Au lendemain de la démission officielle du président Amadou Toumani Touré, renversé par des putschistes le 22 mars dernier, la Cour constitutionnelle du Mali se réunissait lundi pour déterminer la prochaine étape du retour à l'ordre constitutionnel dans le pays.
Vendredi soir, le chef des putschistes, le capitaine Amadou Haya Sanogo, avait accepté sous l'intense pression de la CEDAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) de céder le pouvoir à un gouvernement civil après la démission officielle du président. Amadou Toumani Touré, qui se terre depuis le coup d'Etat, est réapparu dimanche soir pour signer sa lettre de démission devant les caméras de la télévision d'Etat et de France-24, invitées dans une de ses cachettes, une villa du quartier ACI 2000 de Bamako.
L'accord signé vendredi soir par les putschistes avec la CEDEAO prévoit que s'applique l'article 36 de la Constitution malienne. Ce dernier prévoit qu'en cas d'empêchement du président, le président de l'Assemblée nationale assure l'intérim avant l'organisation d'élections dans les 40 jours. L'accord précise toutefois que compte tenu de la situation dans le nord du Mali, dont l'insurrection touareg a pris le contrôle ces derniers jours, ce délai pourrait être prolongé.
Reste que seule la Cour constitutionnelle peut déterminer si l'article 36 doit s'appliquer et le ministre ivoirien de l'Intégration africaine, Adama Bictogo, a confirmé lundi que l'instance se réunissait pour rendre sa décision.
Une fois que la cour aura confirmé la vacance du pouvoir, le président de l'assemblée nationale sera investi comme président par intérim. S'ouvrira alors une période de transition jusqu'à la tenue des nouvelles élections.
On ignore encore quel rôle jouera la junte militaire dans cette transition. Des soldats de la base militaire de Bamako devenu depuis deux semaines le siège effectif du pouvoir se disaient mécontents que leur chef ait cédé à la pression de la CEDEAO.
Les militaires contrôlent toujours des points stratégiques de la capitale, notamment des barrages routiers à l'aéroport et devant le siège de la télévision d'Etat.
Autre facteur de complication, le président de l'Assemblée nationale Dioncounda Traoré n'est pas considéré comme une personnalité consensuelle. Dioncounda Traoré, qui se trouvait au Burkina Faso lors du coup d'Etat du 21 mars, est rentré samedi soir au Mali, mais on ignore s'il aura la capacité de rassembler le pays pour mener à bien cette difficile transition.
Les putschistes affirment qu'ils voulaient dénoncer la façon dont le président Touré a fait face à l'insurrection touareg. Sa popularité avait chuté à cause de son manque de fermeté devant les attaques croissantes des rebelles qui ont infligé de lourdes pertes à une armée malienne sous-équipée.
Les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azaouad (MNLA) ont lancé le 17 janvier dernier un nouveau soulèvement dans le nord du pays. Le MNLA revendique l'autonomie de la région de l'Azaouad, foyer traditionnel des nomades touaregs.
Profitant de la confusion créée par le coup d'Etat, les insurgés se sont emparés le week-end dernier des trois plus grandes villes du Nord, Kidal, Gao et Tombouctou. Vendredi, ils ont proclamé unilatéralement l'indépendance de la nation Azaouad.
La partition de facto du pays a accentué encore la crise malienne. D'autant que l'insurrection touareg est partagée entre différentes factions, dont le groupe islamiste Ansar Dine, qui a déjà annoncé l'imposition de la charia, la loi islamique, à Tombouctou, ville inscrite au patrimoine mondial de l'Humanité et bastion historique de l'islam éclairé. AfricaLog avec agence