C’est la première fois dans l’histoire de la Ve République qu’un président entre à l’Elysée en célibataire. Mais qui est Valérie Trierweiler, sa compagne?
Valérie Trierweiler n’a pas pu voter elle-même hier. C’est une amie qui l’a fait à sa place à Paris, pendant qu’elle accompagnait son homme à Tulle. Elle s’est contentée de le faire savoir publiquement sur Twitter. Car la compagne de François Hollande veut être solidaire et amoureuse tout en gardant son indépendance. Indépendance financière et géographique: cette quadra divorcée dit ne pas vouloir entrer à l’Elysée si ses trois garçons, dont elle a la charge, ne le souhaitent pas.
Indépendance face aux médias: elle veut continuer à pratiquer son métier de journaliste et ne pas devenir une cible, d’où la communication maîtrisée. Les confrères français sont d’ailleurs peu bavards sur celle qui a travaillé de longues années à la rubrique politique de «Paris Match» avant de présenter des émissions politiques sur Direct 8. «No comment. C’est du privé», nous répond sèchement une journaliste parisienne. Le style de la première dame est posé: elle verrouille.
Pourtant, à ce stade déjà se pose un problème que Valérie Trierweiler devra empoigner rapidement: comment concilier vie privée et professionnelle. «C’est l’idéal féministe qui se heurte à la déontologie journalistique. Je n’ai pas de prescription mais la question se pose et elle l’a bien compris. Il faudra que cela soit compatible. Elle n’est d’ailleurs pas la première à incarner l’alliance entre politique et journaliste. On connaît les couples Pulvar-Montebourg, Ockrent-Kouchner ou encore Sinclair-DSK», analyse Annik Dubied, professeur en sociologie à l’Université de Genève. Si elle doit se résoudre à ne plus pratiquer, Valérie Trierweiler pourra en tout cas faire profiter son compagnon de ses expériences. Redoutable alliée du «gentil», elle, qui connaît bien le slogan «le poids des mots, le choc des photos», ne se prive pas de critiquer la stratégie de François Hollande. Mais elle aime l’épauler. C’est elle qui l’a aidé à rédiger son premier discours à Tulle, à l’issue du premier tour.
Elle aussi qui a supervisé le film projeté lors de son investiture et qui commente régulièrement la qualité des interviews de son ami.
Valérie Trierweiler, c’est l’indépendance farouche. Mais un autre terme revient sans cesse pour la qualifier: ambivalence. Elle donne l’image de la Française normale, anonyme, mère divorcée, cinquième d’une famille modeste de six enfants, qui raconte que laver le linge en rentrant des meetings de son chéri lui fait garder les pieds sur terre. Elle donne cette image car ce sont les rares moments privés qu’elle a choisi de distiller dans la presse. Des moments compatibles avec la doctrine socialiste. Sur l’autre versant, des proches la qualifient de volcanique, peu commode, boudeuse, et même parfois intrusive, selon les médias français.
En couple avec François Hollande depuis 2006 – une relation officialisée en 2010 – Valérie Trierweiler n’a pas encore précisé la manière dont elle accomplira son rôle de première dame. Selon Serge Raffy, auteur d’une biographie de François Hollande, «il est parfaitement possible que le nouveau président préfère se rendre seul aux invitations à l’étranger, pour n’avoir pas à affronter le problème que pourrait constituer face au protocole le fait d’être accompagné d’une personne qui n’est pas son épouse».
François Nordmann, ancien ambassadeur de Suisse, relève que «la visite d’un président accompagné par sa maîtresse ne devrait pas poser trop de problèmes. Sauf pour les monarchies. Mais il est toujours possible de parler d’une visite «privée» afin de n’avoir pas à suivre le protocole à la règle». Le couple présidentiel n’en sera ainsi pas vraiment un, pour la première fois en France. Recomposé, indépendant, hors mariage. Sept enfants au compteur pour les deux. Vous avez dit normal? – AfricaLog/Le Matin