«Nous vous prions de bien vouloir désigner deux représentants de votre groupe pour participer à l’envoi du matériel du recensement sur les sites pour compter du 10 Avril 2012 », c’est l’adresse de Louncény Camara, Président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), au «Représentant du groupe des partis politiques de l’opposition.» Sans trop de précisions, comme constaté sur le document reçu par AfricaLog.com. Toute chose qui fait croire que la CENI envisage une reprise intégrale du recensement des électeurs, contrairement aux dispositions du Code électoral en la matière et à la volonté du Président de la République, dans sa déclaration du 18 juillet 2011, dans laquelle Alpha Condé s’est dit favorable à une révision du fichier électoral.
Mais le courrier No 119 du 8 avril, indique que le président de l’institution chargée des élections et du Référendum en Guinée s’apprête à un recensement intégral des électeurs plutôt qu’à une révision du fichier électoral de 2010. Un membre du Front d’Union pour la démocratie et le progrès (FDP) de Mamadou Baadikko Bah confirme avoir reçu une copie de cette lettre, mais a promis que le parti n’enverra aucun de ses délégués sur le terrain pour la dite opération. Un confrère de la place rapporte qu’un membre de la CENI a dit, entre autres: «La vérité, c’est que nous allons vers un recensement. Mais personne n’ose le dire. Ni le président Alpha Condé, ni le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, ni le président de la CENI». Le commissaire de la CENI aurait aussi déclaré que l’Audit du fichier qui a été récemment fait par trois experts, indique que celui-ci est disponible et serait apte à permettre l’organisation des élections législatives. Le fichier compterait près de 4 millions d’électeurs avec plus de 400 doublons.
Notre source argue que la CENI peut procéder à une révision du fichier électoral à la place d’une reprise intégrale du recensement des électeurs, à l’image de la Côte d’Ivoire dont les électeurs sont partis aux urnes lors des scrutins présidentiel et législatif avec le même fichier. Le Sénégal qui vient d’élire son nouveau Chef d’Etat, est en train de réviser le sien pour les prochaines élections législatives. En Guinée, seize mois après l’investiture du Président Alpha Condé, la CENI peine à organiser les élections législatives qui doivent marquer la fin de la transition, entamée depuis la dernière semaine de 2008, à la suite de la mort du Président, Général Lansana Conté le 22 décembre 2008.
L’on rappelle que le 18 juillet 2011, Alpha Condé parlant de ce scrutin avait promis aux Guinéens et au monde en ces termes: «Comme je me suis déjà engagé, cette élection aura lieu, si Dieu le veut bien, avant la fin de cette année (2011 Ndlr)». Il avait alors instruit Alhassane Condé, son ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation à «engager, sans délai, un dialogue avec tous les acteurs de la vie politique et du mouvement social. L’objectif de ce dialogue, avait-il dit, est de créer une plate-forme en vue de dégager un minimum de consensus sur les meilleurs moyens pour organiser une élection législative équitable, transparente et crédible»
Le président avait aussi invité les leaders politiques, syndicaux ainsi que ceux de la société civile à œuvrer ensemble pour le renouveau de la Guinée.
Mais ce dialogue qu’il a appelé n’a pu s’ouvrir qu’en fin 2011 pour s’achever à la fin février 2012 sans aboutir à des résultats consensuels devant permettre l’organisation des élections législatives pour la mise en place d’une Assemblée nationale qui remplacera le Conseil national de la transition, CNT.
Durant le dialogue, la CENI avait été appelée à suspendre ses activités. Et en début mars dernier, Louncény Camara a proposé la date du 8 juillet prochain pour l’organisation du scrutin tant attendu. L’opposition a estimé que cette date, proposée sans consultation préalable des acteurs politiques qu’elle renferme, est irréaliste. Elle estime que le mois de novembre, serait plus réaliste.
Mais, en attendant l’harmonie des points de vue sur le chronogramme des élections législatives entre le pouvoir et l’opposition, la CENI continue ses activités. Le mardi 10 avril, elle a publié la liste définitive des opérateurs de saisie. Mais plusieurs jeunes qui ont été formés pour l’opération n’ont pas retrouvé leurs noms sur la liste qui a été affichée. Ils entendent protester.
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