A la suite de la marche "pacifique" du jeudi 10 mai 2012, initiée par l’opposition radicale, on a assisté à des cas malheureux de violences enregistrées aussi bien dans les rangs des manifestants que dans celui des forces de maintien d’ordre et du parti au pouvoir à travers les actes de vandalisme sur son siège.
Alors que les leaders de l’opposition avaient appelé à la poursuite des manifestations le lendemain, vendredi 12 mai, le pouvoir, à travers le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a tapé du poing sur la table: «Quiconque, sans autorisation, se permettra de marcher, il trouvera la loi et l’Etat en face de lui».
L’appel n’est pas tombé dans des oreilles sourdes. Pour sauver la face, l’opposition qui, par la voix de Cellou Dalein Diallo disait jeudi, le jour de la marche: «je souhaite que demain [vendredi, ndlr], ça soit plus fort qu’aujourd’hui», va finalement dire qu’elle décrète «une journée ville morte en mémoire des victimes …»
Mais au regard des images de la télévision guinéenne, images qui incriminaient beaucoup plus «les marcheurs pacifiques de l’opposition radicale», il y a eu des interpellations.
En attendant de finir avec la bataille des chiffres entre les deux camps, le Collectif et l’ADP demandent la libération de leurs militants arrêtés lors de la manifestation de jeudi. Ils l’ont exprimé dans une déclaration conjointe dont copie est parvenue à votre site, AfricaLog.com.
Voici le contenu de cette demande de l’opposition à l’endroit du pouvoir:
«Au lendemain de la marche historique du 10 mai dernier qui a connu un succès mémorable malgré les provocations, exactions et arrestations arbitraires exercées par les forces de l’ordre et des loubards du parti présidentiel à l’endroit de manifestants pacifiques, l’opinion nationale et internationale s’attendait à des gestes d’apaisement de la part du pouvoir du Professeur Alpha Condé afin d’initier une dynamique de réconciliation nationale basée sur une reprise d’un vrai dialogue avec l’opposition politique.
Au contraire, l’ADP et le Collectif constatent une véritable fuite en avant des autorités actuelles par une intensification de la répression des militants et sympathisants de l’opposition, particulièrement le long de l’axe Hamdallaye-Bambéto-Cosa réputé abriter majoritairement des populations qui lui sont favorables.
En effet, c’est à une véritable punition collective que se livrent depuis ce matin 11 mai, des bataillons entiers de policiers et de gendarmes qui font irruption dans les concessions, tirent à balle réelle, violentent les habitants, saccagent leurs biens et procèdent à des arrestations brutales de citoyens dont le seul crime est d’habiter des quartiers qui ont favorablement répondu à l’appel de l’opposition de participer à une marche pacifique.
Ces actes cruels et barbares sont d’autant plus inacceptables qu’ils sont consécutifs à l’exercice par des citoyens guinéens d’un droit constitutionnel, que la marche concernée avait été officiellement acceptée et que les manifestants ne se sont à aucun moment écartés de l’itinéraire indiqué par les autorités publiques compétentes.
L’ADP et le Collectif mettent le gouvernement en garde contre de telles pratiques qui contribuent à aggraver les tensions sociopolitiques actuelles et qui conduisent inexorablement notre pays vers une instabilité politique lourde de menace pour la paix civile et la cohésion nationale.
L’ADP et le Collectif exigent l’arrêt total de ces exactions et la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes incarcérées dans le cadre de cette répression.
Tout en réaffirmant leur ouverture à tout dialogue responsable et constructif susceptible de créer les meilleures conditions de délai et de transparence pour les futures élections législatives, l’ADP et le Collectif confirment leur ferme volonté de ne jamais céder à l’intimidation et à la menace dans leur légitime combat pour l’avènement en Guinée d’une véritable ère de démocratie et de prospérité.
Conakry, le 11 mai 2012
L’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) et
Le Collectif des Partis Politiques pour la Finalisation de la Transition»
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