Les deux finalistes de l'élection présidentielle française Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont très violemment affrontés mercredi lors d'un débat télévisé tendu, voire électrique, qui ne semble pas avoir permis à l'un ou l'autre de prendre un avantage décisif.
Le président sortant, le conservateur Nicolas Sarkozy, en retard dans les sondages sur son adversaire socialiste, espérait marquer des points au cours de ce face-à-face, le seul organisé avant le second tour de l'élection, dimanche prochain.
Les joutes ont porté sur les principaux sujets discutés: style de la présidence, économie, immigration, énergie nucléaire. Les accusations de mensonges et de calomnies ont volé à plusieurs reprises autour de la table autour de laquelle les deux hommes étaient installés.
«Vous mentez», a ainsi lancé Nicolas Sarkozy lorsque François Hollande a affirmé qu'il avait fait une politique pour les plus riches. «C'est décidément un leitmotiv qui devrait pour moi être insupportable mais qui dans votre bouche finit par être une habitude», lui a répondu Nicolas Sarkozy.
Devant un décor sobre, tous deux habillés d'un costume noir avec une cravate noire, les deux hommes se sont disputé le thème du rassemblement. «Je veux être le président du rassemblement. Les Français ont été opposés les uns aux autres, divisés, je veux les réunir. C'est le sens du changement que je propose», a déclaré d'emblée François Hollande, que le sort avait désigné pour ouvrir le débat.
Déclaration immédiatement contestée par le président sortant. «J'ai une preuve de cet esprit de rassemblement: il n'y a jamais eu de violence pendant mon quinquennat», a répliqué Nicolas Sarkozy, citant les réformes difficiles qu'il a eu à mener, dont celle des retraites. «Il y a ceux qui parlent de rassemblement, et ceux qui l'ont fait», a-t-il ajouté.
Puis le président sortant a affirmé que son adversaire ne pouvait être un rassembleur puisqu'il a laissé ses proches l'attaquer, le comparer au financier américain Madoff ou assimiler la forme de certains de ses meetings à ceux de l'Allemagne nazie ou du franquisme.
«Monsieur Sarkozy, vous aurez du mal à passer pour une victime», a répondu Hollande avant de dire qu'il condamnait «tous les excès».
Le président sortant a accusé son rival de «mimer» François Mitterrand, le président socialiste élu en 1981, après qu'il eut énuméré toutes les retouches de style qu'il apporterait au «style» de la présidence.
Le candidat socialiste a accusé le président sortant d'avoir participé à des collectes de fonds pour son parti dans un grand hôtel, et indiqué qu'il supprimerait le statut pénal très protecteur dont bénéficie actuellement le président français.
«Vous avez une présidence partiale, partisane», a dit Hollande. «C'est un mensonge», lui a lancé Sarkozy à deux reprises, avant de stigmatiser son «arrogance». «Vous êtes un petit calomniateur», a ajouté le président sortant.
«Monsieur Hollande, vous avez parlé, sans doute pour être désagréable à mon endroit, d'un présidence normale (...) Votre normalité, elle n'est pas à la hauteur des enjeux», a-t-il encore attaqué.
Sur le fond des dossiers, Hollande a attaqué le bilan de son adversaire. «Notre chômage a augmenté, notre compétitivité s'est dégradée et l'Allemagne fait mieux que nous», a-t-il dit.
«L'Allemagne a fait le contraire de la politique que vous proposez aux Français. L'Allemagne a fait la TVA antidélocalisation, elle a fait la règle d'or que vous refusez... Je crains que cet argument ne se retourne violemment contre vous», a rétorqué Nicolas Sarkozy.
Il faisait allusion à la hausse de la TVA qu'il prône pour financer la protection sociale en abaissant parallèlement les charges pesant sur les entreprises. La règle d'or consiste à inscrire dans la Constitution le retour à l'équilibre des finances publiques.
Sur l'immigration et la lutte contre le communautarisme musulman, le socialiste a cherché à donner des gages en assurant qu'il n'y aurait pas de viande halal dans les cantines scolaires et pas d'horaires différenciés pour les femmes dans les piscines.
Il a en revanche confirmé son intention d'introduire le droit de vote des étrangers non-ressortissants de l'UE et d'avoir recours, si besoin, au referendum.
Cet unique débat était diffusé sur une dizaine de chaînes et devait être suivi par 20 millions de téléspectateurs.
Le candidat socialiste est bien placé avec 28,6% des voix au premier tour contre 27,2% au président sortant. Tous les sondages le donnent netttement vainqueur dimanche avec 53 à 54% des suffrages, même si le président sortant est parvenu à réduire un peu l'écart ces derniers jours. – AfricaLog avec agence