Ce 18 avril, quatre commissaires de la CENI, (Mamie Sia Tolno, El Hadj Boubacar Diallo, Abdourahamane Telly Touré, Mamoudou Diallo) se sont réunis pour récuser la date du 8 juillet 2012, fixée par Louncény Camara, le président de l’organe chargé des élections en Guinée. Ils ont également décidé de se «désolidariser de toutes les activités en cours conformes aux dispositions légales et réglementaires, jusqu’au rétablissement des conditions de fonctionnement normal de l’institution conformément à la loi L013 portant CENI et Règlement intérieur.» Ils sont cinq signataires de la déclaration, dont Thierno Seydou Bayo, qui a eu un entretien dans la matinée de ce 18 avril avec le Président Alpha Condé. Lorsqu’il a rejoint les quatre conférenciers, M. Bayo a dit: «Dès que le président de la République a vu ma déclaration, il a voulu avoir une conversation avec nous. Malheureusement, j’ai été le seul à pouvoir se déplacer pour le voir au nom de tous mes amis. Nous nous sommes mis d’accord sur plusieurs choses. Il a pris les devant. Il est pour que tout s’arrange à la CENI. Il a même mis une commission dirigée par Kiridi Bangoura».
Celui-ci, selon l’interlocuteur, doit rencontrer les membres de la CENI en deux phases. Kiridi Bangoura rencontrera d’abord les grognons et puis l’ensemble des commissaires de ladite institution pour «qu’on ait une issue définitive sur cette histoire qui commence à faire mal à toute la Guinée, parce que Louncény Camara se prend pour Dieu le père alors qu’il ne l’est pas.»
Revenant sur sa déclaration du 12 avril qui demande la tenue d’une plénière des commissaires de la CENI dans un bref délai et dont AfricaLog.com a publiée l’intégralité, M. Seydou Bayo indique que le président de la CENI et certains membres du Bureau exécutif n’ont pas voulu l’écouter, alors que l’organe ne peut continuer sa fuite en avant, a-t-il martelé.
Les commissaires de la CENI ont répété leur accusation selon laquelle «la CENI est dirigée de façon unilatérale par M. Louncény Camara, même quand il prétend être assisté par les membres du Bureau.»
Malgré leurs multiples mises en garde contre «cette dérive autoritariste déplorable» qui aurait abouti à la mise à l’écart des autres membres de la CENI de toutes les décisions relatives aux activités. Ils accusent la CENI d’être aujourd’hui réduite à sa plus simple expression. Après la mise en place d’une cellule technique qui agi en lieu et place de la plénière souveraine, en toute violation de la loi, les cinq commissaires qui se sont désolidarisés des activités en cours de la CENI, font croire que «maintenant, ils assistent impuissants à l’affectation controversée des opérateurs de saisie et des maintenanciers, au début de l’acheminement du matériel et des kits d’enrôlement des électeurs dont la fiabilité et la sécurité ont fait l’objet de réserves pertinentes de la part de l’auditeur commis à cet effet.» Et de rapporter que selon l’auditeur, le logiciel AFIS des kits de WAYMARK de consolidation centralisée de données d’impression de cartes, de listes et autres documents électoraux, qui permet surtout d’éliminer les doublons, est encore en phase de développement. Les commissaires de la CENI se seraient basés du rapport d’audit du 29 mars 2012 qui n’est pas encore accessible à la presse. «Quant au rapport final de l’audit déposé à la CENI, il demeure curieusement inaccessible aux commissaires. Nul ne sait si le transfert des données de base alphanumériques et biométriques du fichier SAGEM a pu être réalisé.» Ils poursuivent que les conclusions du rapport préliminaire de l’audit recommandé de façon consensuelle par le dialogue politique inclusif font ressortir entre autres: «1 L’insertion du dernier enregistrement dans la base de données centrales a été faite le « 4 mai 2010» ; 2 l’existence de 3 801 967 personnes enregistrées biométriques valides (photos et empreintes digitales) ; 3 l’intégrité du fichier est intacte. On ignore cependant, s’il existe une possibilité de migration des données de base contenues dans le système SAGEM vers d’autres et vice-versa… »
C’est d’ailleurs leur argument pour récuser les décisions «désinvoltes prises çà et là » dont la fixation de la date des élections législatives au 8 juillet, alors qu’avec tous les calculs minutieusement menés par les partenaires et les partis politiques ont estimé que les élections ne peuvent se tenir qu’au 25 novembre 2012, à la condition que ce soit la révision qui soit faite. «Mais comme Louncény Camara parle du 8 juillet alors qu’il devrait proposer cette date au Président, c’est lui qui reviendra pour dire aux Guinéens et au monde que les élections législatives ne se tiendront pas le 8 juillet, d’autant qu’il veut engager un recensement des électeurs. Une opération qui dure au minimum trois mois, avec un temps d’enregistrement de 15 mn pour chaque électeur et par opérateur», ont souligné les commissaires révoltés.
Lesquels ont appelé le Président de la République, les institutions républicaines, les partis politiques et la société civile, pour leur implication diligente dans la résolution de la crise qui affecte la CENI. Mais avec la rencontre entre le président Alpha Condé et Thierno Seydou Bayo de la CENI, la demande de départ de Louncény Camara à la tête de la CENI par la société civile et par l’opposition politique lors de ces manifestations, on pourrait estimer que M. Louncény Camara est sur une pente glissante.
AfricaLog.com