposent maintenant, a souligné M. Sarkozy. – AfricaLog avec agence